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Optimiser la gestion des fourrages
Sécheresse : les conseils de l'Institut de l'élevage

La sècheresse qui sévit sur la France depuis plusieurs semaines inquiète les éleveurs. Dans certaines régions, le déficit pluviométrique dépasse parfois 50 % (depuis le 1er septembre 2010) avec des conséquences sur la production fourragère de ce printemps. Face à cela, l’Institut de l’Elevage a mis en ligne sur son site internet un dossier spécial "sécheresse 2011" avec un état des lieux national et régional réalisé à partir du dispositif "Réseaux d’élevage" ainsi que des préconisations pour anticiper et réagir dans vos élevages.

 

Ce printemps 2011 est l’un des plus secs et des plus chauds que nous ayons connus depuis 50 ans. Après deux années un peu délicates, avec un automne 2010 relativement sec suivi d’un hiver précoce, les stocks fourragers sont au plus bas dans un grand nombre d’exploitations d’élevage françaises. Il y a donc peu ou pas de stocks de report dans la quasi totalité des exploitations.

Le manque d’eau depuis le milieu de l’hiver, associé à la chaleur, au vent séchant et aux fortes amplitudes thermiques entre le jour et la nuit en avril, ont progressivement ralenti la pousse de l’herbe. Amorcé dès la mi-avril sur les sols les plus séchants et sur les parcelles les plus chargées, le manque d’herbe touche à la mi-mai la quasi totalité du territoire national et le stock d’herbe sur pied est, à quelques rares exceptions près, anormalement faible.

Les rendements d'herbe sur les parcelles fauchées ont été inférieurs de 10 à 60 % par rapport à une année normale.

Pour le maïs,  les conditions climatiques exceptionnelles ont permis des semis très précoces avec le plus souvent de bonnes levées. Mais maintenant, les parcelles commencent à souffrir du sec. En revanche, pour les semis effectués plus tardivement, parfois après récolte des dérobées, la situation est souvent plus délicate (difficultés pour préparer les lits de semences voire pour labourer) et les levées sont souvent aléatoires. La pluviométrie des prochaines semaines sera déterminante pour les rendements des maïs y compris dans les régions où l’irrigation est habituelle parce que des restrictions concernant l’utilisation de l’eau se mettent en place.

Face à cette situation exceptionnelle, les éleveurs sont encore indécis sur les stratégies à mettre en œuvre pour augmenter les stocks fourragers. L’ensilage des céréales immatures est propice à la mise en place de dérobées si les conditions climatiques le permettent. De nombreux éleveurs ont commencé à prendre des contacts pour l’achat de foin et de paille. Mais, les quantités disponibles risquent d’être limitées et les prix sont déjà élevés. Les rendements en paille des céréales sont estimés au deux tiers de la normale dans de nombreuses régions. Dans de nombreux départements des organisations collectives se mettent en place pour organiser ce type d’approvisionnement. L’échange de fumier contre de la paille est très souvent évoqué pour réduire les sorties de trésorerie. La récolte de paille de colza ou de pois est assez facile à mettre en œuvre soit pour alimenter directement les animaux dans le cas du pois soit pour remplacer la paille de céréales dans la litière dans le cas du colza. Mais les pois, comme toutes les cultures de printemps, sont fortement touchés par la sécheresse et produiront très peu de fanes.

L'Institut de l'élevage préconise sept actions pour optimiser la gestion des surfaces fourragères. En voici un résumé :

Conseil n° 1 : ne pas gaspiller l’herbe

Pour les éleveurs menant leur troupeau en pâture, il convient de bien valoriser toute l’herbe disponible et de ne rien gaspiller. L’objectif est un pâturage homogène et sans refus en optant préférentiellement pour un pâturage tournant.

Conseil n° 2 : attention à ne pas dégrader les prairies

Lorsque l’on râpe trop les prairies, les repousses sont compromises, ce qui pénalise encore un peu plus la situation.

Conseil n° 3 : faucher rapidement

Les éleveurs ont eut tout intérêt à faucher précocement car, non seulement les stocks seront de meilleure qualité mais surtout les prairies, moins épuisées par la montée en grains, vont réagir beaucoup plus vite à la pluie lorsqu’elle reviendra. Attention toutefois à ne pas faucher trop bas, même si l’on est tenté de le faire pour augmenter le rendement.

Conseil n° 4 : fertiliser de façon raisonnée pour renforcer la résistance des prairies au déficit hydrique

Conseil n° 5 : reconstituer des stocks en mettant en place des cultures complémentaires

Il est un impératif dans la majorité des exploitations de reconstituer des stocks en mettant en place des cultures complémentaires.

Sur le plan des cultures, plusieurs options adaptées peuvent être envisagées :

  • ensiler les céréales là où c’est encore possible. L’intérêt est double. Il permet de reconstituer des stocks immédiatement et le cas échéant de faire la soudure. D’autre part cela permet aussi de tenter l’implantation d’une dérobée, d’un sorgho fourrager voire d’un maïs (plutôt précoce) ou d’un sorgho en espérant bien évidemment que la pluie revienne dans les semaines suivantes. Attention car, en élevage caprin, l’ensilage de céréales immatures n’est conseillé qu’au stade optimal, sinon, il est préférable de récolter la paille et le grain à maturité. Si le grain est quasi absent, il est conseillé de faire du foin de céréale immature à la place de l’ensilage
  • miser sur des cultures à croissance rapide à l’automne, après céréales ou prairies temporaires déjà âgées et en baisse de productivité
  • dans tous les cas, l’implantation de dérobées dès cet été ou cet automne après céréales ou prairies est une solution à privilégier.

Conseil n° 6 : allonger la période de pâturage cet automne et au printemps suivant

Conseil n° 7 : se méfier des fausses bonnes idées

Le retournement des prairies plus ou moins âgées pour y faire un maïs ou un sorgho grain voir sucrier n'est pas forcement un bon choix. Certes si la pluie revient, on peut espérer un rendement de l’ordre de 8 à 12 t/ha de MS mais derrière cette culture, la seule possibilité sera d’implanter une céréale et ce sera autant de surfaces en moins à pâturer cet automne et cet hiver.

 

L’Institut de l’élevage propose aussi de substituer la paille de la litière par d’autres matériaux (voir le tableau ci-dessous).

La sciure, les copeaux, l’écorce ou les bois déchiquetés sont de plus en plus souvent utilisés pour la production d’énergie et risquent donc d’être moins disponibles. Pour les autres, dans un contexte de pénurie de paille, la question n’est pas de déterminer quel est le meilleur matériau de litière, car c’est à l’évidence la paille de céréales, mais plutôt de définir les conditions dans lesquelles d’autres produits seraient utilisables sans trop de risques. Il faut donc envisager la combinaison des matériaux avec les principaux modes de logement.

Retrouver l'article complet sur le site de l'Institut de l'élevage.

Retrouvez les préconisations de l'Institut de l'élevage pour anticiper et réagir dans vos élevages.

La situation région par région

L'Institut de l'élevage a fait le point sur la sécheresse pour six grandes régions :

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