Pourquoi l’exosquelette n’est pas une solution miracle pour les élevages laitiers ?
Encore peu utilisé en élevage caprin, l’exosquelette promet un allégement des tâches physiques à la traite. Cependant, les premiers retours en élevage bovin laitier pointent surtout les limites de l’outil.
Encore peu utilisé en élevage caprin, l’exosquelette promet un allégement des tâches physiques à la traite. Cependant, les premiers retours en élevage bovin laitier pointent surtout les limites de l’outil.

L’exosquelette promet d’alléger les tâches physiques des éleveurs et de prévenir les troubles musculosquelettiques mais son efficacité reste à prouver sur le terrain. Lors d’un webinaire organisé par la MSA, l’Anact et le RMT Travail en agriculture, plusieurs intervenants ont partagé les résultats de tests menés en production animale, soulignant à la fois les intérêts et les limites de ces dispositifs.

Bénédicte Auboin, conseillère à la chambre d’agriculture de Seine-Maritime, a présenté les résultats d’une expérimentation d’exosquelettes dans des salles de traite. L’objectif était de réduire les efforts liés à la posture, particulièrement pour la pose des faisceaux trayeurs. Christelle Van Den Bossche, éleveuse de vaches laitières en Normandie et participante aux tests, a témoigné de son expérience : « J’étais motivée pour essayer, pensant que cela soulagerait mes épaules lors de la traite. Au début, c’était effectivement agréable, mais après un mois d’utilisation, je ressentais un soulagement plus important en retirant l’exosquelette qu’en le portant. » Le principal problème relevé concerne les réglages fréquents, surtout lorsque plusieurs personnes de gabarits différents utilisent le même équipement. De plus, les conditions de travail spécifiques à la salle de traite (saleté, éclaboussures) rendent le nettoyage et l’entretien complexes.
Optimiser d’abord le poste de traite
« Mon kiné m’a montré quelques exercices pour me muscler les épaules et je fais ces exercices systématiquement le matin avant de commencer la traite », détaille Christelle Van Den Bossche. Pour l’éleveuse, cet échauffement et l’utilisation d’un plancher mobile sont aussi efficaces en prévention que l’exosquelette. Les intervenants ont aussi rappelé l’importance de tester ces équipements en situation réelle et sur une période suffisamment longue avant de s’équiper.

Les témoignages ont ainsi mis en lumière que l’exosquelette n’est pas une solution miracle. Comme le souligne Isabelle Crenn, médecin du travail à la MSA du Finistère, il est crucial d’accompagner l’utilisation de ces dispositifs par un suivi médical et des ajustements ergonomiques. « Un test à long terme est indispensable pour éviter des douleurs secondaires liées à une mauvaise utilisation ou à des réglages inadéquats. »
Enfin, l’acquisition d’un exosquelette doit s’inscrire dans une démarche plus globale d’amélioration des conditions de travail. Les intervenants ont unanimement recommandé de prioriser l’optimisation des postes de travail avant de se tourner vers ces coûteux équipements.