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La P’tite chèvrerie reconvertit mère et fille

Depuis un an, La P’tite chèvrerie de Joëlle Mennesson, ancienne factrice fraîchement reconvertie, mise sur la vente directe et la transmission familiale.

Mère et fille travaillent déjà ensemble sur l'exploitation. © M.-A. Batut
Mère et fille travaillent déjà ensemble sur l'exploitation.
© M.-A. Batut

À Nouzerines, à la frontière entre la Creuse et l’Indre, Joëlle Mennesson a trouvé son petit paradis pour réaliser un rêve de jeunesse : devenir éleveuse de chèvres. Cette ancienne factrice de 46 ans, a entraîné sa fille dans sa reconversion.

Transmission de passion entre mère en fille

Après un an de formation BPREA au CFA de Vendôme et 40 000 euros d’investissements, principalement pour la construction de la fromagerie de 70 mètres carrés, Joëlle s’installe et démarre officiellement son activité en juillet 2015. Elle débute avec un troupeau de 32 chèvres pleines, des Saanens et des Alpines pour la plupart. Durant ces stages, elle a transmis sa passion à sa fille Marie, 17 ans, qui l’accompagnait dans les élevages dès qu’elle le pouvait. La jeune fille a vite été prise de la même passion que sa mère, « j’ai tout de suite aimé les chèvres et j’ai su rapidement que j’aimerais aussi en faire mon métier plus tard ».

Une éleveuse comme un autre

Ses chèvres ayant mis bas en août, elle produit et vend ses premiers fromages en septembre 2015. Pour Joëlle, être une femme n’a pas été un frein à son installation et dans le début de son activité, elle ne sent pas différente ou handicapée par sa féminité. Elle estime être « une éleveuse comme un autre ». Courant 2015, la future éleveuse avait acquis, pour 85 000 euros, une ferme composée d’un bâtiment d’habitation, d’un bâtiment de 66 mètres carrés comportant une chèvrerie et une salle de traite avec en plus 2,9 hectares de terrain. Au début de sa prospection, Joëlle cherchait plutôt à acheter dans le Cher, sa région d’origine, mais les prix l’ont rapidement rebutée et en élargissant ses recherches elle est vite tombée amoureuse de la Creuse en visitant cette ferme à Nouzerines.

Un projet partagé entre la mère et la fille

Joëlle a des projets pour l’avenir. Elle veut agrandir le troupeau de laitières, ce qui va bientôt être le cas avec les 18 chevrettes de 18 mois, les cinq de trois mois et les deux boucs pour la reproduction. Un bâtiment de 250 m² avec une aire de détente est en cours de construction pour accueillir les nouvelles venues. Elle a aussi investi dans une vitrine réfrigérée pour les marchés et un véhicule de transport.

Elle a de quoi vouloir miser sur le futur, car sa fille souhaite vivement « récupérer la ferme » quand Joëlle sera à la retraite. La jeune fille est actuellement en formation au CFA d’Ahun et en apprentissage dans un élevage de 250 bêtes à Lassay-sur-Crosne dans le Loir-et-Cher. En attendant de reprendre l’affaire familiale, Marie est déjà d’une aide précieuse. Lors de ses jours de congé, elle aide à la traite ou à la fabrication du fromage.

Une petite production vendue en direct

La production de l’éleveuse varie entre 30 et 75 litres par jour. 90 % de ses fromages, fabriqués sur place, sont écoulés en vente directe, à la ferme, sur les marchés et les foires pendant la saison touristique. Elle fournit aussi « La bonne Auberge » dans le village à côté et quelques épiceries. Son conjoint qui l’aide sur l’exploitation est salarié pour faire 2 à 3 marchés par semaine. À côté, il exerce divers métiers : chauffeur-livreur, soudeur, etc.

« Pour diversifier sa production », elle fabrique des fromages enrobés d’épices, persillades, tomates séchées, piment, échalotes… « C’est un produit qui marche très bien sur les marchés surtout en saison touristique » apprécie Joëlle. Ces fromages lui permettent d’améliorer ses bénéfices ; pour la même quantité de lait, elle peut les vendre 20 centimes de plus.

Congé longue durée sans solde auprès de La Poste

Elle écoule chaque jour toute sa production. En moyenne, elle vend pour 4 000 euros de fromages par mois avec des prix variant de 15 centimes pour des petits bouchons à 3,40 euros pour de grosses pyramides.

L’éleveuse arrive ainsi à se dégager un salaire mensuel d’environ 800 euros. Pour Joëlle « l’activité est bien lancée » et elle est confiante pour l’avenir. Mais, pour garder un filet de sécurité « au cas où je tombe malade ou si j’ai un accident qui m’empêche de m’occuper du troupeau », elle est seulement en congé longue durée sans solde auprès de La Poste et compte bien le rester pendant 10 ans, le temps maximum autorisé, « de quoi aller presque tranquillement jusqu’à la retraite ».

Après même pas un an de production de fromage, La P’tite chèvrerie de Joëlle semble donc sur la bonne voie et la relève est d’ores et déjà assurée.

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