Sanitaire
La lutte contre la fièvre Q s'organise
La fièvre Q est très contraignante en élevage caprin. Un vaccin est en cours d’évaluation.
Renée de Cremoux, vétérinaire à l’Institut de l’élevage,a rappelé les difficultés de la lutte contre la fièvre Q en raison de la forte résistance de la bactérie dans l’environnement et sa forte capacité de dissémination par voie aérienne. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle Coxiella burnetii, est classée parmi les dix agents potentiels pour l’élaboration d’armes biologiques. Si les ruminants sont considérés comme un des principaux réservoirs de la fièvre Q, celle-ci peut également toucher l’homme mais passe le plus souvent inaperçue. Elle peut conduire à des formes aiguës se manifestant par des syndromes grippaux, voire des hépatites, des pneumopathies ou des avortements.
Actuellement, en cas de mise en évidence de fièvre Q clinique (contexte d’un épisode abortif) les éleveurs sont amenés à pasteuriser le lait du troupeau. Cette importante contrainte réglementaire évoluerait dans les années à venir puisque la DGAL a demandé l’an dernier à l’Acersa de proposer un plan de maîtrise de la fièvre Q dont la mise en oeuvre en élevage constituerait une alternative à l’application de l’actuelle réglementation. Pour cela, un groupe d’experts travaille à définir ce qu’est un troupeau atteint de fièvre Q clinique, en s’appuyant sur les méthodes d’analyse dites de PCR quantitative développées ces dernières années. Il restera ensuite à évaluer et hiérarchiser les mesures sanitaires et médicales applicables telles que l’antibiothérapie et la vaccination. Dans ce domaine, une étude pilotée par l’Anicap a été initiée en Poitou-Charentes pour évaluer l’efficacité du vaccin Coxevac sur la dynamique de l’infection (fréquence des nouvelles infections et évolution de l’excrétion).
Evalué en situation expérimentale sur des animaux sains, ce vaccin semble prometteur. Les essais en cours permettront d’apprécier son efficacité sur le terrain dans des exploitations où un épisode abortif aura pu être attribué à Coxiella burnetii et dans lesquelles tout ou partie des animaux auront donc été en contact avec la bactérie. Au delà de cette étude, l’efficacité des mesures sanitaires indispensables à la maîtrise de la fièvre Q demanderait également à être quantifiée. La route risque par conséquent d’être longue avant que la fièvre Q ne soit plus un souci…