Gardez l’œil sur vos animaux
Refus, production laitière, note d’état corporel et fèces sont à suivre en priorité pour piloter l’alimentation du troupeau. Un atelier le rappelait lors de la journée technique Cap’Vert de septembre dernier.
Pour piloter la conduite alimentaire du troupeau caprin, le rationnement ne suffit pas. L’observation des animaux reste essentielle pour valider cette ration. Les études conduites lors du programme Casdar Syscare piloté par l’Institut de l’Élevage ont permis de tester des indicateurs à suivre de près pour alerter l’éleveur. « Un indicateur seul ne se suffit pas lui-même, expliquait Bertrand Bluet de la chambre d’agriculture de l’Indre en introduction d’un atelier sur le sujet lors de la journée technique Cap’Vert du 28 septembre à l’Inra de Lusignan dans la Vienne. Si les indicateurs bougent, cela doit inciter à agir. »
Réagir rapidement en cas de chute des taux
Les variations d’ingestion et donc du refus sont à suivre de près. « Une ration calculée sur le papier n’a d’intérêt que si tout est ingéré » remarque Bernard Poupin d’Atlantic conseil élevage 17-85. Dans un système basé sur le foin, il est important de quantifier et apprécier les refus. « On a tendance à surévaluer la quantité de refus mais en fait, cela dépasse rarement les 10 % », observe Bertrand Bluet de la chambre d’agriculture de l’Indre. Les refus s’interprètent aussi en fonction de la qualité de ce qui reste. S’il ne reste que les tiges, on risque peut-être des problèmes de rumination. S’il reste beaucoup de tiges et des feuilles, c’est peut-être du gaspillage. Le tableau ci-contre peut aider à ajuster la distribution de foin de luzerne.
Autre indicateur très surveillé, la production laitière. Une variation, à la hausse ou à la baisse, de plus de 2,5 % en chèvrerie ou de plus de 5 % au pâturage d’un jour sur l’autre doit alerter. Les taux sont aussi à surveiller. Une baisse de TB de 2 à 5 g/l entre deux analyses doit alerter sur le manque de fibrosité physique ou sur le niveau de matière grasse. « Le TP est moins sujet à variation mais on doit s’affoler si on perd plus de 1 g/l », estime Bernard Poupin qui incite aussi à suivre le critère de l’urée. « Si le taux d’urée est à moins de 300 mg/l, on pourrait peut-être avoir plus de lait en fournissant plus de matière azotée. Si le taux dépasse les 500 mg, c’est peut-être de l’azote gaspillé », analyse le conseiller d’Atlantic conseil élevage 17-85 en rappelant que la matière azotée totale doit être comprise entre 15 et 17 % de la ration en pleine lactation.
L’état d’engraissement des chèvres, traduit par la note d’état corporel, est aussi un indicateur essentiel pour piloter les apports alimentaires du troupeau sur la durée d’un cycle de production. La note d’état corporelle se mesure sur deux sites : entre les deux pattes antérieures (note sternale) et sur la ligne de dos (notre lombaire). La cinétique de mobilisation des réserves est différente entre les deux sites. Alain Pommaret de la station caprine du Pradel retrace les évolutions normales de la note d’état : « c’est au tarissement que la chèvre doit être la plus grasse avec une note lombaire de 2,75 à 3. Ensuite, la chèvre va perdre un peu de l’état pour finir d’engraisser les chevreaux qu’elle porte puis de manière plus conséquente pour produire du lait après la mise bas. Environ deux mois après le début de lactation, la chèvre va reconstituer progressivement ses réserves puis plus rapidement en fin de lactation. »
Difficile d’interpréter l’état des crottes
L’observation des crottes est très souvent citée comme critère de pilotage de la ration. Pourtant, le programme Syscare a essayé de croiser l’aspect, la couleur, la présence de fibre ou de grain avec la ration et les affections d’origines nutritionnelles mais sans trouver, hélas, de corrélation ou de recettes miracles transposables. « Ce sont les changements de consistances par rapport à la situation habituelle du troupeau qui peuvent alerter l’éleveur, indique Bertrand Bluet. C’est cette situation habituelle qui diffère d’un élevage à l’autre et que chacun doit identifier. Dans tous les cas la présence de fèces en bouse doit inciter à vérifier la régularité de la distribution de concentrés et fourrages ainsi que l’égalité d’accès des chèvres à l’alimentation ».
En savoir plus
Les 11 fiches compilées en 2012 dans Des indicateurs liés à l’observation des troupeaux pour ajuster le rationnement des chèvres laitières restent essentielles pour affiner le rationnement et ajuster les distributions d’aliments. Le document de 30 pages est à télécharger sur idele.fr.