À Rhenoy en Hollande
Deux mille chèvres bio, un robot et des soins
Aux Pays-Bas, la famille Groeneveld élève plus de 2 000 chèvres biologiques dans un vaste bâtiment équipé d’un robot d’alimentation. Ils accueillent aussi une dizaine de handicapés mentaux.
Aux Pays-Bas, la famille Groeneveld élève plus de 2 000 chèvres biologiques dans un vaste bâtiment équipé d’un robot d’alimentation. Ils accueillent aussi une dizaine de handicapés mentaux.
« J’ai passé toute mon enfance à proximité des agriculteurs, se souvient Kees Groeneveld. Mais je pensais que jamais je pourrais en être un car mes parents n’avaient pas de ferme. Je suis donc devenu infirmier puis, plus tard, je suis entré dans l’administration hospitalière ». Son épouse Astrid a, elle, travaillé pour les personnes handicapées. En 1995, ils quittent leur travail et décident de se lancer dans l’élevage biologique.
Ils achètent 4,5 hectares de terrain autour d’une chèvrerie et d’un hangar. « Il n’y avait pas de maison et nous avons dû habiter dans une caravane au début », se souviennent les deux éleveurs. L’élevage débute avec 150 chèvres laitières mais, un peu plus tard, leur acheteur de lait fait faillite. Ils décident alors de commencer la fabrication de fromage de chèvre lactique et, très rapidement, ils développent l’accueil de handicapés mentaux.
En effet, aux Pays-Bas, les personnes handicapées reçoivent un budget personnel (persoon gebonden budget) qu’ils peuvent utiliser pour organiser leurs soins et leur accompagnement social. Le parcours de santé peut donc se faire avec des prestataires de soins de leur choix, à condition qu’ils soient agréés par le Bureau néerlandais d’aide sociale. Kees et Astrid ont obtenu cette accréditation au bout de trois ans. Les soins fournis aux patients varient selon les cas (toilettes, repas, soins infirmiers, soutien moral, éducation).
Le premier robot Lely dans un élevage caprin néerlandais
La petite entreprise nommée Lingehof grandit au fil des ans. Quand leur fils William veut intégrer la société, l’élevage passe à 400 chèvres. En 2012, ils ont l’opportunité d’acquérir une exploitation avec 19 hectares de terrain à 500 mètres de chez eux. Un endroit idéal pour construire une nouvelle chèvrerie qu’ils imaginent en lien avec des maisons de soins pour les personnes handicapées. La banque les suit et la commune de Rhenoy accepte de changer le zonage afin qu’un complexe de dix appartements puisse être construit à côté des chèvres.
Jobke et Martijn, les enfants de Kees et Astrid, s’occupent de ce nouveau centre d’hébergement. Les dix appartements sont luxueux et spacieux (60 m2 en moyenne) et chaque résident dispose d’une salle de bains privative. Il y a aussi un espace de vie partagé où les patients peuvent cuisiner et se restaurer. Un espace pour les soins de jour complète l’aménagement. La structure santé emploie quatre salariés à plein temps.
William Groeneveld dirige l’élevage caprin. Il est assisté par trois employés à temps plein. Pour la conduite de la chèvrerie de 1 650 places, la famille est aidée par un robot d’alimentation Lely Vector, le premier installé aux Pays-Bas dans un élevage caprin. Kees et William apprécient son aide précieuse. « Le robot alimente chacun des quatre groupes de chèvres cinq à six fois par jour. Ainsi, les chèvres reçoivent régulièrement des portions fraîches de fourrage ». La ration comprend environ 60 % de fourrage grossier à base d’herbe et de trèfle et 40 % de compléments.
Le bio impose un accès libre à l’extérieur
Les 50 hectares de la ferme Lingehof n’étant pas suffisants pour produire suffisamment de fourrages, la famille Groeneveld a passé un partenariat avec ERF, la plus grande ferme biologique du pays. ERF cultive pour leur compte 95 hectares de ray-grass anglais et trèfle blanc en échange de fumier de chèvre.
L’élevage étant biologique, les chèvres doivent avoir un accès à l’extérieur. Pour Kees, « le pâturage est un défi supplémentaire. Les portes de la stabulation restent ouvertes tous les jours au printemps et en été. Les chèvres peuvent sortir sur les dix hectares d’herbe à leur disposition. ». « Elles aiment aller à l’extérieur surtout les soirs d’été, ajoute William. Par contre, il ne faut pas qu’il pleuve… »
L’an dernier, les chèvres ont produit en moyenne 950 litres par an mais ils espèrent un peu plus. « Avec les lactations longues, nous espérons cette année pour obtenir une production de lait de 1 200 à 1 300 litres par chèvre. » Les chèvres ne mettront bas qu’une à deux fois dans leur carrière tout en produisant toute l’année.
Encore 65 000 litres transformés en fromage
Les chèvres sont traites sur une grande salle de traite rotative de 120 places avec décrochage automatique. De quoi atteindre une capacité de 800 chèvres par heure.
Le lait produit est vendu à la famille Roerink qui le transforme en fromages de chèvre frais biologiques vendus sous la marque Happy Goat. La famille Groeneveld a cependant gardé sa fromagerie où elle transforme environ 65 000 litres en chèvre lactique. « Nos clients de soins de santé participent à l’emballage du fromage, c’est une activité amusante, dit Kees. Par contre, ils ne sont pas impliqués dans la fabrication du fromage. »
La famille Groeneveld a encore de l’ambition dans l’élevage caprin. « Nous construisons une nouvelle chèvrerie de 1 400 à 1 500 places sur notre lieu d’implantation d’origine, décrit Kees. Si tout va bien, nous pourrons commencer à y traire en 2018. »
Henk ten Have (Geitenhouderij)