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Des repères économiques pour les livreurs de lait de chèvre

La méthode des coûts de production permet de ramener les charges et les produits de l’atelier lait de chèvre aux mille litres vendus. En représentant graphiquement ce bilan, il est plus facile de comparer les élevages et les systèmes, notamment ceux des réseaux Inosys-réseau d’élevage. L’analyse des données technico-économiques de 172 livreurs de lait montre qu’il n’y a pas qu’une seule façon de faire un revenu. La rémunération de l’élevage se construit par la productivité du travail, la maîtrise des charges et le produit. Ce dossier présente des objectifs et des seuils à ne pas dépasser pour les livreurs de plaine, de montagne ou en bio.

Des repères économiques pour les livreurs de lait de chèvre © D. Hardy
Des repères économiques pour les livreurs de lait de chèvre
© D. Hardy

On décortique le revenu des livreurs de lait. Pour analyser un coût de production, il faut d’abord comprendre comment est globalement obtenu le revenu de l’atelier caprin. En effet, le revenu dégagé par un atelier caprin ne dépend pas seulement des coûts mais résulte aussi de la productivité du travail (litres de lait commercialisés par unité de main-d’œuvre), des charges engagées pour produire le lait et du produit perçu (lait, produits joints et aides). C’est le positionnement de ces composantes les unes par rapport aux autres qui détermine le niveau de rémunération.

L’augmentation de la productivité du travail peut être obtenue en augmentant la production laitière par chèvre et/ou en augmentant le nombre de chèvres par unité de main-d’œuvre. Le produit de l’atelier peut s’améliorer avec un meilleur prix du lait, une valorisation des coproduits (vente de reproducteurs, valorisation viande de chevreau et de chèvre de réforme) et une optimisation des aides. La réduction des charges passe d’abord par leur optimisation et aussi par la mise en place de systèmes économes tant sur le plan des charges opérationnelles que sur le plan des charges de structure.

Un délicat équilibre économique entre produit, charge et productivité

Ces trois composantes sont très liées et il faut trouver les bons équilibres. Si j’augmente ma productivité du travail, je réduis le coût du travail mais si j’investis trop pour y parvenir, j’augmente également mes coûts de bâtiment ou de mécanisation. Si j’augmente la production laitière à la chèvre, je dilue mes charges à condition de ne pas le faire avec trop d’intrants et d’investissements qui augmenteraient mes coûts. Enfin, la quantification de la productivité du travail ne dit rien de l’astreinte et de la pénibilité perçues par l’éleveur…

Si les combinaisons pour dégager un revenu sont multiples, il existe toutefois, pour chaque système, des seuils (litrage/UMO, rémunération/1 000 litres…) en dessous desquels, il sera très difficile de dégager plus de deux Smic par unité de main-d’œuvre. Ces seuils sont détaillés par système dans le dossier de ce numéro.

Analyser la charge alimentaire en premier

Une fois cette première étape réalisée, le diagnostic est approfondi grâce à une analyse plus détaillée. Il s’agit de repérer exactement le poste qui fait défaut et d’en comprendre les raisons. Est-ce la production laitière qui pèche un peu ? Y a-t-il des charges trop importantes ? Ou des produits un peu faibles ? Pour repérer les marges de manœuvre, chaque poste peut être positionné par rapport à la moyenne du groupe, à sa médiane, au premier et au troisième quartile.

Concernant les charges, le premier poste à analyser est le poste « coût du système d’alimentation » qui regroupe les achats d’aliments, l’approvisionnement des surfaces, la mécanisation et le foncier. Bien maîtrisé, il est souvent en lien avec les meilleures rémunérations. Ces quatre postes doivent être cohérents entre eux. Si je choisis un système « autonome » ou un système « hors sol », je ne reste pas au milieu du gué. Pas comme dans certains systèmes foin où je dépense pour cultiver et récolter mais comme la qualité n’est pas là, j’achète des aliments en parallèle.

Des objectifs et un plan d’action pour s’améliorer

De nombreux autres indicateurs techniques complémentaires sont à surveiller. Ils peuvent expliquer les résultats observés et permettent d’aborder les pratiques des éleveurs.

À l’issue du diagnostic, un certain nombre d’actions à mettre en place sont envisagées. Elles doivent être évaluées au regard des objectifs de l’éleveur qui ne sont pas toujours seulement économiques mais aussi sociaux (organisation du travail, temps libre) ou techniques (performances animales). L’historique de l’exploitation doit aussi chercher à comprendre les leviers qui ont déjà été actionnés et les causes de succès ou d’échecs. Les autres ateliers et la performance globale de l’exploitation sont aussi à prendre en compte de même que le contexte (parcellaire, qualité des sols, bâtiments, main-d’œuvre…)

Devant plusieurs solutions techniques, la rédaction d’un plan d’actions aide à dépasser le constat et favorise la mise en pratique. Cette étape nécessite de lui consacrer du temps pour aboutir à un programme de travail précis et approuvé par l’éleveur. Les actions mises en place pourront être évaluées et adaptées en cas de besoin, soit au cours de suivis réguliers tout au long de l’année, soit lors de l’actualisation du coût de production.

Mise en garde

Les coûts de production et les repères technico-économiques des fromagers fermiers seront présentés dans un prochain numéro de La Chèvre.

Côté Web

L’analyse des coûts de production en élevage caprin est à retrouver sur idele.fr et couprod.fr.

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