Races Saanen et Alpine/Insémination
Des différences de fertilité observées chez les chèvres sur le terrain mais pas dans les expérimentations de l´Inra
Sur le terrain, les chèvres Alpines réagissent mieux à l´insémination que les chèvres Saanen. Or, cette différence de fertilité ne se retrouve pas dans les expérimentations menées par l´Inra.
Sur le terrain, les chèvres Alpines réagissent mieux à l´insémination que les chèvres Saanen. Or, cette différence de fertilité ne se retrouve pas dans les expérimentations menées par l´Inra.
Chez la chèvre laitière, la fertilité (taux de mise bas) après induction de l´oestrus par traitement hormonal et insémination artificielle est en moyenne de 63 %. De façon régulière depuis de nombreuses années une différence de fertilité d´environ 2 à 8 % est observée en faveur des chèvres de race Alpine par rapport à celles de la race Saanen.
Une équipe de l´Inra de Rouillé associée à Caprigène a étudié ce phénomène. La première piste d´investigation prospectée a consisté à étudier l´effet de la race de la chèvre et du bouc producteur de semences dans des élevages mixtes Alpin et Saanen afin de dissocier un éventuel effet « race » d´un effet global « élevage ».
Deux expérimentations ont été conduites dans deux groupes d´élevages mixtes différents. Pour chaque expérimentation, le lot de chèvres concerné, constitué d´Alpines et Saanen a reçu un traitement hormonal d´induction de l´oestrus (éponge 45 mg FGA, cloprosténol et PMSG) suivi d´une seule insémination à 43±1 heure après le retrait de l´éponge vaginale. Les chèvres de race Alpine ont été réparties en deux groupes homogènes : l´un inséminé avec des semences de boucs Alpins et l´autre avec des semences de boucs Saanen. Le même dispositif a été mis en place pour les chèvres de race Saanen. Pour chaque expérimentation, les boucs retenus ont été utilisés dans tous les élevages. De plus, pour le deuxième essai, les mêmes éjaculats ont été utilisés dans tous les élevages.
Les différences de fertilité observées sur le terrain entre Alpine et Saanen seraient plus liées à la conduite d´élevage qu´à la race elle-même. ©D. Hardy |
Dosage des hormones et diagnostic de gestation
La première expérimentation a été conduite dans cinq élevages sur un total de 112 chèvres Alpines et 146 chèvres Saanen. Les inséminations ont été réalisées avec des semences provenant de 12 boucs Alpins et 13 boucs Saanen. Le taux de mises bas n´a pas varié entre les chèvres Alpines et les chèvres Saanen. En revanche, le taux de mises bas a varié selon la race des boucs. La fertilité des boucs Saanen (65,7 % ; n = 137) a été significativement plus faible que celle des Alpins (79,4 % ; n = 131), quelle que soit la race de la chèvre.
Pour la seconde expérimentation, les chercheurs ont complété le dispositif expérimental par des observations individuelles de l´oestrus 30 heures après le retrait de l´éponge et du moment d´ovulation estimé indirectement à partir du dosage de l´hormone LH. L´essai a été réalisé dans dix élevages mixtes sur 419 chèvres (214 Alpines et 205 Saanen). Le taux moyen de venues en oestrus a été de 90,2 % sans différence significative entre les Alpines et les Saanen. L´hormone LH a été dosée à partir de prélèvements sanguins réalisés sur un échantillon de 185 chèvres parmi celles venues en oestrus. Le pic préovulatoire de LH a été observé chez 92 % des chèvres.
Il est apparu en moyenne 34,2 ± 6,5 h après la fin du traitement hormonal. Aucune différence n´a été observée entre les deux races. Seules les chèvres en oestrus ont été inséminées (n = 378) et le diagnostic de gestation par échographie au 45e jour a été réalisé sur 360 d´entre elles soit 180 par race avec des doses provenant de 8 boucs, 4 Alpins et 4 Saanen représentatifs de leur race. La fertilité (taux de gestation) a été en moyenne de 62,2 %. Aucun effet de la race de la chèvre ou du bouc n´a été observé sur la fertilité après insémination.
En résumé, aucune différence de fertilité n´a été mise en évidence entre les chèvres alpines et Saanen. L´écart de fertilité observé entre les mâles des deux races au cours de la première expérimentation n´a pas été confirmé par la seconde expérience. Des effectifs de boucs beaucoup plus importants seraient sans doute nécessaires pour atténuer les différences individuelles de fertilité parfois observées entre les mâles utilisés en insémination. De même un nombre d´élevages plus important aurait été souhaitable pour mettre en oeuvre cette expérimentation mais ceci est difficilement envisageable.
L´effet élevage reste le plus influent sur la fertilité
En conclusion, l´élevage reste le principal facteur influençant la fertilité après insémination. Dans le deuxième essai, la fertilité a varié de 33 % à 83 % entre élevages. Les élevages mixtes sont-ils représentatifs des élevages conduits avec une seule race Alpine ou Saanen ? Une approche par enquêtes auprès d´un échantillon conséquent et représentatif d´éleveurs pour chacune des deux races serait souhaitable. On pourrait ainsi mettre en relation la fertilité après insémination avec les différents modes de conduite d´élevage et tenter de comprendre pourquoi la fertilité après insémination est en moyenne plus élevée dans les élevages de race Alpine comparativement à ceux de race Saanen.