« Chez nous, les boucs remplacent les hormones »
Dans les Deux-Sèvres, Olivier Billaud a fait évoluer le protocole de mise à la reproduction des 210 chèvres de l’exploitation. Il a réussi à se passer de PMSG* tout en maintenant le taux de fertilité à l’IA grâce à l’effet bouc.
Dans les Deux-Sèvres, Olivier Billaud a fait évoluer le protocole de mise à la reproduction des 210 chèvres de l’exploitation. Il a réussi à se passer de PMSG* tout en maintenant le taux de fertilité à l’IA grâce à l’effet bouc.
Troisième campagne d’affilée sans injection de PMSG* pour les chèvres du Gaec Les gibiers de Gâtine dans les Deux-Sèvres. « Je voulais me passer de cette hormone dans la préparation à la mise à la reproduction de mes chèvres, tout en conservant des mises bas groupées pour l’organisation du travail et avoir un lot de chevrettes de renouvellement homogène, expose Olivier Billaud, associé du Gaec depuis 2020. Pour être bien préparé, j’ai suivi deux formations sur le protocole éponge et effet bouc. Je ne me serai pas lancé sans. »
Dans le troupeau 100 % désaisonné de 210 chèvres, 96 sont en IA, en deux lots de 48, 90 en saillies naturelles et les autres en lactations longues (choisies et subies). Premier essai concluant en 2021, avec 65 % de fertilité pour les deux lots à l’IA, un en protocole éponge et effet bouc, et l’autre en protocole dit “hormonal de synchronisation”. En 2022, toutes les chèvres inséminées ont été préparées avec effet bouc, le résultat était aussi satisfaisant, avec 68 % de gestantes.
90 jours longs et 60 jours courts
« Après trois années, je ne reviendrai pas en arrière !, affirme l’éleveur. L’élevage des boucs est moins contraignant en termes de travail, de matériel, d’horaire…, que l’injection de PMSG. »
« Pour la préparation des chèvres et boucs, le principe est le même qu’avant. Je débute les jours longs le 20 novembre, jusqu’au 20 février. Les néons sont nettoyés avant la saison et allumés de 6 heures à 22 heures. J’ai aussi réglé leur hauteur pour un bon éclairage. Suivent ensuite 60 jours courts, jusqu’au 20 avril. Les éponges sont posées 13 jours avant la date d’IA et retirées deux jours avant, le matin à la traite. Les boucs sont alors introduits dans les lots pour deux jours et en sortent le matin de l’insémination. »
Le protocole lumineux des chevrettes est légèrement différent. « Les jours longs débutent mi-décembre, jusqu’à la mi-mars. Nous avions remarqué qu’elles venaient en chaleur plus tôt que les chèvres avec le même protocole. Peut-être parce que la lumière est allumée la journée en phase lactée. »
10 boucs vasectomisés pour 96 chèvres
Pour assurer l’effet bouc, Olivier Billaud compte un mâle pour 10 chèvres, il y en a donc cinq par lot de 48. « Les boucs ne sont probablement pas assez loin des chèvres dans la grange par rapport aux recommandations, mais cela fonctionne quand même chez moi », explique-t-il. S’il a utilisé des tabliers les deux premières années, les 10 boucs chargés d’assurer l’effet mâle sont aujourd’hui vasectomisés. « Les boucs s’épuisaient et ceux qui servaient aussi aux saillies naturelles étaient fatigués. De plus, c’est très contraignant à poser, il faut compter deux heures à deux, c’est long et fastidieux. Et puis il faut surveiller que les tabliers ne soient pas arrachés. »
10 autres boucs issus d’IA assurent les saillies naturelles des chèvres et chevrettes, et les retours. Pour la prochaine campagne, Olivier Billaud prévoit deux boucs vasectomisés de plus pour les faire tourner et leur permettre de se reposer.
« Les boucs ont un vrai rôle à assurer. S’ils ne sont pas en forme, ils ne vont pas stimuler les chèvres correctement. Les boucs vasectomisés sont conduits comme les autres, avec la même alimentation. »
100 % des filiations connues
Pour la reproduction, Olivier Billaud, associé du gaec Les gibiers de Gâtine dans les Deux-Sèvres, répartit les chevrettes en 5 lots de 12, avec un bouc par lot. Pour les chèvres en saillies naturelles et les retours, il y a un bouc dans chaque lot également. Le renouvellement est choisi sur les chevrettes issues d’IA, mais aussi parmi les filles de chèvres en saillie naturelle et quelques chevrettes de chevrettes. La connaissance des filiations à 100 %, ou presque, est indispensable pour bien choisir souligne l’éleveur.