Nouveaux carburants
C’est quoi le e-fuel ?
On commence à beaucoup entendre parler de carburants de synthèse, d’électro-carburants ou encore d’e-fuels, mais comment sont-ils produits ? Et surtout, quelle place auront-ils dans les motorisations de demain ?
On commence à beaucoup entendre parler de carburants de synthèse, d’électro-carburants ou encore d’e-fuels, mais comment sont-ils produits ? Et surtout, quelle place auront-ils dans les motorisations de demain ?
Les carburants de synthèse ou électro-carburants, dits « e-fuels » n’existent pas à l’état naturel. Selon l’IFPEN (IFP Energies Nouvelles, le successeur de l'Institut français du pétrole), un organisme public, ils sont produits à partir d’électricité renouvelable ou bas-carbone, de dioxyde de carbone et d’hydrogène issu d’électrolyse. Ce dernier explique : « Sous forme liquide ou à l’état gazeux, leur émergence aux côtés des biocarburants issus de la biomasse, offre une solution alternative pertinente pour défossiliser le transport et l’industrie, sans créer de conflits d’usage avec les produits agricoles, et permettre ainsi une réduction de l’impact climatique de ces activités ». Il existe aujourd’hui différents e-fuels dévolus à des usages bien définis.
E-méthane, e-méthanol…
Sous sa forme liquide, le e-méthane présente l’avantage majeur de pouvoir être incorporé au GNL (gaz naturel liquéfié) et ainsi de bénéficier des infrastructures existantes et des règlementations en vigueur. Sous sa forme gazeuse, il peut couvrir les usages traditionnels du gaz naturel (chauffage, électricité) et être utilisé dans le transport routier (GNV) et maritime, explique l’IFPEN. Le e-méthanol, dont la production est déjà industrialisée dans de faibles proportions est facilement incorporable dans l’essence pour les motorisations automobiles existantes. Toutefois, « il présente un certain niveau de toxicité qui nécessite des précautions particulières lors de son utilisation comme carburant » avertit l’IFPEN.
… e-gazole, e-kérosène et e-ammoniac
« Le e-gazole est destiné en particulier au transport routier. Avec des propriétés comparables voire supérieures à celles du gazole conventionnel, il peut être utilisé pur ou en mélange dans le gazole commercial » explique l’IFPEN. Le e-kérosène est quant à lui destiné au transport aérien. Il fait partie des carburants durables pour l’aviation ou SAF (Sustainable Aviation Fuels). Le e-ammoniac est un carburant étudié avec attention par le transport maritime, car c’est un carburant de synthèse économique et simple à produire, c’est également le seul qui ne soit pas carboné. Mais il présente aujourd’hui « une forte toxicité et des dangers pour l’environnement » reconnaît l’IFPEN.
Création du Bureau français des e-fuels
Afin d’encourager le développement de la filière des e-carburants en France, le Bureau français des e-fuels vient d’être crée. Il a pour vocation de réunir différents acteurs privés actifs dans l’écosystème des carburants durables. Il réunit experts, professeurs, chercheurs, universitaires, industriels, techniciens et financiers, autour du rôle des e-fuels dans la transition énergétique et du développement d’une filière française. Le bureau a salué la publication de l’Observatoire français des e-fuels, réalisé par Sia Partners, qui donne une vue d’ensemble du potentiel de la filière en France et qui estime les capacités de production de e-kérosène, e-méthanol et e-méthane d’une vingtaine de projets annoncés à 528 ktep à horizon 2030.
Quel impact écologique ?
L’e-fuel est annoncé comme quasiment neutre en émission de CO² mais certaines voix s’élèvent pour s’interroger sur son impact écologique. Une étude de l’ONG Transport & Environment datant de 2021 affirme par exemple que « les voitures fonctionnant à l’e-fuel polluent autant que les voitures utilisant du pétrole ». Ce qui est certain, c’est qu’en 2035, les voitures utilisant du carburant de synthèse pourront continuer à être commercialisées. Mais en l’état actuel des choses, sa fabrication est complexe et onéreuse, ce qui devrait faire de l’e-fuel un carburant peu abordable et assez peu répandu. Pourtant, plusieurs marques allemandes vendant des véhicules hauts de gamme se lancent dans l’aventure, comme Porsche qui a investi dans une usine au Chili qui devrait produire plus de 550 millions de litres d’e-fuel en 2026.
Quid du secteur agricole ?
Dans le secteur agricole, le motoriste Deutz, le fabricant de groupes électrogènes Hohler et le constructeur de matériel agricole Claas misent aussi sur le carburant synthétique puisqu’il sont adhérents de l’Alliance efuel basée à Berlin qui compte plus de 150 membres et qui a pour objectif de « promouvoir les eFuels en tant que contribution à la protection du climat et de les utiliser dans le monde entier ».