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Cédric Villani craint un accaparement de la data agricole par les Gafa

A l’occasion du LFDay organisée par la Ferme digitale à Paris le 7 juin 2019, Cédric Villani, mathématicien et député de l’Essonne, qui est venu faire la clôture du colloque, a exprimé son inquiétude à propos du risque d’accaparement de la data agricole par les géants du numérique.

Cédric Villani redoute risque d’accaparement de la data agricole par les géants du numérique.
Cédric Villani redoute risque d’accaparement de la data agricole par les géants du numérique.

« Après avoir labouré le terrain des données personnelles, les Gafa et autres très grands opérateurs sont en train de se tourner vers les données sectorielles, comme la santé ou la mobilité. On va les voir arriver sur tous les secteurs », a expliqué Cédric Villani, secrétaire d’Etat au numérique, en marge de LFDay2019. C’est le cas pour la santé ou l’agriculture.

Mais Cédric Villani le reconnait : si l’Etat est prêt à mobiliser des moyens pour maîtriser la data sur la santé, en mettant en place une plateforme nationale de la Santé, ce n’est pas le cas pour l’agriculture. « L’agriculture ce n’est pas un secteur sur lequel l’Etat est sensibilisé sur les questions de data. Il y a un changement culturel à opérer. Or, l’Etat est mauvais pour les changements culturels ! C’est au monde agricole de s’organiser, mais aussi de convaincre l’Etat de l’enjeu » pour l’avenir de l’agriculture, considère le député de l’Essonne.

API-Agro est un modèle vertueux

« On a besoin de grandes plateformes pour l’agriculture qui vont permettre de regrouper tous les usages », explique-t-il. Et si ce n’est pas l’Etat qui se porte garant, cela peut être un opérateur privé national ou européen reconnu, qui organise le partage de confiance. « API-Agro est le genre de piste que l’on veut voir se développer », souligne-t-il. API-Agro est une plateforme d’échanges de données utiles au secteur agricole, à l’initiative de nombreuses organisations agricoles (instituts techniques, chambres d’agriculture, Geves) et entreprises (Allice, gènes diffusion…).

 

Ce grand mathématicien a exprimé tout son étonnement de voir que sa passion des mathématiques et d’intelligence artificielle depuis l’adolescence l’ait conduit un jour à se retrouver dans un forum destiné à l’agriculture, pour parler bien-être des vaches, détection des maladies ou traçabilité des aliments. « Entre-temps, il y a eu une révolution de la discipline, explique-t-il. Il y a 15 ans, la science de la connectique, de l’intelligence artificielle était réservée aux élites ; aujourd’hui tout le monde s’en est emparé, avec beaucoup de pragmatisme. Et les pouvoirs publics, qui s’en fichaient comme d’une guigne, se demandent aujourd’hui comment développer les compétences de chacun pour être le plus efficace et le plus compétitif possible, comment donner un sens à l’intelligence artificielle ».

 

L’agriculture peut entrer dans les priorités nationales via les questions environnementales

Cédric Villani rappelle que, suite à son rapport sur l’intelligence artificielle, rendu public en mars 2018, l’Etat a retenu quatre secteurs stratégiques : la mobilité, la santé, la défense et l’environnement. « De ces quatre secteurs, c’est l’environnement dont la puissance publique a le plus de mal à s’approprier ». Cela comprend l’aménagement du territoire, mais aussi une consommation plus sobre, plus écologique et en harmonie avec la nature, une consommation de proximité. Des thématiques qui concernent largement l’agriculture. « L’intelligence artificielle peut y contribuer », s’enthousiasme-t-il. Et pour que cela se développe, « il ne faut pas qu’il y ait uniquement une démarche d’utilité, il faut aussi une part de rêve et de curiosité ».

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