Cap sur un élevage ovin durable et plus vert
La production ovine fait partie des filières animales les plus « propres » avec des pratiques vertueuses déjà et historiquement ancrées dans les esprits des éleveurs. Systèmes herbagers, optimisation de la valorisation de l’herbe, pâturage des couverts sont répandus en France. Pourtant les performances environnementales sont toujours perfectibles, à travers la conduite du troupeau, la gestion des effluents, la reproduction… Tant en élevage laitier qu’allaitant. Le programme Life GreenSheep se propose d’évaluer les impacts environnementaux de l’élevage ovin, jusqu’ici peu connus et de proposer, d’accompagner et d’étudier les résultats de la mise en place de leviers pour les réduire et améliorer les conditions de travail des éleveurs.
« L’élevage ovin est riche en pratiques responsables et durables pour l’environnement, annonce Patrick Soury, éleveur ovin et président d’Interbev Ovins. L’écueil constaté, c’est que nous ne communiquons pas assez sur ce que nous faisons déjà bien. »
Le programme européen Life GreenSheep, lancé durant l’automne 2020 et pour une durée de cinq ans, vise à sensibiliser les éleveurs ovins et obtenir leur engagement et celui des conseillers pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le premier objectif du programme est de chiffrer puis de réduire de 12 % l’empreinte carbone de la viande ovine et du lait de brebis et d’augmenter le stockage de carbone à échéance de 10 ans, tout en assurant la durabilité des exploitations. Cinq pays européens participent à ce programme, à savoir la France, l’Irlande, l’Italie, la Roumanie et l’Espagne. En France, cinq régions pilotes sont mobilisées : Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Grand Est. Le projet est animé par l’Institut de l’élevage et 30 partenaires français sont impliqués dont Interbev, France brebis laitière, La Coopération agricole et les chambres d’agriculture.
Produire des références sur l’empreinte carbone des ovins
GreenSheep est un premier pas dans la dynamique nationale et européenne autour de l’élevage ovin bas carbone et durable, fédérée par un réseau de conseillers experts, permettant de créer un observatoire des performances environnementales et de durabilité, permettant ainsi de chiffrer et de qualifier l’empreinte carbone des fermes ovines. Celles sont 885 à être suivies en France, dont 700 en élevage allaitant et 185 en lait. Au niveau européen, 1 355 fermes dont 935 fermes ovines allaitantes et 420 exploitations laitières qui sont intégrées dans GreenSheep, afin d’établir des références par système, par pays, etc. Parmi les élevages laitiers français, la représentation des systèmes intensif, extensif, transhumants et non transhumants est d’environ un quart pour chaque, tandis que pour les élevages allaitants, 72 % sont herbagers (répartis en trois sous-ensembles), 13 % pastoraux, 12 % fourragers et 3 % en système bergerie intégrale.
282 fermes innovantes au niveau européen (dont 211 pour la France) participent à l’identification et à la mise en place et au test de faisabilité et d’acceptabilité de pratiques innovantes afin d’apporter à l’ensemble de la filière les outils et méthodes pour construire la feuille de route climatique et durable.
« Ce qui est important de noter, c’est que dans ces essais de pratiques performantes environnementalement parlant, il y a aussi une dimension économique pour l’éleveur qui est intéressante, explique Sindy Throude, de l’Institut de l’élevage et coordinatrice de GreenSheep. Au global, la réduction des émissions de gaz à effet de serre sur une exploitation ovine allaitante ou laitière s’accompagne de gains économiques. »
Répondre aux attentes sociétales et environnementales
« S’investir sur la question environnementale ce n’est pas seulement une question technique ou économique, c’est aussi une avancée sociale, souligne Guillaume Metz, éleveur en Haute-Vienne et président d’Inn'Ovin Nouvelle-Aquitaine. Cela me permet de continuer à communiquer sur mon exploitation et sur le fait que j’avance mon exploitation aux attentes sociétales. »
Fin d’été 2023, les premiers résultats des suivis d’exploitations ont été présentés, notamment lors des salons d’automne tels que Tech-Ovin, le Space et le Sommet de l’élevage, montrant ainsi à un public élargi la mobilisation et l’investissement de la filière ovine sur la question environnementale.
« GreenSheep et les outils employés pour chiffrer nos pratiques sont des boussoles qui vont me guider pour poursuivre mon chemin vers l’agroécologie », appuie Laurent Reversat, éleveur de brebis laitières dans l’Aveyron.
Les outils DEO, pour la durabilité, et Cap’2ER, pour l’impact environnemental, ont été utilisés pour produire ces données (voir encadré page 19). À l’été 2023, 584 élevages d’ovins allaitants et 186 fermes ovines laitières ont été suivis avec le Cap’2ER.