Agriculture biologique
Viande bio : la filière s'engage
Demande en hausse, renforcement annoncé des aides publiques…
Bien des violons semblent s’accorder pour permettre un nouveau développement de l’agriculture biologique en France à condition que le prix des animaux reste en cohérence avec un cahier des charges exigeant.
Avec 7602 tonnes traitées en 2007, les volumes de viande bovine biologique en provenance des élevages français - laitiers et allaitants - ont enregistré une belle progression ces dernières années et sont sortis de la confidentialité. Pour autant, ils sont encore modestes. Ils ne représentaient – en 2007 - que 0,5 % du total (1 558 000 tonnes) des tonnages bovins transformés dans les différents outils d’abattage de l’Hexagone. Tout comme pour d’autres produits issus de l’agriculture biologique, la demande en viande bovine bio s’affiche cependant clairement à la hausse, tout particulièrement dans la grande distribution et en restauration collective. Cette demande est attisée par la plus grande sensibilisation d’une partie des consommateurs aux questions environnementales. A l’heure de remplir leur réfrigérateur, certains d’entre eux ont une vraie cohérence entre leurs préoccupations sur la protection de l’environnement et leurs critères d’achat des produits alimentaires. C’est d’abord cette évolution des comportements qui laisse à penser qu’il y a de vraies perspectives pour la viande bovine bio. A cela, viennent s’ajouter les objectifs annoncés par le gouvernement suite au Grenelle de l’environnement. Dans ce cadre, l’ambition est de faire passer à 6 % d’ici 2012, la part de la SAU française conduite en agriculture biologique et à 20 % en 2020. Un objectif à première vue ambitieux, si l’on sait que toutes catégories de production confondues, seuls 2 % de la SAU nationale étaient concernés par ce mode de production en 2007.Toujours suite au Grenelle de l’environnement, l’objectif donné à la restauration collective sera, d’ici 2012, de s’approvisionner pour 20 % avec des produits issus de l’agriculture biologique. Autre nouveauté venue de Bruxelles cette fois-ci, l’entrée en application, le premier janvier dernier, d’un règlement européen spécifique à l’agriculture biologique. Ce nouveau texte remplace les règles jusque-là en vigueur dans chaque pays. Son objectif est de faciliter les échanges entre États membres grâce à un cahier des charges commun, mais aussi d’encourager les conversions à la bio pour répondre aux objectifs politiques annoncés. Ce nouveau règlement européen est plus souple que le cahier des charges français encore en vigueur en 2008. Ce relâchement de la réglementation a d’ailleurs été décrié par certains producteurs français. L’assouplissement du cahier des charges concerne principalement le volet alimentation des animaux. La part de l’utilisation de l’ensilage dans la ration journalière en période hivernale n’est désormais plus limitée. Le nouveau règlement réduit aussi le lien au sol, qui était pourtant un principe de base de l’agriculture biologique. Avant la mise en application de ce nouveau règlement européen, au moins 50 % des aliments devaient provenir de la ferme. Désormais, si cela n’est pas possible, ils peuvent être produits en coopération avec d’autres exploitations biologiques situées dans la même région. Le niveau des aides s’est aussi légèrement étoffé. Après la mesure agro-environnementale « aide à la conversion », des aides sont aussi disponibles auprès de certaines régions et agences de l’eau. Le crédit d’impôt sera également doublé l’an prochain et Michel Barnier a attribué au bio, une nouvelle enveloppe de 50 millions d’euros dans le cadre du Bilan de santé de la PAC dont on ne connaît pas encore les règles d’attribution. Ces évolutions devraient aller dans le sens de davantage de production, mais bien des éleveurs rappellent que si les aides sont une chose, c’est d’abord par un prix des animaux attractif que l’on incitera les éleveurs à développer les volumes. Les aides ne doivent servir qu’à faire le premier pas. Cet aspect devra être bien pris en compte par l’aval d’autant qu’une part croissante des volumes de viande produits sont désormais commercialisés dans la grande distribution.