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Vente directe en Belgique : « On a repris en main notre commercialisation »

Éleveur viandeux* dans les Ardennes belges, Benoît Billa a rejoint, il y a cinq ans, la coopérative « En direct de mon élevage », avec laquelle il commercialise tous ses animaux. En se lançant dans les circuits courts, Benoît Billa n’a pas révolutionné techniquement ses pratiques d’élevage mais son regard sur son métier a évolué. Pour le meilleur.

Benoît Billa Coopérative « En direct de mon élevage » Belgique

« Avant, je faisais de la viande, maintenant, je produis de la nourriture », affirme Benoît Billa, éleveur à La Roche-en-Ardenne, commune située au cœur des Ardennes belges en région wallonne. Installé depuis trente-cinq ans sur l’exploitation familiale, il élève 120 vaches blanc bleu belge et leur suite, sur 120 hectares, dont 90 en prairies. Joëlle, son épouse, et Antoine, son fils, travaillent également sur la ferme.

Le « avant » auquel Benoît Billa fait référence, c’est avant la création de la coopérative « En direct de mon élevage » en 2018, et la décision de « reprendre en main la commercialisation de nos viandes ». L’éleveur a toujours été un éleveur passionné, attentif à ses bêtes et à son environnement avec un système très herbager (55 hectares de prairies permanentes, 35 de prairies temporaires). Mais il n’avait que très peu de contacts avec ses clients : « Je ne savais même pas quel goût avaient mes produits ! Avant, je ne voyais qu’un gars par mois », s’amuse-t-il, « aujourd’hui, je rencontre des restaurateurs, des cuisiniers et des consommateurs presque chaque semaine. »

 

 

 

 

Reconstruire une filière locale

La crise Veviba a constitué un électrochoc pour l’éleveur comme pour beaucoup de ses collègues, qui ont saisi l’occasion de « sortir du carcan du bœuf industriel » et de se réapproprier la commercialisation de leur viande. « On s’est fédéré autour des mêmes enjeux, on a défini ce que l’on voulait, on a reconstruit une filière locale. Aujourd’hui, j’ai une vision différente de mon métier et je le trouve encore plus intéressant. »

Alors certes, aller voir les clients, faire de la prospection, faire des dégustations en magasin, c’est un travail supplémentaire. « Mais avec la coopérative, on a la force du collectif, on a accès aux responsables de magasins, aux cuisiniers, aux responsables municipaux… Et on ne fait pas du commercial, on ne fait jamais de promos. On propose du haut de gamme et les clients ont confiance en nous », précise Benoît Billa.

Ces rencontres lui permettent aussi de se rendre compte des demandes et des contraintes des clients. C’est notamment pour répondre aux demandes de qualité et d’homogénéité des produits (couleur de gras par exemple), mais aussi en cohérence avec leur vision de l’élevage, que les éleveurs de la coopérative ont fait le choix d’alimenter leurs animaux en finition sans soja et avec de graine de lin extrudée (1). « Nous faisons faire nos aliments à la carte par des petits moulins locaux. Là non plus, ce n’est pas le modèle industriel. »

L’entrée dans la coopérative a aussi été l’occasion pour la famille Billa de reprendre la vente de viande à la ferme qu’elle avait abandonnée vingt ans auparavant. « Pas plus d’une bête, une fois par mois, pour ne pas concurrencer les commerces locaux et pour avoir le temps de discuter avec les gens. » Mais avec une motivation principale : « Faire plaisir. » Les Billa proposent ainsi des colis « sur mesure », adaptés aux préférences de chacun. Et lorsque certains clients viennent chercher leur viande depuis Bruxelles (120 kilomètres), ils savent que leur pari est réussi.

*Belgicisme
(1) Les éleveurs suivent le cahier des charges Bleu Blanc Cœur, mais sans pouvoir le revendiquer sur les étiquettes, faute de distributeur engagé dans la démarche.
 

En direct de mon élevage

Une coopérative de 120 éleveurs

En mars 2018, le plus gros industriel de la viande en Belgique, Veviba, se voit retirer son agrément par l’État pour non-conformité et défauts de traçabilité de ses produits. En quelques jours, les produits concernés sont soustraits des rayons des magasins et la plupart des distributeurs se désengagent de ce fournisseur.

La disparition du numéro 1 de la viande bovine belge conduit à une réorganisation du paysage. L’image de la viande industrielle étant ternie, une partie des éleveurs viandeux* de Veviba saisissent l’opportunité de se tourner vers un autre modèle : le circuit court.

Une centaine d’entre eux se rapproche alors d’Ardenne bovin, un « petit » acteur qui faisait de la vente directe de viande bio depuis vingt ans. Ensemble, ils créent la coopérative « En direct de mon élevage ». Leurs fondements : commercialiser des animaux (bio et conventionnels) issus d’élevages locaux familiaux de races à viande, assurer la transparence totale des origines et des coûts, proposer une viande de qualité tout en assurant une rémunération équitable aux éleveurs.

Dans leur projet de reprise en main de la commercialisation, les éleveurs de la coopérative mettent la main à la pâte : « Nous n’avons jamais voulu avoir de responsable marketing. Ce sont nous, éleveurs, qui vont rencontrer les distributeurs, les restaurateurs, les cuisiniers. Ils savent à qui ils achètent leur viande », décrit Yves Perreaux, administrateur de la coopérative.

La grande distribution représente 70 % des volumes commercialisés par la coopérative. Le reste se répartit entre les cantines, les restaurants, la boucherie traditionnelle et la vente directe chez les producteurs. Après avoir démarré avec 60 bêtes par semaine, la coopérative en est aujourd’hui à 160 animaux, l’idée étant de pouvoir commercialiser jusqu’à 100 % des animaux des coopérateurs, et peut-être d’accueillir de nouveaux adhérents.

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