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Abreuvement au pâturage : « Nous avons opté pour une pompe solaire sur un puits filtrant »

Le Gaec Picaud dans la Creuse a installé un système autonome pour abreuver son troupeau. Un puits filtrant équipé d’une pompe solaire dessert 30 hectares de pâture et le bâtiment de 95 vaches suitées.

Thierry et Ginette Picaud, éleveurs de charolaises à La Serre-Bussière-Vieille dans la Creuse, ont récupéré en 2018 une parcelle dans laquelle ils se doutaient de la présence d’eau à faible profondeur. La première idée des éleveurs a été d’alimenter en eau d’abreuvement le bâtiment abritant leurs 95 vaches. Ces bâtiments étaient déjà alimentés en eau par captage de sources, mais avec les années consécutives de sécheresse, ce système devenait insuffisant.

Mais la parcelle en question se situant à environ 700 mètres du bâtiment, le câblage électrique de l’installation aurait été assez onéreux. Ginette et Thierry Picaud ont donc étudié la solution d’une pompe solaire. Ils ont confié l’étude leur projet à la coopérative Creuse Corrèze Berry élevage. C’est un kit d’abreuvement de la marque Eversol qui a été choisi. Celui-ci se compose de quatre panneaux solaires (1 x 1,8 m) alimentant en direct une pompe immergée de 4,5 m3/h, 8 bars (600 W).

Le bâtiment se situe à 25 mètres de dénivelé positif par rapport au puits. Une cuve tampon de 5 000 litres y a été installée : elle permet de stocker de l’eau pour alimenter les bâtiments autant le jour que la nuit. L’installation fonctionne sans batterie. Au regard des performances du système, l’installation pouvait aussi aisément alimenter en eau d’abreuvement les pâtures entourant le puits.

Une installation en autoconstruction

Pour créer le puits, Ginette et Thierry Picaud ont fait appel à un entrepreneur. C’est lui qui a défini un diamètre d’une quinzaine de mètres, creusé sur six mètres de profondeur en forme d’entonnoir, et a empierré avec les pierres d’un ancien mur qui délimitait la parcelle.

Le puits dessert environ un tiers des pâtures, avec 25 mètres de dénivelé positif.

Les éleveurs ont assuré eux-mêmes la suite des travaux. La pompe solaire a été placée à cinq mètres de profondeur. Un kit surpresseur a été installé en même temps. « On partait un peu à l’aventure. En étudiant bien les notices, c’était faisable, et on a été bien conseillés », explique Ginette Picaud. Les éleveurs ont ensuite monté le local en agglos, sa toiture et appliqué l’enduit.

Équipé d’une tractopelle, Thierry Picaud a fait lui-même les tranchées de 60 cm de profondeur et installé le réseau de tuyaux de 40 cm de diamètre. « On a défini trois lignes avec une vanne chacune pour pouvoir les couper de façon isolée », explique-t-il. L’une va jusqu’au bâtiment et deux autres desservent deux îlots de prairies, avec plusieurs bacs de 1 000 litres équipés de flotteurs. L’un des deux îlots de pâtures est situé à 27 mètres de dénivelé positif.

 

Des économies et du confort de travail

Au total, les éleveurs estiment que la mise en place du système leur a demandé à peu près l’équivalent d’un mois de travail. Ils sont très satisfaits de leur installation. « C’est du confort. On est beaucoup plus tranquille l’été. Déjà qu’il faut apporter du foin aux vaches et de l’aliment aux veaux… » Ils n’ont pas eu de frais de raccordement électrique et ils n’ont pas de facture d’eau.

Pour l’instant, le puits permet d’abreuver trois lots au pré, soit 60 à 70 vaches suitées. « Je vais agrandir le réseau. Je pense qu’on va arriver à alimenter 35 à 40 hectares avec ce puits », projette Thierry Picaud. Le puits n’est pas à son niveau habituel ce printemps, mais les éleveurs peuvent compter sur lui pour passer les prochains étés.

Ils ont encore quelques prés isolés dans lesquels il faut apporter de l’eau aux bovins avec une tonne de 5 000 litres, sur une période courte. Mais d’autres aménagements étaient déjà faits. Un captage de source (entre 1 et 1,5 m de profondeur), sur un autre îlot de pâtures, alimente par gravité des bacs. Sur un autre site, le captage de sources par drainage avec la gravité et un étang permettent aux éleveurs d’être assez autonomes. Et pour un bâtiment logeant 30 génisses, l’eau de pluie récupérée du toit est stockée dans une citerne enterrée de 60 m3 et distribuée aux animaux. « C’est mon grand-père qui avait installé ce système, qui marche très bien. Mes parents et mes grands-parents ont toujours cherché à être autonomes en eau. Aujourd’hui, on a changé d’époque. L’eau devient un facteur de production limitant », constate Thierry Picaud. « Il pleut toujours autour de plus ou moins 800 millimètres dans l’année. Mais la pluie est répartie différemment alors qu’il faudrait qu’il pleuve tous les quinze jours », remarque Ginette Picaud. Dans cette région, sur socle, les réserves d’eau ne sont que superficielles ou peu profondes.

Chiffres clés

95 vêlages de charolaises en système naisseur engraisseur
140 ha dont 25 de céréales et maïs, 115 de prairies naturelles et temporaires

Côté éco

12 000 euros de montant total pour l’investissement
3 000 euros environ pour la réalisation du puits et l’achat de 24 buses
2 500 euros d’aide PCAE du conseil régional Nouvelle-Aquitaine
1 mois de travail

Un investissement facilement amortissable

L’équipement d’un puits filtrant avec une pompe solaire est adapté pour les sites isolés ou pour ceux pour lesquels le raccordement au réseau électrique est coûteux. « Avec une main-d’œuvre réduite sur l’élevage, il permet de diminuer le temps de travail de la distribution d’eau sur l’été. Une étude de faisabilité en fonction des points d’eau et des dénivelés permet de définir le projet », remarque Christian Malterre de la coopérative Creuse Corrèze Berry Élevage (CCBE).

« C’est un investissement qui sert autant l’été que l’hiver et qui est très facilement amortissable en deux ou trois ans, explique Damien Fradin, de la société Volteo. Le matériel choisi par le Gaec Picaud peut répondre aux situations rencontrées dans de nombreux élevages. »

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