Une entérotoxémie sur un veau de cinq mois
Il aurait fait merveille en engraissement ce veau de cinq mois aux formes rebondies lâché avec sa mère depuis une quinzaine de jours dans les pâtures autour de l’exploitation. C’est vrai qu’il aurait fait merveille mais il gisait sur la plateforme d’équarrissage quand je suis passé devant lui pour aller lever le pied d’une boiteuse. Je n’étais donc pas venu pour élucider les causes de sa mort mais je n’ai pas pu m’empêcher… De quoi peut bien mourir un joli veau au printemps lorsque la météo est capricieuse, que les nuits sont fraîches et arrosées et que le lait de sa mère change de composition sous l’effet de l’herbe nouvelle ? De la même chose qu’un veau qui a passé les cinq premiers mois de sa vie dans une stabulation, qui est stressé de gambader dans la pâture et qui n’y trouve pas d’abri pour se mettre au sec.
De l’entérotoxémie mais pas que…
Pour mourir aussi rapidement, il aurait pu aussi être victime d’une maladie respiratoire bactérienne, comme Mannheimia sait le faire grâce à ses toxines qui sonnent les veaux et qui les tuent parfois très rapidement. Avec sa musculature d’athlète, ce veau était prédisposé à la myopathie nutritionnelle qui aurait pu le tuer très rapidement en s’attaquant à son muscle cardiaque. Une hémorragie digestive massive aurait pu l’emporter avec une caillette parsemée d’ulcères, et si un de ces ulcères avait perforé sa paroi, il ne coupait pas à la péritonite massive. Et je passe sous silence quelques causes de mort moins rapide et quelques causes accidentelles difficiles à éviter. Toujours est-il que les fesses du cadavre ne présentaient pas de marques de coccidiose ni de diarrhée, que son mufle était sec, sa muqueuse oculaire comme toujours assez rouge et qu’il n’y avait aucune autre indication sur le cadavre. Comme il est aussi rapide de l’ouvrir et de le refermer que de faire des suppositions sans fondement, nous avons pu contrôler de visu la signature des clostridies et regretter du même coup l’imprudence de ne pas l’avoir vacciné.