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Chez Vincent Noël en Mayenne
Un système bien équilibré entre Limousines et truies plein air

Installé depuis dix-huit mois, Vincent Noël a pris un bon départ dans le métier. Il élève une quarantaine de Limousines avec premier vêlage à 2 ans, en système naisseur-engraisseur. L’atelier naisseur de porcelets en plein air occupe la moitié de son temps de travail et apporte la moitié du résultat économique de l’exploitation.

À Beaulieu-sur-Oudon, en Mayenne, Vincent Noël s’est installé fin 2015 sur une exploitation située à trois kilomètres de celle de ses parents. « Je cherchais un troupeau allaitant. C’est l’opportunité de cette reprise qui m’a fait découvrir, en complément de la viande bovine, le naissage de porcelets en plein air, explique-t-il. J’ai pu tester cette production pendant les six mois du stage de parrainage. Elle me plaît et j’ai décidé de reprendre le système d’élevage tel quel. » Les deux ateliers sont complémentaires sur le plan de la trésorerie, entre les rentrées mensuelles de l’atelier porcs qui permettent le roulement, et celles saisonnières du troupeau allaitant, davantage dédiées à payer les annuités. L’autre intérêt principal aux yeux de l’éleveur est qu’il n’a pas d’impératif d’horaires. « Je peux passer d’un atelier à l’autre comme cela m’arrange pour bien organiser mes journées. »

Le troupeau limousin était déjà bien en place à la reprise. « L’objectif est de caler les vêlages entre le 1er janvier et le 15 avril, ce qui permettra de sortir des mâles de bonne heure et de faire profiter du pâturage les mères en pleine lactation. » Il reste un lot à décaler pour y parvenir. Le troupeau fonctionnait déjà en vêlage à 2 ans et Vincent Noël continue. Le niveau génétique est bon, avec notamment beaucoup de lait. « Je sélectionnerai pour apporter un peu plus de viande et de précocité », précise l'éleveur.  Le troupeau passera prochainement en 100 % IA. Vincent Noël a déjà réalisé tout un travail sur le comportement des vaches, qui sont très maternelles et ont du tempérament. « Le caractère est le premier motif de réforme au début. J’ai passé en parallèle beaucoup de temps dans les cases et dans les prés pour améliorer la docilité. » Les vaches ont été écornées et sont aussi bloquées au cornadis tous les jours. Après dix-huit mois d’efforts, Vincent Noël a la satisfaction de travailler avec des vaches agréables. « Je veux pouvoir mettre la main sur elles à tout moment sans stress. » Il dresse aussi un chien de troupeau.

Luzerne déshydratée produite et achat d’un mélange de tourteaux

Toutes les femelles sont élevées jusqu’au premier vêlage. Pour vêler à 2 ans, les génisses sont sevrées comme les mâles à l’âge de 7 mois. Elles restent ensuite en bâtiment et reçoivent la même ration que les taurillons : maïs ensilage, foin, luzerne déshydratée (produite sur l’exploitation) et un mélange acheté de tourteaux de colza et de soja. Après l’insémination et la confirmation de leur gestation, elles disposent d’un parcours à l’herbe mais continuent à recevoir une ration en bâtiment tous les jours. « Je rationne alors de façon à ce que l’auge soit vide à 10 h », précise Vincent Noël.  Avant le vêlage, la ration se compose d’ensilage de maïs et foin ou d’enrubannage selon les disponibilités. Pour les jeunes bovins, l'éleveur distribue en premier le matin un peu de foin (500g/animal) pour lester le rumen. « Je fais en sorte que le maïs soit fini le matin et je surveille l’aspect des bouses. Tant qu’il n’y a pas de diarrhée, je monte la teneur en azote de la ration afin d’obtenir les meilleures performances possibles. »

Passer du « full grass » aux paddocks pour sept à huit jours

Vincent Noël dispose de vingt places en bâtiment pour les jeunes bovins. Il vend quelques broutards en direct à un engraisseur installé à 25 km. « C’est la conjoncture qui me décide pour l’orientation des mâles. » Les jeunes bovins sont vendus à un négociant. Les vaches de réforme sont pour leur part vendues à un boucher de Laval. « Nous suivons les tendances des cotations. J’emmène la vache à l’abattoir de Craon qui est à 20 minutes de route. »

Les sols sont moyennement profonds mais la présence de buttes rend les parcelles hétérogènes. Le rendement du maïs ensilage est de 12 à 14 tMS/ha et celui en blé de 80 q. Dix-sept hectares de prairies permanentes entourent les bâtiments. Au début du printemps, les veaux ne sortent pas et les vaches rentrent pour la nuit. « Cela améliore l’expression et donc la détection des chaleurs », constate Vincent Noël, qui  prévoit dans les prochaines années d’améliorer la conduite du pâturage qui pour l’instant est « full grass ». « L’an dernier, j’ai commencé à cloisonner les parcelles, et à aménager des chemins et points d’eau. Mon objectif est progressivement d’arriver à des temps de séjour de 7 à 8 jours par parcelle au printemps. » Vincent Noël fauche quatre hectares précocement, puis gère si besoin les excédents (foin ou enrubannage). Trois autres hectares sont dédiés à la fauche (ray-grass hybride et trèfles).

L’atelier porcs représente la moitié du temps de travail. Un pic de travail est à prévoir au moment du sevrage. Les 130 truies sont conduites en sept bandes avec une moyenne de 11 porcelets vendus par portée. Les gestantes sont logées en bâtiment sur paille. Les mises bas se font en plein air, et les porcelets sont vendus à l’âge de 28 jours. Les porcelets sont commercialisés selon un prix fixé sur cinq ans via Porveo (groupement porcs Terrena et CAM) à un engraisseur, les porcelets excédentaires étant vendus au prix du marché. Les truies consomment les céréales produites sur l’exploitation.

Vincent Noël a le projet d’aménager un bâtiment pour les Limousines à moyen terme mais il n’a pas de besoin urgent d’investissement. L’essentiel de l’équipement est assuré en Cuma et en copropriété. Il possède en propre un tracteur, une petite désileuse et un pulvérisateur. « Ici, le coût de mécanisation n’est pas élevé, reconnaît-il. Quand on s’installe, il faut cartonner avec de bons résultats dès le début pour faire face aux annuités. » Pour l’instant, la charge de travail n’est pas vraiment un problème, même si c’est une question qui se posera probablement à l’avenir.

Deux ateliers complémentaires sur le plan de la trésorerie

Viser des défenses immunitaires au top

Les vêlages sont plutôt faciles. L’éleveur intervient le moins possible et pour les détecter, il observe le relâchement des nerfs sacro-sciatiques. L’an dernier, il a cependant perdu quatre veaux dans les premiers mois pour diverses causes. Il va cette année mettre en place des mesures qui visent à garantir des défenses immunitaires au top sur tout le troupeau. « J’ai suivi une formation à l’homéopathie, la phytothérapie et l’aromathérapie », explique l’éleveur. Il donne aux mères toute l’année du chlorure de magnésium, stimulant immunitaire général, accompagné pour rétablir la Baca(1) de lithothamne. Des cures d’oligoéléments vont d’autre part compléter les minéraux que tout le troupeau reçoit déjà. « À la naissance, le veau recevra un sachet de germes d’ensemencement avant la première prise de colostrum, faute de pouvoir facilement donner du lait kéfir(2) aux petits veaux allaitants. » Vincent Noël tond les mâles et les femelles au sevrage sur une bande du dos qui descend sur les épaules pour limiter le développement de poux et faciliter la transpiration.

(1) Balance alimentaire anions cations, dans l’objectif de limiter les risques d’apparition d’un état de subacidose métabolique.(2) Lait fermenté par de nombreuses souches de levures, bactéries et streptocoques lactiques. 
Avis d’expert

Romain Guibert, de la chambre d’agriculture de Mayenne

Beaucoup de kilos produits avec 0,5 UMO

" Au cours d’une formation CoutProd, a été calculée une production de 32 896 kg de viande vive sur l’année 2016, avec une productivité du travail et des UGB très supérieure aux références à système équivalent (naisseur engraisseur semi-intensif Pays de la Loire). Le produit total est conforme à la référence, mais par contre le coût de production est nettement inférieur (211 €/100 kgVV contre 306 pour la référence). Ceci s’explique par les très bons résultats techniques de Vincent (0,98 veau sevré par vache, IVV moyen de 356 jours) ainsi que des charges de mécanisation bien maîtrisées (57 €/100 kgVV). "

Chiffres clés
58 ha de SAU dont 20 ha de cultures (blé et orge), 10 ha de maïs ensilage, 2 ha de luzerne, 23 ha de prairies temporaires, 3 ha de parcours pour les truies
1 UMO
40 à 50 Limousines en système naisseur-engraisseur
1,53 UGB/ha SFT de chargement apparent
130 truies en système naisseur en plein air

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