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Photovoltaïque
Un projet collectif de 77 toitures

Dans l'Aveyron, les éleveurs d’une filière bovine mettent en oeuvre un projet collectif de 77 toitures photovoltaïques. Projet de 3,3 mégawatts crête, entièrement mutualisé et monté en un temps record.

Les toitures étant orientées jusqu'à 45 ° par rapport au sud ont été intégrées dans le projet. La mutualisation le permet même si le rendement n'est pas optimal . Ce que permet la mutualisation
Les toitures étant orientées jusqu'à 45 ° par rapport au sud ont été intégrées dans le projet. La mutualisation le permet même si le rendement n'est pas optimal . Ce que permet la mutualisation
© B. Griffoul

Lorsque ERDF (la filiale distribution d’EDF) a reçu les 77 demandes de raccordement au réseau, ce fut une avalanche. « Ils n’avaient jamais vu ça », se souvient Pierre Bastide, président de la SAS Adder (Agriculture développement durable énergies renouvelables). Cette société aveyronnaise est à l’origine de l’un des plus importants projets de photovoltaïque agricole en France. Les chiffres ont en effet de quoi surprendre: 30000 m2 de panneaux pour une puissance de 3,3 mégawatts crête (MWc), une production électrique annuelle de 3,8 millions de kilowatts (kW), soit la consommation énergétique de 400 maisons individuelles, et un investissement qui approche les 17 millions d’euros. Ce projet est porté par des éleveurs de l’Aveyron et du Tarn, producteurs de veau d’Aveyron et du Ségala label rouge. La majeure partie de ces veaux, élevés sous la mère, sont commercialisés dans les hypermarchés Auchan par le biais d’une société (SA 4R) entièrement gérée par ses 158 actionnaires.

Coûts et revenus sont mutualisés

La SAS Adder a été créée par une partie des actionnaires de la maison-mère (SA 4R) : ceux qui avaient des toitures propices à la production d’électricité photovoltaïque. Ils ont choisi en effet de ne pas investir individuellement mais collectivement en mutualisant coûts et revenus au prorata de la surface de panneaux installée. La SAS apporte 80 % des besoins financiers, sous forme d’emprunt contracté auprès du Crédit Agricole en contrepartie du nantissement du contrat EDF, et les 72 actionnaires les 20 % restant. Soit pour une puissance de 36 kW (environ 300 m2 de toiture), un apport personnel de 39 000 euros. L’Adder a signé un bail emphytéotique de 21 ans avec les propriétaires de toitures, qui lui garantit de pouvoir les exploiter pendant la durée du contrat de rachat d’électricité. Chaque propriétaire recevra un fermage proportionnel (15 euros/m2) à sa surface de toiture photovoltaïque. Ce montant est légèrement supérieur à l’annuité résultant de l’emprunt réalisé pour faire l’apport de 20 %. Les bénéfices supplémentaires dégagés par la SAS seront reversés sous forme dedividendes. Afin de bénéficier d’une fiscalité favorable, les actionnaires ont acquis leurs parts dans la société par le biais d’un PEA (Plan d’épargne en actions). Peu de risques donc pour les actionnaires qui récupèreront au moins la mise de fonds, via le fermage, ni pour la société gestionnaire qui versera les revenus en fonction de la rentabilité du projet, via les dividendes.

Dossiers de raccordement types

Partage égalitaire des revenus mais aussi et surtout de certains coûts d’investissement qui peuvent être très différents selon les bâtiments. « Tous les actionnaires ont été d’accord pour tout mutualiser, y compris le désamiantage », expliquent Pierre Bastide et Dominique Pradels, administrateur. Un peu plus de 40 % des toitures étaient recouvertes d’amiante dont le recyclage s’élève à 50000 euros, sans compter le démontage, réalisé par les agriculteurs. « Le coût du raccordement au réseau électrique est imprévisible et très variable, de 800 à 35000 euros », poursuivent- ils. Il est lié à la distance de raccordement, à lapuissance installée, à la vétusté de la ligne… Fait remarquable encore : alors que le projet a été lancé en août 2007, les premiers toits sont en production depuis juin dernier et tous les panneaux seront installés d’ici le mois de novembre. On considère généralement, qu’il faut compter au moins deux ans de démarches et travaux avant de pouvoir commencer à produire de l’électricité. « Collectivement, on a une force incroyable », aime à dire Pierre Bastide. Le montage du projet a constitué un travail à plein-temps pour Elodie Bastide, salariée de l’Adder. Pour simplifier les démarches administratives, un nombre limité de puissances a été retenu, ce qui a permis de constituer des dossiers types : principalement des 21 et 36 kWc, quelque 16 kWc et un petit nombre de puissances supérieures (de 75 à 172 kWc). Chaque toiture a été équipée avec la puissance la plus proche de son potentiel, quitte à ne pas couvrir la totalité avec des panneaux.

Capacité à négocier

La force du groupe c’est aussi la capacité à négocier les taux d’intérêt avec la banque (4,37 % sur 15 ans pour l’Adder, 4,90 % sur 12 ans pour les actionnaires) ou encore les contrats d’assurance. Les panneaux photovoltaïques et les pertes de production sont assurés par un contrat unique souscrit auprès de Groupama tandis queles bâtiments sont couverts individuellement chez le même assureur pour éviter d’éventuels litiges en cas de sinistre. Pour la fourniture, pose et maintenance du matériel, les administrateurs de l’Adder ont retenu la proposition du fabricant français de panneaux photovoltaïques, Photowatt. Une entreprise qu’ils estiment sérieuse et, surtout, la seule à avoir proposé une solution intégrée répondant à leurs exigences. A savoir, à la fois une soustoiture parfaitement étanche et les panneaux. Et bien évidemment des prix ajustés à la taille du projet. Le coût de la sous-toiture (sans la pose, faite par les agriculteurs) et des panneaux s’élève à 4,90 euros le watt crête, un prix particulièrement performant. Ramené au m2 (pour une puissance moyenne de 110 Wc/m2), le coût global atteint tout juste 550 euros. En revanche, pèse encore une incertitude sur le taux de subvention dont bénéficiera le projet. Un dossier a été déposé auprès du Feder qui peut théoriquement intervenir à hauteur de 25 %. Un certain nombre d’années de production, non connu à ce jour, pourrait être soustrait du montant de l’investissement pour le calcul de la subvention. Pas de réponse non plus au niveau de la région Midi-Pyrénées. « Pour le businessplan, il a fallu tenir compte prudemment des aides », reconnaît Dominique Pradels.

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