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Transmission du caractère sans cornes
Un gène principal et beaucoup d'autres en interaction

Le déterminisme génétique du caractère sans cornes n'a pas encore révélè tout ses mystères. On dispose cependant déjà d'outils qui permettent de sélectionner efficacement les animaux.

Broutarde charolasie génétiquement sans cornes.
Broutarde charolasie génétiquement sans cornes.
© S. Bourgeois

« On sait grâce à des marqueurs que la présence ou l’absence de cornes est liée à un gène situé au début du chromosome 1. Six équipes de recherche dans le monde travaillent actuellement à sa localisation plus précise, mais elles piétinent », explique Aurélien Capitan de l’UNCEIA et de l’Inra. En effet, les espèces modèles – homme et souris – n’ont pas de cornes ! Il est donc impossible de deviner a priori quel gène parmi les nombreux qui sont présents dans cette région abrite la mutation responsable du caractère sans cornes.

Il faut donc tous les étudier, ce qui est long et coûteux. A ce jour, le séquençage des principaux gènes de la région n’a pas encore permis de percer ce mystère chez les bovins, contrairement aux ovins et caprins pour lesquels les chercheurs ont pu aboutir grâce à l’identification de mutations dans la séquence de gènes impliqués dans de toutes autres fonctions que le développement des cornes. Toutefois, des avancées récentes ont pu être apportées chez les bovins par la thèse d’Aurélien Capitan.


Différents variants identifiés

« On sait désormais que les bovins qui possèdent le gène « sans cornes » ou « polled » en anglais seront effectivement sans cornes ou présenteront des cornes anormales. On sait aussi que de très nombreux autres gènes agissent en interaction avec ce gène principal pour déterminer la présence et la forme des cornes », explique le chercheur. Différents variants génétiques de cette région du chromosome 1 ont pu être identifiés. Certains sont plus favorables que d’autres pour donner ou pas des animaux sans cornes ou à cornes branlantes. Il a aussi été montré que le déterminisme chez les bovins des cornes branlantes, « scurs » en anglais, que l’on employait jusque-là était faux. Le caractère « scurs » décrit des cornes dont la cheville osseuse n’est pas soudée à l’os du crâne. Le degré d’expression du caractère « scur » est variable. Il va de la croûte cornée de la taille d’un ongle à des cornes mobiles de plus de 10 centimètres et s’exprime plus fréquemment chez les mâles que chez les femelles.

Le gène aboutissant à la présence ou à l’absence de cornes existe sous deux formes possibles (appelées allèles). La forme active va se concrétiser par l’absence de cornes (SC). La forme inactive se traduira au contraire par la présence de cornes (sc). Du fait du regroupement par paire de chacun des chromosomes, chaque gène sera présent en deux exemplaires chez un même animal. Les animaux peuvent donc avoir les copies d’une même forme du gène. Ils seront alors SC/SC ou sc/sc et seront dits homozygotes pour ce caractère. Mais ils pourront aussi avoir des copies différentes pour ce gène. Ils seront alors SC/sc et seront dits hétérozygotes. Or comme le gène sans cornes est un gène dominant, tous les porteurs de ce gène, qu’ils soient homozygotes (SC/SC) ou hétérozygotes (SC/sc) n’auront pas de cornes. Seuls les homozygotes non porteurs du gène sans cornes (sc/sc) seront cornus. Lorsque l’on est face à un animal sans cornes, il est donc impossible de dire s’il s’agit d’un animal homozygote ou hétérozygote si l’on se fie au seul aspect visuel de l’animal.

Homozygote ou hétérozygote

Plusieurs cas de figure sont ensuite envisageables si les croisements réalisés concernent des animaux homozygotes ou hétérozygotes. Par exemple, si l’on procède au croisement d’animaux homozygotes sans cornes (SC/SC) avec des homozygotes cornus (sc/sc), tous les veaux qui en résulteront seront hétérozygotes (SC/sc) et donc sans cornes. De même, si l’on croise des animaux hétérozygotes (SC/sc) on aura statistiquement 75 % de chances d’avoir des animaux sans cornes (25 % de SC/SC et 50 % de SC/sc) et 25 % de chances d’avoir des animaux cornus (sc/sc) ; et si l’on croise des animaux hétérozygotes sans cornes (SC/sc) avec des homozygotes cornus (sc/sc), la moitié d’entre eux seront des hétérozygotes sans cornes (SC/sc) et les autres seront normalement cornus (sc/sc).  C’est pour cette raison que pour faire naître à coup sûr des animaux sans cornes sur un cheptel de mères cornues, et donc propager rapidement cette caractéristique dans le cheptel, l'idéal serait d’utiliser un taureau homozygote sans cornes.

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