Trois chapelles pour 208 mères
À Aizenay en Vendée, François, Steven et Brandon Perrin, les trois associés du Gaec la Bauge, ont autoconstruit leur bâtiment pour maîtriser les coûts. Cette nouvelle stabulation avait pour obligation d’optimiser l’espace et la surveillance des animaux tout en s’intégrant dans le paysage.
À Aizenay en Vendée, François, Steven et Brandon Perrin, les trois associés du Gaec la Bauge, ont autoconstruit leur bâtiment pour maîtriser les coûts. Cette nouvelle stabulation avait pour obligation d’optimiser l’espace et la surveillance des animaux tout en s’intégrant dans le paysage.
La perte d’un site de 32 places mères et veaux et 50 vêlages supplémentaires, nous ont poussés à lancer le projet d’un bâtiment de 208 places vaches et veaux en litière raclée. Étant restreint côté terrain, nous n’avions pas le choix de l’exposition, d’où l’option d’un bâtiment totalement fermé », explique François Perrin, l’un des trois associés du Gaec. La construction de la stabulation coïncide avec l’installation en 2016 de son fils, Brandon. Cette structure, mise en fonctionnement à l’hiver 2017-2018, accueille tous les veaux et leurs mères. Les vaches pleines se trouvent dans un autre bâtiment. Les mises bas s’étalent d’août à mai. « Nous ne voulions pas d’un bâtiment cathédrale. On est donc partis sur trois chapelles, pour un total de 50 mètres de large par 100 mètres de long, soit 4 000 m2 pour les bovins et 1 000 m2 pour la fumière couverte en bout de bâtiment », notent les éleveurs.
La chapelle du milieu, plus basse, est réservée aux veaux. Ils disposent d’une auge en vis-à-vis avec leur propre alimentation (ensilage, concentré, foin). Les vaches sont réparties dans les deux chapelles en extérieur (104 places dans chacune). Il y a cinq cases de vêlages de huit places pourvues de barrières à vêlages avec cornadis. Les autres sont des cases de 16 vaches. « On pratique un système de marche avant. Toutes les mises bas ont lieu dans les premières cases équipées de barrières de contention, on fait ensuite avancer les animaux. »
Regrouper les mères sous un même bâtiment
« Dans ce projet, les éleveurs souhaitaient regrouper les mères et leurs veaux en optimisant le travail, le bien-être et la surveillance des animaux grâce à une vision centrale optimum, tout en maîtrisant le coût d’investissement », souligne Philippe Rocheteau, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture de Vendée. Hormis le terrassement, tout a été réalisé en autoconstruction. Les éleveurs ont monté la charpente, reçue en kit. Le coût total du bâtiment est de 627 810 € soit 2 256 € la place hors subventions et, 1 850 € une fois l’aide déduite (PCAE). « Nous avions estimé le coût des investissements à 3 000 euros la place si l’ensemble du projet avait été réalisé par une entreprise, ce qui reste dans une fourchette moyenne basse. Il y a peu de maçonnerie sur les murs, ce qui permet de réduire les coûts ; seuls les sols sont bétonnés. Grâce aux gains permis par l’autoconstruction, les exploitants ont pu investir dans une caméra mobile sur tout le bâtiment et mécaniser tout le pignon de portails électriques », poursuit le conseiller.
Un bardage claire-voie favorise la luminosité comme les nombreuses ouvertures sur les façades du bâtiment. La toiture dispose de 7 à 8 % de translucides. L’air rentre partout sans courant d’air.
Des aires raclées pour économiser la paille
Derrière l’auge des vaches se trouve une marche de 10 centimètres de haut. Les éleveurs ont en effet privilégié une aire raclée à une litière accumulée pour économiser la paille. Durant le premier hiver, la consommation s’est chiffrée entre 6 et 7 kg/tête par jour. L’aire paillée des vaches est raclée trois fois par semaine, celle des veaux une fois. Ces derniers sont en tétées contrôlées, matin et soir. « Ce nouveau bâtiment ne va pas pénaliser le coût de production des exploitants. Ainsi sur 2018, avec l’amortissement de la construction sur l’ensemble de l’année, la hausse estimée du coût de production global s’élève à 4 % », précise Fanny Soulard de Bovins croissance.
• 230 vêlages en races Charolaise (60 %) et Limousine (40 %)
• 300 hectares
• 300 JB engraissés par an
• 140 truies naisseur-engraisseur
• 3 associés et un salarié à plein temps
200 jeunes bovins en litière pente paillée raclée
À l’installation de Steven Perrin en 2014, les associés du Gaec de la Bauge ont monté un atelier d’engraissement de 200 places. Afin de maximiser la ventilation et d’éviter les courants d’air parasites, le bâtiment a été monté en écailles, ce qui permet également de limiter la condensation au plafond. Les animaux sont répartis en 20 cases de dix bêtes avec un couloir central facilitant le raclage. Par leur piétinement, les jeunes bovins font descendre la litière souillée grâce à une pente de 5 %. Les associés ont opté pour ce système pour restreindre la consommation de paille qui s’élève à 3,5 kg par jour/JB (contre 6,5 kg/jour en litière accumulée). La fumière se trouvant en contrebas du bâtiment, il n’a pas été possible d’automatiser le raclage. Les exploitants passent avec un tracteur. Le curage est assez rapide car les jeunes bovins n’ont pas accès au couloir sauf pour leur manipulation. En effet, ce couloir central permet d’envoyer les animaux sur la contention, en forme de camembert, à l’extérieur du bâtiment. Les éleveurs disposent d’une bascule pour la pesée trimestrielle. Une table d’alimentation se situe sur chaque long pan du bâtiment.
Un coût hors subventions de 1 115 € la place
Cette stabulation de 200 taurillons a coûté aux éleveurs 222 960 € soit 1 115 € la place hors subventions et contention (20 000 €). Avec l’aide PMBE perçue, la place est réellement revenue à 975 €. Les associés du Gaec de la Bauge ont réalisé une grande partie en autoconstruction. Le terrassement a été effectué par une entreprise. La charpente a été montée par une entreprise avec l’aide des éleveurs. La maçonnerie, les bardages, les équipements et la couverture fibro ont entièrement été posés par les associés.
La création de 200 places étant concomitante à l’installation de Steven Perrin, les éleveurs ont pu bénéficier d’un dispositif d’accompagnement de leur coopérative Ter’élevage qui garantit pendant cinq ans le prix de reprise des animaux, en fonction du prix de revient (prix broutard + coût alimentaire + frais d’élevage + charges de structure main-d’œuvre et investissement bâtiment). « Ce prix est indiqué à la mise en place des animaux. Une caisse de péréquation est prévue pour y piocher si le prix de la conjoncture est inférieur au prix de revient et inversement. Par ailleurs, les jeunes bovins du Gaec devraient rentrer dans un nouveau dispositif, nommé concept Gold. Ce nouvel outil prévisionnel d’entrées et de sorties des animaux doit permettre de sécuriser le vide sanitaire en limitant la durée d’inoccupation des places. En contrepartie, les éleveurs doivent être suivis par un expert, peser trimestriellement les taurillons et les annoncer sur notre site », note Sébastien Guesdon de Ter’élevage.