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Luzerne
Technicité et délicatesse gages d'une récolte réussie

Plusieurs modes de récolte se combinent pour tirer le meilleur parti de la luzerne. Différentes clés sont à connaître pour assurer la qualité des stocks.

© DR

Ensilage, enrubannage, foin, affouragement en vert, pâturage… le choix est large. Selon Christelle Récopé, conseillère fourrage à la chambre d’agriculture de l’Oise, le mode d’exploitation est orienté en fonction de la décision de l’exploitant d’être autonome en fibre (foin), en azote ou en protéine (ensilage) mais aussi suivant les conditions climatiques. Souvent il est observé qu’en culture pure, l’ensilage avec préfanage est préféré au foin pour la première coupe, procurant ainsi plus de sécurité sur les conditions climatiques de début de printemps. La deuxième et la troisième coupe sont généralement en foin. La quatrième coupe, dont le rendement est plus faible, réalisée à l’automne avec une météo souvent instable, est exploitée en enrubannage. Le choix de la date de la première coupe est déterminé par la destination du fourrage et de l’utilisation des repousses. La meilleure date de fauche est un compromis entre rendement et qualité. Plus on récolte tard, plus le rendement en matière sèche augmente et plus la valeur alimentaire chute. « Le temps d’attente entre deux coupes est déterminé par les conditions pédoclimatiques, mais un délai de quatre à cinq semaines est nécessaire », précise Delphine Breton, conseillère prairies de la chambre d’agriculture de la Vendée.

PÉRENNITÉ

« Lorsque l’on réalise la première coupe, une bonne observation des jeunes pousses de luzerne permet d’ajuster la hauteur de coupe de manière à ne pas imputer les repousses de la coupe suivante. Peu d’écarts de rendement doivent être constatés entre les deux premières coupes qui représentent 70 % du rendement de l’année. Autrement, cela indique une mauvaise observation des jeunes pousses », explique Christelle Récopé. Une luzernière possède une durée de vie moyenne de quatre ans. « C’est une culture technique à conduire, mais si on respecte quelques conditions, on obtient un fourrage très intéressant, riche en matières azotées totales et en protéines. Il faut laisser fleurir la luzerne au moins une fois dans l’année pour lui permettre de reconstituer ses réserves et lui assurer ainsi une meilleure productivité. La deuxième ou troisième repousse peut tout à fait monter à floraison. Il est par ailleurs important de ne pas implanter la luzerne sur des sols humides ou non-portants », prévient Pascale Pelletier, ingénieur régional fourrages d’Arvalis- Institut du végétal à la ferme expérimentale des Bordes dans l’Indre. Pour assurer, une bonne repousse de la luzerne pour la campagne suivante, Christelle Récopé préconise de laisser sept centimètres de hauteur à la dernière coupe ce qui laisse à la plante le temps de refaire ses réserves avant les premiers froids. « Pour cela, la dernière récolte de luzerne doit avoir lieu au moins trois semaines avant les premières gelées », explique Delphine Breton. « Avec une culture de luzerne on peut espérer obtenir 10 tMS/ha, voire 15 tonnes pour un bon rendement », ajoute la conseillère. La luzerne est appréciée pour sa productivité, mais redoutée pour les pertes en feuilles qu’elle subit à la récolte. Pour une bonne qualité de fourrage, il est primordial à la récolte de garder le maximum de feuilles qui contiennent en effet près de 70 % des protéines et 90 % des vitamines et minéraux. Les pertes sont principalement dues à la différence de vitesse de séchage entre les tiges et les feuilles. Plus le fourrage reste au sol avant conditionnement et plus les pertes peuvent être importantes.

LIMITER LES PERTES DE FEUILLES

« Pour la fauche, de nombreux matériels peuvent convenir mais l’idéal est d’utiliser une faucheuse conditionneuse à rouleaux. La luzerne est une plante qui sèche lentement, l’utilisation d’une conditionneuse permet une dessiccation rapide et homogène des feuilles et des tiges. Ce matériel composé de rouleaux est peu agressif et préserve ainsi les feuilles », explique Olivier Stutzmann, responsable produits récoltes des fourrages Kuhn. Ce type d’outil est intéressant, mais il représente un coût plus important. En dessous de 20 à 30 % de luzerne dans la ration alimentaire, Kuhn recommande de rester en système de travail conventionnel. La faucheuse à rouleaux est plus adaptée aux secteurs où il se fait beaucoup de luzerne et aux besoins des Cuma ou entrepreneurs. Moins coûteuse, l’utilisation d’une faucheuse conditionneuse à doigts impose certaines précautions : la vitesse de rotation du conditionneur doit être abaissée de l’ordre de 600 tr/min au lieu de 900 à 1000 tr/min et l’intensité des tôles, réglée au minimum. « Bien souvent, une faucheuse sans conditionneuse suffit pour la récolte du foin, à condition d’avoir ensuite suffisamment de jours de beau temps », précise Olivier Stuzmann. « Lors de l’achat d’un matériel de récolte pour la luzerne, il faut se renseigner sur les réglages existants des engins car tous ne possèdent pas deux vitesses », prévient Pierre Lépée, conseiller machinisme à la chambre d’agriculture de la Creuse. Pour favoriser le séchage, Olivier Stutzmann préconise de réaliser des andains larges et, pour garder un maximum de feuilles dans le cas du foin, il est préférable de limiter la vitesse d’avancement et le régime du conditionneur. L’idéal est de faucher juste après la disparition de la rosée du matin entre dix heures et midi, à une hauteur de coupe d’au moins cinq centimètres, idéalement de sept centimètres, favorisant ainsi une repousse rapide. « Plus la hauteur de coupe est élevée, plus le fanage et l’andainage sont aisés, les chaumes étant plus hauts, les risques de récolter des impuretés sont ainsi limités », souligne Olivier Stutzmann.

 

 

 

Henri Piveteau, Gaec l’Amitié (Vendée) : « Du foin pour les deuxième et troisième coupes »

« La luzerne est cultivée depuis douze ans sur aujourd’hui 20 à 25 ha. La première coupe est partagée entre ensilage et foin. La deuxième et troisième, en foin. La quatrième, s’il y a lieu, en ensilage. Celuici permet de ramener des protéines à bon marché dans la ration, en avançant la date de première récolte. En ensilage, on fauche le matin, le lendemain on ensile, si le temps le permet. L’ensilage est amené à un minimum de 30 à 40 % de matière sèche. S’il est de bonne qualité et le silo bien tassé, on n’utilise pas de conservateur. Pour la récolte du foin, le protocole est différent. Six semaines après la première coupe, celle de foin a lieu. La fauche est réalisée le matin même pendant la rosée avec une faucheuse conditionneuse à rouleaux qui n’abîme pas la luzerne et permet un gain de temps au séchage. Dans les deux à trois heures qui suivent, on fane. La luzerne n’est pas touchée jusqu’au lendemain où vers quatrecinq heures, des andains sont réalisés et retournés le matin du troisième jour. Le soir même, on presse. Si une plage de beau temps est annoncée, on peut reporter au quatrième jour ce travail. Par contre, il est préférable de mettre en bottes le soir pour éviter l’humidité de la nuit. On possède un testeur d’humidité pour quantifier l’ajout de conservateur, si besoin. Sur une campagne de récolte, on obtient un rendement de 15 voire 20 TMS contre 10 TMS en année sèche. »

 

Bernard Olivier, EARL Olivier (Puy-de-Dôme) : « Les vaches pâturent la quatrième coupe » 

« J’implante de la luzerne inoculée (25 kg/ha) en association avec un dactyle (4 à 5 kg/ha) autour du 20 août après une céréale. La première coupe est réalisée en enrubannage, la seconde en foin. Pour la troisième, je fais du foin si le temps le permet, sinon j’enrubanne. La quatrième coupe est réservée au pâturage des vaches taries. Je mets des lots de 20 vaches dans des parcelles de trois à quatre hectares. Avant de les laisser dans la luzernière, je leur donne du foin grossier pour qu’elles n’aient pas la panse vide en arrivant dans la parcelle et j’en dépose en permanence dans la pâture. Je ne travaille pas avec un fil avant, les animaux piétinant le long et saccageant la luzerne. Par contre, j’utilise un fil arrière pour que les bêtes n’ingèrent pas les repousses. Je mets les vaches début octobre, jusqu’à début novembre, mais le temps dicte les dates. Elles restent quinze jours à trois semaines sur une luzernière. L’idéal est d’avoir une petite repousse avant l’hiver pour que la luzerne reparte bien le printemps suivant. Par contre, si les parcelles sont trop humides, je retire les animaux. Je broie alors la luzerne pendant l’hiver après le gel. »

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