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Sélectionner sur la durée de l’anoestrus post-partum en race Limousine

La Limousine innove en testant la possibilité d’établir un index génomique sur la durée d’anoestrus post-partum. Si cela fonctionne, le résultat sera présenté aux éleveurs à l’automne 2020.

© F. d'Alteroche

Avec le soutien de la région Nouvelle Aquitaine et du Feder (fonds européen de développement régional), des données originales sur la fertilité des femelles ont été collectées dans une quarantaine d’élevages de Limousines pendant quatre ans. C’est le projet COWnect. Ces données ont été obtenues grâce à des capteurs destinés en première intention à détecter les chaleurs des vaches. Le choix a été porté en 2016, au démarrage du programme, sur le dispositif Heatime (Allflex), qui permet également un suivi de la rumination. "C’est un outil fonctionnel. Les données sont récupérées en direct sur le cloud dans une base de données", explique Julien Mante, de France Limousin Sélection, responsable de l’équipe de recherche et développement de France Limousin Sélection et IngenomiX.

Le premier phénotype qui fait l’objet de recherches est la durée de l’anoestrus post-partum. "La moyenne observée sur cette base de données se situe entre 50 et 60 jours, avec une très forte variabilité. On s’attend pour ce type de critère à un niveau relativement faible d’héritabilité ", explique Julien Mante. S’il s’avère qu’il est possible d’établir un test génomique sur la durée de l’aoestrus post-partum, il faudra définir une valeur optimum en race Limousine, puis paramétrer les résultats pour les présenter sous la forme d’une note. La réponse à ces questions sera donnée en octobre 2020.

Précocité sexuelle et durée de gestation

Les données collectées dans le cadre ce projet sont susceptibles également de permettre de travailler sur la précocité sexuelle, avec le phénotype "âge de la génisse quand surviennent ses premières chaleurs". "S’il est possible, là encore, de développer un test génomique sur ce caractère, on pourra ensuite chercher à étudier son lien avec la vitesse de finition des carcasses (vitesse du dépôt de gras)", poursuit Julien Mante.

Enfin, la durée de gestation est également à l’étude chez France Limousin Sélection et IngenomiX. En effet, avec les capteurs, on accède à la date de saillie fécondante des vaches conduites en monte naturelle, qui n’est autre que la date de la dernière chaleur enregistrée, à condition que la femelle reste équipée suffisamment longtemps après la période de reproduction pour confirmer cette dernière chaleur. France Limousin Sélection avait déjà travaillé sur la durée de gestation à partir des données disponibles pour les vaches conduites en insémination. Cette fois-ci, les travaux pourraient aboutir à un test génomique qui sera adapté à toute la population limousine, du fait d’une meilleure représentation de la diversité génétique.

Ce projet a permis de recueillir des données sur la fertilité des femelles qui jusqu’à présent n’ont pas pu être exploitées en races allaitantes pour un programme de sélection génétique. Pour développer des tests génomiques, le travail le plus long et le plus difficile est l’organisation de la remontée des données et leur « nettoyage ». Cette phase s’est achevée au printemps 2020. Il faut désormais compter quelques mois de travail pour élaborer et tester les outils génomiques. Environ 3 000 femelles du programme COWnect ont été génotypées, et d’autres animaux génotypés par IngenomiX pourront abonder la base. En effet, il est possible de capitaliser sur le travail de création de la population de référence Limousine, en valorisant les génotypes des ascendants des animaux du programme COWnect, pour consolider les études génomiques à moindre coût.

Pour les mâles : comportement alimentaire et résistance au stress thermique

COWnect comporte un volet de mesures collectées sur des mâles limousins. Les jeunes taureaux évalués à la station de Lanaud (87) ont été équipés pendant quatre ans de capteurs qui collectent en continu l’activité, la rumination et l’ingestion (dispositif Medria). "Cette partie du projet porte sur le comportement alimentaire", explique Julien Mante. Le temps de rumination, le temps d’ingestion et le temps de repos ont été enregistrés. Ces données comportent-elles une part de génétique ? Peuvent-elles être rattachées à l’efficacité alimentaire ? Les réponses seront connues fin 2020. Ces données collectées sur les jeunes mâles en croissance ouvrent aussi la perspective de développer un test génomique de résistance au stress thermique. " Nous sommes en train d’étudier cela. La résistance au stress thermique est devenue un caractère de grand intérêt notamment pour les ateliers d’engraissement en période estivale."

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