Quelles ont été les évolutions des apports pour les 47 marchés de bétail vivant adhérents à votre fédération ?
Alain Breteaudeau - Les apports ont globalement diminué de 3,9 % en 2019, avec une meilleure résistance des marchés au cadran comparativement aux marchés de gré à gré. Pour les bovins, la baisse porte principalement sur les petits veaux (-4,8 %) et les bovins de boucherie (-7,9 %). Pour le maigre, les apports sont stables et gagnent un point de représentativité dans l’activité à l’export. 26 % des animaux maigres exportés en 2019 ont au préalable été vendus sur un marché. Comme les autres acteurs du commerce du bétail, nous sommes confrontés à l’érosion du cheptel français dans un contexte de décapitalisation accentué par ces sécheresses à répétition.
Comment redynamiser les apports ?
¶A. B. - Qu’ils soient de gré à gré ou au cadran, s’il n’y a plus de marchés, il n’y aura plus de cotations et nous n’aurons plus de références pour le prix de nos animaux. Nos cotations sont très suivies. C’est aussi pour cela qu’il faut pérenniser les apports. Je souhaite le mettre en avant auprès des agriculteurs et des jeunes qui envisagent une installation. À nous d’aller sur le terrain, expliquer ces enjeux. La dimension des élevages fait que bien des éleveurs estiment ne pas avoir le temps d’aller sur les marchés. Trop d’agriculteurs découvrent le prix de leurs animaux uniquement quand ils reçoivent le paiement. C’est dommage. Savoir combien on va être payé avant que les bovins ne quittent l’exploitation fait pour moi partie intégrante du métier d’éleveur. Fréquenter les marchés permet d’être bien au fait de l’évolution des prix. Même si les apports sont majoritairement constitués d’animaux issus de cheptels allaitants, notre objectif est d’inciter nos collègues laitiers à conforter ces apports. Ils détiennent à quelque chose près la moitié du cheptel bovin français. Je rappelle aussi régulièrement aux commerçants en bestiaux qu’il est important, pour ces mêmes raisons, qu’ils continuent à nous amener des animaux.
Pourquoi les marchés au cadran résistent-ils mieux que les marchés de gré à gré ¶
A. B. - Si certains marchés de gré à gré n’avaient pas opté pour les cadrans il y a quelques années, ils n’existeraient plus aujourd’hui. Les cadrans sont une excellente façon de commercialiser des lots homogènes d’animaux maigres. D’ailleurs les commerçants en bestiaux, plutôt hostiles aux cadrans au moment de leur mise en place, y ont vite pris goût. L’autre gros atout des cadrans concerne la garantie et la rapidité de paiement associées à un mode de fonctionnement clair et transparent. Certains ont récemment lancé des ventes par vidéos interposées. Je dois reconnaître que j’étais sceptique au départ mais, au final, très agréablement surpris. Les nouvelles technologies favorisent la mise en place de ce type d’initiatives particulièrement intéressantes à suivre.
Pourquoi ces ventes au cadran ne concernent-elles pas davantage les animaux finis¶A
¶A. B. - Les cadrans sont moins adaptés pour la commercialisation des animaux de boucherie, en particulier pour les allaitantes de bonne qualité bouchère. Il faut les faire passer une à une sur le ring de vente et c’est très long. Sur le marché Cholet que je connais très bien pour l’avoir présidé entre 2008 et cette année, nous avons une moyenne d’un peu plus de 500 bêtes de boucherie chaque semaine. Il serait inenvisageable de les faire défiler une à une sur un cadran. Des initiatives très intéressantes ont été mises en place sur d’autres marchés, par exemple à Bourg-en-Bresse. Il demeure un marché de gré à gré mais assure la facturation et le paiement sous huit jours aux vendeurs. Pour le fréquenter, les acheteurs doivent présenter des garanties bancaires et ont un délai de trois semaines pour régler leurs achats auprès du marché. À noter également l’ouverture d’une section bio par plusieurs marchés.
« Fréquenter les marchés permet d’être au fait de l’évolution des prix »