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Sabot d’or 2022 en race aubrac : un niveau génétique en progression constante

L’EARL du Bassignat, situé en plein fief du charolais dans l’Allier, a choisi de sélectionner des aubracs depuis bientôt vingt ans. S’appuyant sur un contrôle de performances poussé et rigoureux, Annie Dorat et son fils, Yannick, améliorent la génétique de leur troupeau d’année en année.

Installés en 2004 à Charmes, dans l’Allier, Annie Dorat et son fils, Yannick, ont monté leur troupeau aubrac à partir de l’achat d’animaux inscrits issus d’un élevage cantalien. Le cheptel, qui se composait au départ de sept vaches suitées de femelles, quatre génisses pleines et un taureau, n’a cessé de croître, pour atteindre aujourd’hui soixante vêlages.

Ce n’est pas le fruit du hasard si le Sabot d’or 2022 revient à cet élevage, qui a fait le choix dès le départ du contrôle de performances VA4 pour son troupeau. Pour les accompagner dans leur progression, les exploitants peuvent compter sur Gilles Forges, technicien conseil chez Alsoni Conseil élevage, et co-lauréat du trophée.

La pesée comme un outil de pilotage

À l’EARL du Bassignat, les résultats de reproduction pour un cheptel en croissance sont remarquablement maîtrisés. Sur les cinq dernières années, l’intervalle vêlage-vêlage (IVV) moyen s’est établi à 376 jours, portant la productivité globale à 103,2 %, contre une moyenne raciale à 97,5 %. Sur la campagne 2021, le taux de mortalité n’a pas dépassé 1,9 % (1). « La reproduction s’effectue principalement en monte naturelle. Seules quinze génisses de renouvellement, pour lesquelles je réalise une synchronisation des chaleurs, sont inséminées. Le plan d’accouplement est établi en concertation avec le technicien de l’OS aubrac. Dans le cadre du contrôle des performances, la formule VA4 me permet d’accéder à davantage de taureaux intéressants. Par contre, il y a toujours quelques difficultés hors berceau pour s’approvisionner en doses », explique Yannick Dorat.

« La formule VA4 me permet de connecter mon troupeau pour viser un meilleur suivi génétique et de participer à l’évaluation collective des taureaux pour la race », relève Yannick Dorat.

Si l’éleveur avait opté pour le protocole VA4, c’était pour assurer d’abord la continuité de l’inscription, mais il en a très vite fait son outil technique de pilotage du troupeau. « Je tiens à connaître la valeur laitière de mes mères au travers du poids âge type (PAT) à 120 jours », précise Yannick. S’agissant des veaux, l’exploitant cherche à appréhender leur potentiel de croissance - avec le PAT 210 j - leur morphologie et leur comportement vis-à-vis de l’homme en s’appuyant sur le pointage. « Si la première pesée nous donne avec le PAT 120 jours une bonne indication de la production laitière des mères, l’observation des croissances à la seconde pesée permet de reprendre les choses en main », poursuit Yannick Dorat. En cas de résultats insatisfaisants, l’éleveur révise la politique d’accouplement et le choix des taureaux.

« L’EARL du Bassignat affiche une évolution constante sur les cinq dernières années. À 120 j, l’élevage a gagné 28 kg sur les mâles et femelles. À 210 j, les gains de poids s’élèvent à 33 kg, pour les mâles et 35 kg, pour les femelles. C’est également le seul élevage aubrac de l’Allier à suivre les croissances des génisses, renseigne Gilles Forges, d’Alsoni Conseil élevage. Et le résultat est spectaculaire, avec une progression de 120 kg à 24 mois. »

Les pesées permettent par ailleurs aux éleveurs d’évaluer la pertinence de leurs choix techniques comme l’adaptation de l’alimentation à la pousse de l’herbe et aux périodes hivernales.

Les qualités maternelles parmi les priorités

« Nous accordons une grande importance aux qualités maternelles pour que les vaches soient autonomes au vêlage et soient capables de nourrir leurs veaux », rapporte Yannick Dorat. Comme en témoigne la courbe d’évolution ci-contre, l’index de synthèse de valeur maternelle (IVMat) montre une progression fulgurante ces dernières années.

L’acquisition de taureaux de monte naturelle résulte de « choix éclairés ». Ces derniers ont tous été achetés en ferme en Lozère, dans le Cantal, l’Allier et plus récemment en Saône-et-Loire. « Je fais confiance à Gilles qui connaît mes besoins et les élevages susceptibles de me fournir les reproducteurs qu’il me faut comme ce dernier taureau de 18 mois né au Gaec du Regain, en Saône-et-Loire. Il a été repéré entre autres pour sa conformation et sa docilité, deux qualités indispensables pour un troupeau en plein air », poursuit l’exploitant.

À la question, pourquoi aucun achat en station raciale, Yannick répond « qu’il n’y a pas vraiment pensé mais que cela mérite réflexion ». D’autant plus que le schéma collectif l’intéresse de plus en plus.

Cinq femelles sélectionnées pour le génotypage

Après chaque pesée, Gilles Forges analyse avec l’éleveur les résultats tirés du nouvel outil interactif CoCliCow. Le binôme regarde notamment le bilan des veaux et des génisses. « L’outil est très performant et très riche, trop riche peut-être, car on est un peu frustrés de ne pas pouvoir tout explorer au regard du temps à consacrer à nos adhérents », estime le conseiller. Chaque année, ce dernier analyse aussi le bilan génétique du troupeau allaitant (BGTA) qui est très complet dans cet élevage connecté et reflète parfaitement le niveau génétique du cheptel. En 2021, les facilités de naissance (IFNais) du cheptel s’établissent en moyenne à 103 alors que la valeur pour la race indique 99,6. L’aptitude maternelle à l’allaitement (ALait) se situe quant à elle à 102,3, contre 99,9 pour la race. Avec un IVMat moyen de 105, c’est plus de six points qui séparent l’élevage de la moyenne raciale.

Lors de sa dernière visite, Gilles Forges a été explorer les fiches index du logiciel CoCliCow car cinq vaches du troupeau venaient d’être sélectionnées pour le génotypage, afin de compléter la population de référence raciale. L’annonce reçue dans un courrier du groupe coopératif Auriva-Élevage a fait prendre conscience aux éleveurs du haut niveau de leur cheptel et de leur contribution collective potentielle à la qualité des résultats d’évaluation génétique par génotypage. « Depuis le temps que je lui dis qu’il est légitime pour vendre des reproducteurs, j’espère maintenant qu’il va franchir le pas car ses animaux le valent », plaisante Gilles Forges.

(1) Source : Eliance/Alsoni Conseil élevage
À lire aussi : Les lauréats des Sabots d’or 2022 (27/11/22)

L’EARL du Bassignat en quelques mots

Chez Annie et Yannick Dorat, l’ensemble du troupeau aubrac est en race pure et à l’OS. L’exploitation s’étend sur 265 ha dont 100 ha de surfaces en herbe. Un sous-sol granitique et un sol argilo-sableux portants et drainants permettent la conduite du cheptel en plein air intégral sur un plateau venté à 450 mètres d’altitude. Vallons et bois assurent des abris et la paille ajoutée garantit une aire de couchage sèche. Elle provient des 165 ha de blé, orge, tournesol, colza, seigle cultivés de l’exploitation.

Côté reproduction, la période de vêlage s’échelonne entre l’automne et le début d’hiver. Les éleveurs s’assurent ainsi des « gros » veaux résistants pour hiverner dehors et ils bénéficient aussi de prix de vente plus attractifs début juillet. Toutes les réformes partent quant à elles en maigre en Saône-et-Loire pour y être engraissées.

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