Ruminants : quelle marge à l’hectare pour les différents types de fourrages ?
Cultiver les surfaces fourragères est rentable à condition d’atteindre certains seuils de rendement. C’est ce que montre une étude de la chambre d’agriculture du Cantal.
Cultiver les surfaces fourragères est rentable à condition d’atteindre certains seuils de rendement. C’est ce que montre une étude de la chambre d’agriculture du Cantal.
La chambre d’agriculture du Cantal a comparé l’intérêt économique en conjoncture 2021 des différents types de fourrages issus de prairies selon les itinéraires techniques constatés en ferme et les niveaux de rendement. Ils ont été situés par rapport à des maïs, des méteils et des céréales.
Sans surprise, les prairies naturelles pâturées sortent parmi les surfaces fourragères qui permettent de dégager la meilleure marge à l’hectare. Avoir recours au pâturage à chaque fois que c’est possible est toujours une bonne option. « Mais aujourd’hui, diversifier son assolement et son système fourrager renforce la résilience du système face aux aléas », rappelle Yann Bouchard, ingénieur en méthodes et références à la chambre d’agriculture du Cantal. « Et cultiver les surfaces fourragères est rentable, y compris en prenant le coût de la main-d’œuvre en compte, à condition d’atteindre certains seuils de rendement ».
Des écarts à surveiller
D’après cette étude, les seuils à atteindre au moins huit années sur dix s’établissent à 60 quintaux/ha pour les céréales en tenant compte du coproduit paille, 10 tonnes MS/ha (tMS/ha) pour un maïs fourrage en culture principale et 15 tMS/ha au total pour une double culture méteil et maïs fourrage si on compare ces cultures à une prairie temporaire à 7 ou 8 tMS/ha. Pour les prairies temporaires de courte durée, cette étude montre des marges dégradées par rapport aux autres cultures.
« Il faut essayer de préserver leur qualité. Entre une récolte début épiaison et une récolte à l’épiaison, la perte de marge est forte. Cela la ramène au niveau de celle d’une prairie naturelle », explique Yann Bouchard. Pour réduire le coût à l’hectare, le choix du mode de récolte (en individuel ou en Cuma) pèse d’autre part plus lourd dans la marge que le mode de récolte lui-même (enrubannage ou ensilage). « Le coût du plastique pour l’enrubannage (16 euros/t) est par contre proche de celui pour un stockage en silo (22 euros/t) en tenant compte de sa période d’amortissement de dix ans. Et la main-d’œuvre est plus importante pour un fourrage ensilé », analyse le spécialiste.
Le méteil pénalisé par sa valeur alimentaire
La luzerne affiche quant à elle de très bons résultats. « C’est probablement la culture dégageant la meilleure marge avec un potentiel atteignable même en condition de stress hydrique », remarque l’ingénieur. Avec pour limites le risque d’attaque de campagnols terrestres ou encore le challenge technique de qualité à la récolte.
S’agissant du maïs fourrage, il dégage une des meilleures marges de cette étude si le rendement atteint 10-11 tMS/ha. Pour les dérobées avant maïs, le ray-grass d’Italie est à privilégier pour son faible coût et sa bonne valeur alimentaire. Cette double culture arrive en tête des marges à l’hectare.
La culture du méteil engage de faibles coûts, mais son intérêt économique est à relativiser par rapport à sa valeur alimentaire (qui peut être améliorée par une plus grande richesse en protéagineux et une récolte au bon stade de la céréale). « Ses avantages sont plutôt dans la sécurisation du système et son faible impact environnemental », rapporte Yann Bouchard.
« Pour les céréales, au-delà du seuil de 6 tonnes de grain par hectare, les valoriser au sein de l’exploitation s’avère payant d’après des simulations spécifiques », ajoute l’expert.
Des repères issus d’enquêtes auprès d’éleveurs du Cantal
Les itinéraires techniques sont issus d’enquêtes auprès d’éleveurs du Cantal. Les coûts retenus pour les différents travaux sont ceux de référentiels (barème d’entraide BCMA, Cuma de la région Grand Est, ou entreprise de travaux agricoles). Concernant les intrants, les coûts sont issus du référentiel élevage Inosys sud Massif central. Ces calculs intègrent le coût de la main-d’œuvre. Cette étude fournit les coûts de production moyens pour chaque type de fourrage par hectare et par tonne de matière sèche en fonction de différents niveaux de rendement. Les produits générés sont calculés à partir de valeurs alimentaires moyennes (source : Cantal conseil élevage) et des prix de marché en 2021.