Retrouver de la compétitivité
Le RMT Economie des filières animales s'est intéressé à l'analyse des mécanismes de la compétitivité
des filières animales françaises.
Le réseau mixte technologique (RMT) « Economie des filières animales » s'est réuni en décembre, pour présenter le travail mené par un certain nombre d'institutions qui se sont penchées sur l'analyse des mécanismes de la compétitivité des filières animales. La crise de la zone euro a servi de révélateur pour évaluer les différentiels de compétitivité entre ses principaux membres. Les rattrapages allemand, hollandais et désormais brésilien, ont mis en exergue le recul des positions françaises sur les marchés mondiaux de produits agricoles et alimentaires dans les filières viande (porcs, bovins et volailles). « Ces constats invitent par conséquent à s'intéresser à la notion de compétitivité qui peut, pour une entreprise, se définir par sa capacité à se développer en faisant face aux assauts de la concurrence, tant sur le marché extérieur que sur le marché intérieur, mais également en prenant en compte des critères hors-coûts (compétitivité structurelle), tels que la différenciation des produits (marques, IGP...), la traçabilité, l'innovation et l'organisation des filières », souligne Thierry Pouch, responsable du Service des études économiques de l'assemblée permanente des chambres d'agriculture.
Plusieurs voies d'amélioration
Des responsables d'entreprises ont été amenés à réagir à ce manque de compétitivité des filières françaises face à leurs concurrents mondiaux et européens. Pour eux, les activités des filières animales sont l'objet de contraintes de toutes sortes (réglementations, environnement, demandes sociétales...). D'autre part, l'ensemble de l'agriculture française est soumis à de fortes évolutions qui vont s'accélérer avec l'ouverture croissante des marchés, la concentration des entreprises, l'évolution démographique et la nouvelle PAC. « On a le sentiment qu'une chape nous écrase et pourtant, on a les ressources nécessaires sur notre territoire », a noté Michel Prugue, président de l'Itavi et de Maïsadour. L'amélioration de la compétitivité est donc incontournable pour faire face à ces changements. Créer de la valeur ajoutée, moderniser l'aval et l'amont, mieux comprendre les demandes des consommateurs et s'investir sur de nouveaux marchés sont les voies d'améliorations citées pour sortir du déclin.
Un modèle allemand marqué par la dominance des discounters
Le professeur Thomas Roeb de l'université des sciences appliquées BonnRhein-Sieg, est intervenu pour faire part de certaines clés de la performance de la filière allemande. Selon lui, les discounters comme client final y ont participé dans une large mesure. En effet, la grande distribution allemande est marquée par la domination du discount à la mode de Aldi et de Lidl et ceci, depuis longtemps. « Plus ou moins boycotté par les grandes marques dans les années 60/70, Aldi a développé ses propres marques, suivi par Lidl. Le manque de fournisseurs pour des marques de distributeurs a obligé les discounters à aider de petites entreprises à se développer. Ce sont principalement des entrepreneurs indépendants qui ont répondu à cette demande, car ils peuvent décider très rapidement et maîtriser en détails leur métier. Ainsi, travailler pour des discounters a fait entrer ces fournisseurs dans un cercle vertueux : ils ont pu tout d'abord s'agrandir puis utiliser cette taille pour développer l'export et peuvent continuellement investir, un débouché étant assuré », note Thomas Roeb. Selon lui, les travailleurs de l'Europe de l'Est y ont également contribué, plus par leur disponibilité que par leurs faibles coûts...
Les intervenants de cette journée se sont accordés sur le fait que pour retrouver de la compétitivité, il ne faut pas regarder sur le court terme et incriminer uniquement les coûts salariaux. Le redressement passera davantage sur le long terme en développant l'investissement, en renouvelant le matériel et en favorisant l'innovation pour des performances durables que ce soit du côté amont ou du côté aval.
Concertation entre spécialistes en économie des différentes filières
Créé en 2011, le RMT rassemble des spécialistes en économie des différentes filières (ruminants, volailles, porcs, productions végétales) des divers instituts techniques, de l'Inra et de l'enseignement agricole (Ifip, Institut de l'élevage, Itavi, AgroParistech, Arvalis, Cetiom,
APCA, FranceAgriMer, Agro Campus ouest, Agri Campus toulouse, ESA Angers).