Vêlage : pourquoi et comment se déclenche-t-il ?
Différents facteurs influencent la durée de gestation d’une vache, mais c’est bien le veau qui déclenche lui-même le moment du vêlage… Quand il est prêt !
Différents facteurs influencent la durée de gestation d’une vache, mais c’est bien le veau qui déclenche lui-même le moment du vêlage… Quand il est prêt !
Le déclenchement du vêlage induit par l'ACTH
En fin de gestation, c’est le veau qui est à l’origine du déclenchement du vêlage. Quand il atteint un état de maturation suffisant, son hypophyse se met à sécréter une hormone, l’ACTH (adrenocorticotropic hormone). Celle-ci conduit à la synthèse d’une deuxième hormone : le cortisol. Le taux de cortisol circulant chez le fœtus augmente de façon exponentielle au cours des deux dernières semaines de gestation.
Ce cortisol fœtal déclenche au niveau du placenta des modifications qui aboutissent à la synthèse de prostaglandines au niveau des cotylédons. Ceci engendre la régression du corps jaune. Indirectement, le cortisol fœtal modifie ainsi l’équilibre hormonal de la vache avec une augmentation du taux des œstrogènes et une baisse de la progestérone.
L’ocytocine renforce les contractions utérines
Cette modification hormonale induit les contractions et le relâchement de la filière pelvienne, et le vêlage s’engage. L’ocytocine n’intervient pas dans le déclenchement du vêlage, mais elle agit secondairement dans la phase d’expulsion en renforçant les contractions utérines.
Comment prévoir la date du vêlage ?
La durée moyenne de gestation donne une indication approximative pour prévoir la date du vêlage à partir de la connaissance de la date d’insémination ou de la saillie. Mais au sein d’une race, on observe des différences d’une vingtaine de jours entre femelles pour la durée de gestation. En moyenne, les primipares ont une gestation un peu plus longue, alors que les gestations gémellaires ont tendance à être plus courtes.
Les changements de comportement de la mère à l’approche du vêlage, tels que l’agitation et l’isolement, apparaissent aussi dans un délai très variable d’une vache à l’autre avant le déclenchement du vêlage.
La chute de température, un indicateur fiable de mise bas
Les signes de préparation au vêlage donnent de meilleures indications. La préparation externe complète – le relâchement des ligaments sacrosciatiques, la plénitude mammaire et la tuméfaction vulvaire – est acquise dans les 48 heures qui précèdent le vêlage.
La température baisse 48 heures avant le vêlage
La mesure de la température corporelle qui correspond à une chute de la progestérone pour la vache permet d’évaluer l’imminence du vêlage. Après une phase d’augmentation de la température, elle commence à baisser 48 heures avant le vêlage. Celle-ci peut s’évaluer le soir avec un thermomètre à bien placer contre la muqueuse rectale de la vache, ou bien avec un dispositif de monitoring. Tant que la température reste supérieure à 39 °C, le vêlage n’est pas imminent. Quand la température chute d’au moins 0,5 °C depuis la prise précédente, le vêlage est très probable dans les prochaines 24 heures (75 % de vêlages dans les 12 heures, 98 % de vêlages dans les 24 heures).
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Le monitoring donne l'heure de début du travail
Pour prévoir plus précisément l’heure du vêlage, la bibliographie ne donne pas de repère avéré. L’étude de la phase lunaire, de la chute de pression atmosphérique, ou encore de la répétabilité de l’heure de mise bas d’une année à l’autre pour une vache donnée ne permet pas de conclure.
Le monitoring (caméra, colliers, dispositifs sur la queue...) permet d'obtenir la donnée essentielle pour gérer le vêlage, à savoir : à quelle heure le travail a commencé.
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Au moment du vêlage, les repères sur l’heure d’expulsion du veau
Une fois le vêlage enclenché, le degré d’ouverture du col donne dans une certaine mesure des repères sur le délai avant l’expulsion du veau. Quand il atteint 12 à 16 centimètres, on l’estime entre une et trois heures. Mais la variabilité d’une vache et/ou d’un vêlage à l’autre limite l’intérêt de ce critère.
Nourrir le soir pour moins de vêlages déclenchés la nuit ?
Pour essayer de diminuer le nombre de vêlages qui interviennent la nuit, des études ont porté sur l’effet de la distribution de l’alimentation des femelles en fin de gestation. Alimenter les animaux préférentiellement le soir à 22 heures pourrait permettre d’avoir une plus grande proportion d’entre elles qui vêlent en journée. Mais la bibliographie fait état d’un effet faible et non systématique de cette pratique. Jouer sur les horaires d’éclairement, avec un effet sur les heures d’alimentation, a aussi été étudié sans donner non plus de réponse tranchée.
Surveiller la préparation au vêlage sans déranger
Le stress de la vache en phase de préparation peut perturber la mise bas. En situation de stress, une libération d’adrénaline inhibe les contractions utérines si le col n’est pas encore dilaté. Une vache dérangée risque de mettre plus longtemps à vêler. Cela peut aboutir à une non-dilatation du col, un utérus atone.
La fouille ne doit pas être systématique mais effectuée si les différentes phases ne s’enchaînent pas dans les normes. C’est-à-dire si la vache présente des coliques depuis plus de deux heures sans évolution, si la phase de dilatation dure depuis plus de six heures ou si la phase d’expulsion s’étend depuis plus de trois heures.
Une exploration vaginale est alors à effectuer sur la vache debout en portant des gants. Selon la situation, il est décidé alors d’attendre, d’intervenir pour extraire le veau ou d’appeler le vétérinaire.