Comportement des animaux
Repérer les situations à risque avant l'accident
Des situations imprévues et l’instinct maternel des vaches qui protègent leurs petits veaux sont les principales origines des accidents qui interviennent en élevage allaitant.
Pour Pierre-Marie Joseph François, conseiller en prévention de la MSA Bourgogne et formateur à l’Institut de l’élevage, le comportement des bovins permet d’expliquer dans de nombreux cas les origines des accidents qui se produisent au cours des manipulations. Un certain nombre d’accidents sont liés à des événements imprévisibles ou imprévus comme le bruit du passage d’un avion à réaction, des rayons lumineux qui se réfléchissent sur des flaques d’eau, des tôles galvanisées ou des bâches plastique. Il y a aussi les accidents « de mariage » ou « de communion » : l’éleveur parfumé et portant une chemise blanche n’est pas reconnu par le troupeau. « Introduire un chien, qui est assimilé par les bovins à un prédateur, n’est jamais anodin et il faut toujours le faire en respectant certaines règles. Attention aux enfants, y compris ceux de l’éleveur : moins grands et très mobiles, ils ne sont pas très bien discernés par les bovins qui peuvent eux aussi les assimiler à un prédateur. » Fixer le regard des bovins peut aussi être assimilé à une agression et entraîner des réactions de fuite. Point bien connu des éleveurs, le comportement des bovins peut être complètement chamboulé par l’entrée d’une nouvelle personne (stagiaire, voisin, vétérinaire…). L’influence du temps orageux, de la lune, de la géobiologie voire des courants électriques est parfois incriminé dans les variations de comportement imprévues. Un accident peut être lié à des gestes mal réussis ou mal organisés. Par exemple un taureau piqué trois fois pour des problèmes techniques peut bousculer son éleveur au moment où il est détaché. Chaque bovin peut réagir d’autre part avec sa mémoire, en fonction de ses expériences passées, d’une façon que l’éleveur s’explique a posteriori mais qui n’était pas prévisible. « Les animaux dominés peuvent être une source d’accident s’ils cherchent un espace de fuite par rapport à l’animal dominant dans un espace restreint », relève aussi Pierre-Marie Joseph François. « C’est ce type d’animal qui peut essayer de sauter une barrière ou de passer à travers une haie, voire se retourner vers l’éleveur plutôt que d’avoir à s’approcher de l’animal qui lui mène la vie dure toute la journée dans le lot. » Ce type de réaction renvoie à la notion de respect de la bulle de sécurité des bovins.
L'instinct maternel source d'accident
Un certain nombre d’accidents se produisent au moment du vêlage puis dans les jours suivants. Certaines mères se comportent de façon particulièrement réactives à ce moment-là, et ceci est très variable d’un animal à l’autre. Les bonnes mères protègent leur veau de toute la force de leur instinct maternel. Il ne faut jamais se placer entre la mère et son veau, et être très vigilant avec cette catégorie d’animaux. Le bouclage des nouveau-nés est particulièrement dangereux. « L’instinct maternel cause certainement davantage d’accidents en élevage allaitant que les agressions de taureaux, qui sont peut-être davantage prévenues de la part des éleveurs. » L’introduction d’un taureau reproducteur est une période à risque. Il faudra qu’une hiérarchie s’établisse avec le ou les autres taureaux de l’élevage, ce qui se passe en général très rapidement. L’éleveur doit faire attention s’il se déplace d’un taureau à l’autre d’aller du plus gros au plus petit car s’il fait l’inverse, il apporte avec lui l’odeur du dominé qui peut provoquer une agression. Se débarrasser des taureaux méchants ou capricieux relève du bon sens, mais il faut toujours se méfier des taureaux, même de ceux réputés gentils et spécialement quand il y a une vache en chaleur. Une autre période très sensible est celle du moment où ils sont séparés des vaches après la période de saillie. Attention à la pose de l’anneau nasal (qui doit être de préférence équipé d’une chaine ou d’une longe passant autour des cornes pour constituer un meilleur outil de contention). Certains éleveurs choisissent de ne pas être présents au moment de sa pose afin que leur contact avec le taureau ne soit pas associé dans sa mémoire à cette brimade. Il est conseillé de le faire poser avant la première saillie.
Quelques règles simples
• Garder ses distances avec le taureau Il est important d’adopter une bonne attitude avec les taureaux. Il vaut mieux ne pas flatter ou gratter les taureaux d’élevage. En particulier si on est assimilé à un rival entrant dans son harem. « Mieux vaut en fait garder avec le taureau une certaine distance, ne pas se mettre en opposition avec lui mais plutôt essayer de le noyer dans la masse pour les déplacements », conseille Pierre-Marie Joseph François . « Quand un taureau secoue la tête ou gratte, l’éleveur doit lui signifier qu’il n’accepte pas la menace par un bon coup de voix, voire un geste du bâton. Il ne faut pas le laisser marquer sa domination ».
• Le bon usage du bâton « Le bâton est un outil nécessaire au quotidien. Il sert pour prendre contact, marcher, rallonger le bras… et en dernier recours répondre à une menace. » Il ne doit jamais servir à donner des coups gratuits. Le jour où l’on oublie son bâton, on se déplace différemment et cela peut entraîner un comportement modifié des animaux. Mieux vaut prendre le temps d’aller rechercher son bâton. Parler beaucoup permet de rassurer ou d’« engueuler » les animaux, et permet aussi à ceux qui ne le voient pas directement de positionner l’éleveur et évite ainsi de les surprendre. Des installations de contention bien adaptées, solides et respectant les comportements des bovins (non bruyantes, avec le moins possible de lignes droites, sans odeur inhabituelle…) sont le meilleur outil de prévention en adoptant une conduite qui favorise la docilité par la sélection et les pratiques.