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Quelle place donner au maïs dans son système fourrager ?

Yan Mathioux, nutritionniste indépendant, propose aux éleveurs une clé de décision en deux niveaux : le rendement moyen des quatre dernières années, et le prix du kilo de la ration à base d’ensilage de maïs.

© F. Mechekour
© F. Mechekour -archives

C’est une question que se posent bon nombre d’éleveurs, après une succession d’années plus ou moins bonnes. Sur tout le territoire français, les étés sont plus précoces et plus secs et les maïs non irrigués donnent des rendements de plus en plus variables d’une zone à l’autre et d’une exploitation à l’autre. « Le raisonnement se fait en deux niveaux », explique Yan Mathioux, nutritionniste indépendant. « Le premier est le rendement moyen obtenu sur les quatre dernières années. Car le coût de production de l’ensilage de maïs augmente fortement si le rendement est faible, du fait d’une moindre dilution des charges. Le second est le coût de la ration, calculé en additionnant le coût de production de l’ensilage de maïs et le coût de sa complémentation, qu’il faut comparer à celui d’autres rations possibles. »

Pour Yan Mathioux, en dessous de 8 tMS/ha de rendement moyen du maïs ensilage sur les quatre dernières années, le coût de la ration est forcément plus élevé que celui d’une ration à base d’autres fourrages comme un RGI de 18 mois ou un méteil riche en légumineuses. Entre 8 et 10 t MS/ha, il faut calculer, comparer, et éventuellement ajuster son assolement. Au-delà, avec un rendement moyen sur quatre ans d’au moins 10 à 12 t MS/ha (et 15 à 16 t MS/ha en irrigué), l’ensilage de maïs conserve son intérêt économique et sécuritaire.

Lire aussi : Maïs fourrage : comment choisir ses variétés pour les semis 2021 ?

Le coût de production du maïs s’évalue à partir des données de son élevage s’il est possible de bien prendre en compte tous les postes de charge, ou bien plus simplement on peut se fier aux fiches Perel (site consacré à l’autonomie fourragère des exploitations, édité par la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire.)

L’idéal est de calculer le coût de l’ensilage de maïs rendu auge, en intégrant le coût de la distribution. Mais déjà, le coût rendu silo hors main-d’œuvre représente une bonne base de discussion. Par exemple pour se repérer, on peut retenir qu’un ensilage de maïs qui donne 11 t MS/ha en non irrigué - ou 15 t MS/ha en irrigué - a un coût de production autour de 115 euros/t MS rendu silo hors main-d’œuvre. « Si le rendement est inférieur à 8 t MS/Ha, le coût de production représente 130 à 140 euros/t MS. Et pour un rendement inférieur à 6 t MS/ha, il atteint 160 euros/t MS », illustre Yan Mathioux.

Lire aussi : Des variétés de maïs fourrage plus typées

Dans un deuxième temps, il faut comparer le coût de production d’un kilo de matière sèche de la ration maïs ensilage-tourteau de soja à celui d’autres rations de même valeur alimentaire. « Pour la complémentation, on compte 1 kilo de tourteau de soja par tranche de 10 kilos d’ensilage de maïs dans la ration. » C’est cette proportion qui permet d’équilibrer le fourrage, en donnant une ration à 16 % de MAT et aux environs de 0,95 UFL/kg MS. « Le coût est dans ces conditions de 172 euros/t MS pour la ration corrigée, avec un maïs ensilage à 100 euros/t MS et un tourteau de soja à 400 euros/t).

Le prix du tourteau de soja entre dans l’équation

Cette année, avec un coût très élevé du tourteau de soja – et dans la foulée probablement de toutes les autres sources de complémentation protéique -, les effets sur le coût de la ration seront particulièrement marqués. Pour une complémentation protéique non OGM, il faut compter encore un coût supplémentaire (environ 100 euros/t de plus).

Pour comparer, on peut étudier une ration à base d’un bon ensilage de RGI 18 mois, récolté précocement la première fois puis au moins une seconde fois dans l’année. Elle a un coût de production de l’ordre de 144 euros/t MS avec 9 à 10 kg MS d’ensilage de RGI, 1 kg de céréales (à 180 euros/t) et 100 g de tourteau de soja (400 euros/t). Une autre option est une ration à base d’un méteil riche en légumineuses ensilé fin avril, qui donne 6 à 7 tonnes MS. La ration qui se compose de 9 kilos bruts de fourrage, 1 kilo de triticale et 300 g de tourteau de soja revient à 160 euros/t MS.

On peut bien sûr toujours discuter autour des hypothèses faites sur les coûts de production, mais c’est une bonne base de réflexion. « Diversifier les fourrages et disposer de stocks à récolter au printemps permet en plus de sécuriser son année fourragère », conseille Yan Mathioux. Au-delà de cette approche par le calcul, plusieurs facteurs entrent ensuite en considération et dépendent de chaque élevage : la nature des sols, la main-d’œuvre et la mécanisation, les débouchés des animaux à engraisser…

Du maïs grain irrigué complète l’enrubannage de luzerne

 

 
La ration des jeunes bovins peut être préparée tous les quatre jours.  © EARL Champroy
La ration des jeunes bovins peut être préparée tous les quatre jours. © EARL Champroy
L’EARL Champroy, dans le Cher, est une ferme de polyculture élevage avec 80 à 90 limousines en système naisseur engraisseur. Le maïs occupe selon les années 20 à 30 hectares sur les 30 hectares situés en bordure de rivière pouvant être irrigués. Les autres terres – les cailloux - sont de très mauvaise qualité et ce n’est pas la peine de penser y faire du maïs. Le maïs grain est destiné à la vente, et une petite partie de la récolte entre dans la ration d’engraissement.

 

« Notre objectif de croissance pour les jeunes bovins est modéré (1300 à 1400 g/jour) pour ne pas risquer de voir apparaître de pathologies, et l’enrubannage de luzerne a une très bonne valeur alimentaire. Il est équilibré par le pois que nous produisons. Le maïs grain représente 37 % de la ration des jeunes bovins et 30,5 % de la ration des vaches et génisses à l’engraissement », expliquent Maaike et Douwe Radersma. Cette ration est suffisamment sèche pour pouvoir être préparée une fois tous les quatre jours et bien supporter la chaleur ; les éleveurs ont en effet des animaux en finition présents durant l’été.

Dans l’idéal, le maïs reçoit cinq ou six tours d’eau de 30 à 35 mm. Tous les étés, des restrictions de l’usage de l’eau sont prononcées. Jusqu’à présent, elles n’ont pas mis en péril l’aboutissement de la culture. « Nous obtenons ces dernières années un rendement moyen de 80 qx quand il était possible d’atteindre 100 à 110 qx il y a dix ans en meilleures conditions », observe Douwe Radersma.

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