Désherbage des prairies
Privilégier le traitement chimique à l´installation
Désherbage des prairies
L´installation de la prairie est le moment où le recours à un désherbage chimique est certainement le plus pertinent.
Y associer les autres moyens de lutte permet de limiter le risque de salissement des prairies.
Y associer les autres moyens de lutte permet de limiter le risque de salissement des prairies.
Quand une prairie est installée, ce sont d´abord surtout des espèces annuelles de mauvaises herbes qui se développent. Petit à petit, des espèces pluriannuelles et vivaces peuvent faire leur apparition et prendre le pas sur les annuelles. Elles sont en effet mieux adaptées au cycle d´exploitation d´une prairie installée ; les annuelles ont plus de mal à se resemer d´une année sur l´autre.
La pénétration des désherbants dans les mauvaises herbes peut se faire par voie racinaire, par voie foliaire ou par les deux voies à la fois. « L´essentiel des matières actives entrant dans des compositions autorisées sur prairies sont à pénétration foliaire. Elles s´utilisent donc une fois que les mauvaises herbes ont levé », explique Jean-Luc Verdier, d´Arvalis. Elles ont soit un mode d´action systémique c´est-à-dire qu´elles circulent dans la plante, soit un mode d´action par contact. Un produit efficace sur des plantes développées ou pluriannuelles et vivaces a forcément un mode d´action systémique.
Les matières actives qui agissent par contact, c´est-à-dire au niveau des gouttelettes déposées sur les feuilles des mauvaises herbes, ont quant à elles un impact important sur des mauvaises herbes jeunes et plutôt sur des annuelles. « Ce sont des produits de désherbage précoce, efficaces sur les dicotylédones au stade plantule, qui sont donc à utiliser principalement à l´installation d´une prairie », analyse Jean-Luc verdier.
Avec ces produits, plus l´intervention est précoce et plus l´installation de la prairie se fera facilement. Les mauvaises herbes ne devraient pas dépasser le stade trois quatre feuilles pour que le traitement soit le plus efficace possible. Ces produits doivent être utilisés à un volume suffisant pour que la pulvérisation couvre bien les feuilles. Il faut traiter à au moins 200 litres par hectare, et avec une hygrométrie de l´air pas trop basse.
Ces traitements sont par contre moins exigeants sur les conditions météorologiques que ceux qui agissent de façon systémique et qui représentent l´essentiel des matières actives entrant dans des compositions utilisables sur prairies. Elles agissent en circulant dans les plantes, et doivent donc être pulvérisées en conditions « poussantes ». La température ne doit pas être inférieure à 10ºC et l´hygrométrie de l´air supérieure à 50 ou 60 % pour qu´elles traversent bien la cuticule des mauvaises herbes. Ces conditions se trouvent assez facilement réunies au début du printemps. On peut s´équiper d´un hygromètre pour le vérifier. Il faut en tous cas éviter d´intervenir dans une période longue de temps sec, et entre dix-onze heures et seize-dix-sept heures. Rappelons que pour éviter le lessivage du produit, il faut attendre que la rosée, voire une éventuelle pluie, soient ressuyées avant de traiter.
Intervention dès l´installation pour être efficace
Il existe aussi quelques matières actives utilisables sur prairies au mode de pénétration mixte, c´est-à-dire à dominante foliaire systémique et aussi racinaire. C´est le cas par exemple des sulfonylurées. Une matière active à mode de pénétration racinaire s´applique avant ou au tout début de la levée des mauvaises herbes. Son efficacité nécessite une certaine humidité du sol pour que les molécules pénètrent dans le sol et atteignent bien les racines.
« S´il y a un moment où le désherbage chimique des prairies s´avère le mieux valorisé, c´est à l´installation », analyse Jean-Luc Verdier. Sur une prairie installée, on a intérêt à associer tous les moyens de lutte pour limiter le salissement (voir encadré).
Quand un traitement chimique dans une prairie installée s´avère nécessaire, il faut respecter, avant de reprendre son exploitation, un délai qui permet, d´une part, que les résidus du produit soient éliminés par les plantes, et, d´autre part, que la matière active ait le temps d´agir. Ce qui en général met entre quinze jours et trois semaines, et peut être au printemps très pénalisant pour l´exploitation de l´herbe. Il faut aussi faire suivre le traitement par une rénovation de la prairie (sursemis), afin de ne pas laisser vides les espaces libérés par la destruction des adventices.