Prédation : « Après la découverte d’un veau dévoré, l’OFB refuse de reconnaître le loup comme coupable »
Christophe et Cécile Deveaux, à la tête d’un troupeau de soixante-dix vaches limousines à Sainte-Orse, en Dordogne, ont retrouvé le 21 juillet dernier dans un pré attenant à la stabulation un de leurs veaux mort, éviscéré. Malgré plusieurs témoignages de chasseurs et d’éleveurs corroborant la présence du loup dans les alentours et la collecte de preuves évidentes, l’OFB n’en démord pas. Le constat de dommages exclut toute attaque liée à la prédation. Le couple d’éleveurs ne compte pas en rester là.
Christophe et Cécile Deveaux, à la tête d’un troupeau de soixante-dix vaches limousines à Sainte-Orse, en Dordogne, ont retrouvé le 21 juillet dernier dans un pré attenant à la stabulation un de leurs veaux mort, éviscéré. Malgré plusieurs témoignages de chasseurs et d’éleveurs corroborant la présence du loup dans les alentours et la collecte de preuves évidentes, l’OFB n’en démord pas. Le constat de dommages exclut toute attaque liée à la prédation. Le couple d’éleveurs ne compte pas en rester là.
« En pleine période de vêlages, nous avions placé un lot de femelles gestantes dans une parcelle à quelques centaines de mètres du bâtiment principal pour les surveiller de près. Le jeudi 20 juillet dans la soirée, nous avions pu constater qu'une de nos vaches avait mis bas. Le veau était en parfaite santé, et sur ses quatre pattes. Mais le lendemain matin, c'est avec horreur que nous avons découvert le nouveau-né mort, éventré. Le vétérinaire dépêché sur place a indiqué n’avoir jamais vu une blessure pareille. Pas une trace de viscère dans le champ.
Deux membres de la Fédération des Chasseurs de Dordogne, sollicités également pour voir la victime, nous ont indiqué en aparté qu’il s’agissait vraisemblablement d’une attaque de loup. Les vaches n’étaient pas rentrées dans la stabulation pendant la nuit comme à leur habitude. Et la journée qui a suivi l’attaque, elles sont restées aux aguets en plein cagnard, sans boire ni manger. Nous étions très inquiets.
Par la suite, deux agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) sont venus pour établir le constat des dommages. Avant même d’avoir analysé les échantillons prélevés sur l’animal, les experts ont écarté l’hypothèse du loup indiquant que le prédateur "attaquait normalement au cou" (1). Ils ont décrété que le veau, mort seul, avait été mangé par des charognards. Les mêmes conclusions avaient été rendues à un éleveur bovin situé à Arnac-Pompadour (Corrèze). Ce dernier avait lui aussi retrouvé un de ses veaux éviscérés.
Mais nous avions bien trop de preuves contradictoires pour accepter un tel diagnostic. Le jeudi 20 au soir, un de nos voisins chasseurs à 600 mètres à vol d’oiseau de notre exploitation dit avoir aperçu un loup dans la lunette de son fusil. Le dimanche 30 juillet, un autre chasseur de grand gibier nous a rapporté s'être retrouvé nez à nez avec un loup, très efflanqué et haut sur pattes, sur la commune de Granges d’Ans, non loin de chez nous.
Entre-temps, nous avons repéré des empreintes aux abords du pré, beaucoup trop grandes pour être assimilées à des traces de chien. Également, nous avons retrouvé des poils accrochés à la clôture ainsi que des crottes noires.
Mais malgré ces témoignages corroborants et les prises d’échantillons effectuées aux abords de nos pâtures, l’OFB est resté campé sur ses positions. Une image prise par un piège photographique daté du mois de mars 2023, à 10 km de notre exploitation, leur a même été présentée. Alors que la caméra montrait sans l'ombre d'un doute un canidé, les experts ont acté qu’il s’agissait d’un chevreuil.
Ce fut la moquerie de trop pour nous. C’est pourquoi, soutenus par la Coordination rurale, nous comptons porter plainte à la gendarmerie, en espérant obtenir gain de cause. »
(1) « Les signes sur bovins sont moins typiques que sur les petits ruminants. Étant donné leur grande taille, les loups ciblent davantage les membres arrière et la queue plutôt que le cou » évoque Alexis Soiron, chargé de mission faune sauvage à Chambres d’Agriculture France. « D’où l’importance de former rapidement les agents constatants, y compris dans les parcs naturels et les territoires de front de colonisation », reprend-il.