Pâturage de couverts : « Les déjections redynamisent les flux de carbone et la fertilité des sols »
Franck Baechler, éleveur et conseiller en agriculture de conservation des sols (HolistiCom), souligne l’importance de mettre en œuvre des pratiques qui visent à l’équilibre entre les bénéfices pour le sol et pour les vaches.
Franck Baechler, éleveur et conseiller en agriculture de conservation des sols (HolistiCom), souligne l’importance de mettre en œuvre des pratiques qui visent à l’équilibre entre les bénéfices pour le sol et pour les vaches.
Jouer la synergie entre les sols et les animaux via le pâturage, Franck Baechler sait de quoi il parle. C’est en reprenant une ferme « agronomiquement à plat », en Sologne, qu’il a décidé d’utiliser des animaux « pour les sols ». Ses vaches Angus passent toute l’année dehors et valorisent les fourrages sur pied, dont les couverts.
« Le bétail, en déposant ses déjections, fait baisser le rapport carbone sur azote (C/N) de la biomasse initiale, débloque le système et aide à redynamiser les flux de carbone et la fertilité. » Également conseiller en ACS, il formule quelques recommandations sur le pâturage des couverts. Du fait des conditions climatiques de plus en plus aléatoires, « la réussite de l’implantation des couverts, ce n’est pas tous les ans », rappelle-t-il. Pouvoir irriguer le couvert est un atout indéniable.
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Les couverts pâturés ne restituent pas autant que ceux non pâturés
Il insiste aussi sur la nécessité d’établir un diagnostic de l’état initial du sol, de son activité biologique et de la matière organique, « car des couverts pâturés ne restituent pas autant que des couverts non pâturés ». « On apporte une ration au sol et une ration à l’animal », résume-t-il. Dans un tel système, le céréalier considère l’animal comme un outil au service de son sol, et l’éleveur doit accepter de laisser une part de la ration fourragère revenir au sol de son partenaire pour le nourrir. Cette part est plus importante si l’état du sol est dégradé. Il est ainsi plus bénéfique pour un éleveur de travailler avec un céréalier dont les sols sont déjà résilients et riches en biodiversité.
Concernant les animaux, les races rustiques de bovins, capables de manger de tout et déjà habituées au fil, sont idéales. Mais Franck Baechler insiste sur l’importance de l’eau, car les vaches boivent beaucoup : « C’est la seule contrainte… qui peut devenir un gros souci. »
In fine, la clé de la réussite réside dans la bonne entente entre les deux partenaires, avec un engagement dans la durée pour construire un système solide bénéfique à tous.