« Mes veaux sont plus dociles et homogènes avec la limitation des tétées »
Laurent Poirier trouve de nombreux avantages à limiter les tétées à deux lâchers par jour à compter de la rentrée stabulation pour des veaux nés en fin d’été.
Laurent Poirier trouve de nombreux avantages à limiter les tétées à deux lâchers par jour à compter de la rentrée stabulation pour des veaux nés en fin d’été.
Au Gaec Caraillas à La Gaubretière en Vendée, la limitation des tétées des veaux n’est pas une pratique nouvelle. « Nous avons commencé un peu avant 2010 du fait notamment de la présence de veaux voleurs. Il était difficile d’avoir une bonne idée de la production laitière de chaque vache », se rappelle Laurent Poirier, à la tête d’un troupeau de 70 mères charolaises, en double période de vêlages, une de mi-juillet à fin septembre et une, de mi-janvier à début avril. Cette conduite s’est ensuite accentuée, suite à l’opportunité d’une reprise d’un bâtiment logettes d’un éleveur laitier voisin. « L’aire d’attente et la salle de traite ont été réaménagées en case à veaux. Nous avons créé une extension pour ajouter un couloir d’alimentation réservé aux veaux. Pour les vaches, aucune modification importante n’a été apportée. On a changé les cornadis, pas assez solides et on a installé une barre supplémentaire en tête de logettes afin d’éviter que les veaux ne courent à ce niveau-là. »
La mise en place de la limitation des tétées était également une volonté de l’éleveur pour améliorer la reproduction et faciliter la surveillance des chaleurs. Les femelles en vêlages d’été sont toutes inséminées. La première mise à la reproduction s’effectue en moyenne à 91 jours.
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Deux lâchés par jour, d’une heure environ
Le bâtiment logettes est réservé aux femelles vêlant l’été et aux génisses gestantes. « Au début, on a essayé d’enfermer les veaux dès l’hivernage mais cela ne fonctionnait pas. Aussi, au retour en bâtiment, à la mi-octobre approximativement, les veaux restent huit jours avec leurs mères. Les premiers temps, on bloque les vaches aux cornadis et on met des granulés dans les cases des veaux pour qu’ils viennent vers l’aire de couchage et prennent l’habitude de rentrer. Au bout de 10 jours, ils sont bloqués la nuit, avant de l’être également la journée. La période d’apprentissage dure environ 15 jours. Passé ce délai, 10 à 15 minutes sont nécessaires pour remettre les veaux dans leur case après tétées et repousser l’ensilage au cornadis », explique l’éleveur.
Durant la période de reproduction, les veaux sont lâchés deux fois par jour, environ 1 heure. "On essaie de respecter des horaires fixes. Entre 7h et 7h30 le matin, entre 17 et 18 heures le soir. Pendant les tétées du matin, on s’occupe de pailler les logettes et la case des veaux. Le soir, on fait le travail dans l’autre bâtiment. Les vaches n’ont pas le même comportement avec ou sans veaux. » C’est pourquoi les chaleurs sont observées avant le lâcher des veaux. « Les premières années, on passait le soir mais depuis on a installé un dôme 360° et un allumage automatique du bâtiment dès 6h30. De cette façon, on observe les vaches avec la caméra pour détecter les chaleurs matin et soir avant d’ouvrir les portes aux veaux, sans avoir à rentrer dans le bâtiment », souligne Laurent Poirier.
Des animaux plus dociles
Certes, la mise en place de cette conduite nécessite un temps de travail supplémentaire les quinze premiers jours. « Mais c’est du temps de gagné pour la suite dans les manipulations des animaux. On voit très nettement la différence entre la première pesée des veaux et les suivantes. Les primipares sont également très dociles. Je n’ai aucun problème à l’entrée en bâtiment. Les veaux démarrent très bien et sont plus homogènes (PAT à 210 jours des mâles à 281 kilos et des femelles à 270 kilos). Seul bémol, j’ai des vaches qui en tètent d’autres. J’ai dû leur mettre un antitétée. Sans doute des génisses restées trop longtemps avec leurs mères. »
La mortalité des veaux est également très bien maîtrisée avec un taux de mortalité à 3,3 %. « La surveillance de la santé des veaux facilitée par cette conduite représente l’un des très gros avantages. On remarque en un coup d’œil le moindre problème selon le comportement du veau lors du lâcher ou de la tétée. »
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Chiffres clés
70 vêlages en double périodes
374 jours d’IVV
180 truies naisseur engraisseur
3,5 UTH
150 ha dont 55 de prairies
Avis d’expert - Matthieu Hemery, technicien Bovins croissance Sèvres-Vendée conseils
« Des lots homogènes »
« La docilité des animaux représente souvent une attente pour les éleveurs de mon secteur expliquant la mise en place de la limitation des tétées dans leurs troupeaux. Ils en sont généralement très satisfaits. L’homogénéité des lots ressort aussi souvent tout comme l’intérêt de cette pratique sur le sanitaire. Les veaux plus faibles sont rapidement repérés pour une utilisation moindre de produits vétérinaires et par conséquent des frais vétérinaires bien maîtrisés. Sur mon secteur, la majorité des éleveurs mettent en place un blocage des veaux jour et nuit avec un accès aux vaches pour deux tétées. Certains ne les enferment qu’une partie de la journée. D’autres s’autorisent une ouverture le soir, le week-end. Cette conduite est également intéressante pour détecter les chaleurs et pour faciliter le sevrage, en réduisant progressivement l’accès des veaux aux mères, quinze jours avant sevrage. »