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Maryvonne Lagaronne, vice-présidente de la chambre d’Agriculture des Pyrénées-Atlantiques : « Il faut valoriser économiquement l’approche bas carbone »

Maryvonne Lagaronne, éleveuse et vice-présidente de la chambre d’Agriculture des Pyrénées-Atlantiques, insiste sur la dimension collective et territoriale qui a prévalu pour le lancement de la démarche bas carbone, et sur la nécessité de rémunérer les bénéfices environnementaux apportés par la filière bovins viande.

Maryvonne Lagaronne, éleveuse de blondes d'Aquitaine et vice-présidente de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques.
Maryvonne Lagaronne, éleveuse de blondes d'Aquitaine et vice-présidente de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques.
© DR

Comment la démarche de réduction de l’empreinte carbone s’est-elle concrétisée en Nouvelle-Aquitaine ?

Maryvonne Lagaronne - Nous avons pris le train en marche en 2018, après le lancement du programme européen Life Beef Carbon. La Nouvelle-Aquitaine, vaste région d’élevage, représentait un laboratoire très intéressant, avec des modèles d’élevages diversifiés, allant du système très spécialisé au polyélevage bovin ovin. Le programme bas carbone a été lancé collégialement, pour faire de cette approche un levier de durabilité et de rentabilité pour nos filières. Des diagnostics, s’appuyant sur des indicateurs économiques et sociaux, ont été réalisés chez un millier d’éleveurs. Ils confortent les contributions positives de l’élevage pour la société vis-à-vis de l’impact carbone à l’échelle de notre région.

Quels premiers enseignements en tirez-vous ?

M. L. - D’abord qu’en Nouvelle-Aquitaine, un élevage bovins viande permet de nourrir 428 personnes en moyenne par an principalement avec de l’herbe, sur des petites terres en zone humide, coteaux et montagnes. Ceci tout en piégeant 193 tonnes eq Co2 par ferme, soit l’équivalent en émission carbone de vingt consommateurs. Chaque système est bien sûr perfectible et l’évaluation esquisse ses marges de progressions. Les leviers d’amélioration sont principalement axés sur la productivité des troupeaux. Mais le sujet ne se cantonne pas à l’amont de la filière. Des plans de progrès sont aussi engagés au niveau des circuits de commercialisation et de distribution. La démarche bas carbone nécessite de réunir tous les maillons autour de la table. La stratégie de la filière élevage doit être pertinente à l’échelle territoriale et entendue par le consommateur, pour aboutir à un acte d’achat. C’est essentiel pour rémunérer les éleveurs et donner confiance aux jeunes en l’avenir de l’élevage herbivore dans un monde décarboné.
 

Quelles ambitions portez-vous au-delà de l’impact carbone ?

M. L. - La mise en place de mesures agroenvironnementales doit s’accompagner de démarches filières organisées, avec une identification de l’enjeu climat sur le produit. Il n’y a pas, à ce jour, de monétisation réelle des valeurs portées par les modèles d’élevage herbagers, qu’il faut valoriser dans toute leur diversité, et non pas seulement autour du pâturage extensif. Nous ne conserverons pas des paysages verts entretenus et ouverts, des animaux dans les prés, des filtres à eau naturels et une biodiversité sur des territoires ruraux défavorisés sans une mécanique financière connectée aux entreprises agricoles. Nous devons faire valoir tous les bénéfices auxquels nous contribuons sur le carbone et sur l’adaptation au changement climatique avec une approche marché, associée à une fonction territoriale forte.

Comment y parvenir ?

M. L. - Les mesures de valeur (critères de rentabilité) fournies par les bilans réalisés sur les exploitations doivent servir à la recherche de financement. Sans comptabilisation des externalités positives procurées par nos systèmes d’élevage propres à nos territoires, nous ne parviendrons pas à mobiliser des capitaux pour innover et attirer des jeunes dans nos filières. Ce travail a amené l’ensemble des parties prenantes à réfléchir à des stratégies qui nous semblaient impossibles à enclencher au départ. Les travaux doivent se poursuivre pour écrire un scénario d’atténuation et d’adaptation reposant sur notre patrimoine, nos éleveurs, nos terroirs, nos races… Cela passera notamment par la recherche fondamentale sur la génomique, voire l’épigénétique, de nos races et de nos espèces fourragères.

Les contributions positives de l’élevage sont là. Rendons-les visibles auprès des consommateurs.

12 000 éleveurs sensibilisés au carbone

Le programme bas carbone de la région Nouvelle-Aquitaine s’inscrit dans la continuité de la démarche engagée pour la transition énergétique et écologique (Néo Terra) portée par le conseil régional. Les élus des filières ont dressé une feuille de route pour la décarbonation. Avec le soutien d’un Partenariat européen pour l’innovation, l’ensemble des 12 000 éleveurs d’herbivores ont été sensibilisés à l’enjeu carbone. Plus de 1 000 se sont engagés à quantifier, voire réduire l’empreinte de leur exploitation via un diagnostic CAP’2ER.

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