Elevage bovin
A l´Inra de Laqueuille, dans le Puy-de-Dôme, la méthode HACCP
Elevage bovin
Confrontée à un fort taux de morbidité sur les veaux de son troupeau Charolais, l´Inra a utilisé avec succès la méthode HACCP.
Passer d´un taux de morbidité de plus de 40 % à moins de 12 % en un an sans modifier de façon radicale la conduite et le logement de son troupeau, voilà une bien belle performance. C´est ce qui a été réalisé à la ferme expérimentale de l´Inra de Laqueuille dans le Puy-de-Dôme. Là, un troupeau charolais de quelques 80 vaches est entretenu à un peu plus de 1000 m d´altitude. Il est utilisé comme support pour différentes expérimentations.
Un outil pour aider à remédier aux mauvaises performances
De mi-novembre à début mai, les vaches se répartissent en nombre égal dans une stabulation-libre sur paille et dans un bâtiment entravé. Les vêlages ont lieu en cours d´hiver, majoritairement (80 %) en janvier. Confronté à un taux de morbidité (nombre de veaux malades/nombre de veaux nés vivants) déjà important et qui s´était fortement dégradé sur la campagne 98/99 (voir graphique), l´Inra avait donc décidé au début de la campagne suivante d´utiliser la méthode HACCP afin d´aider à remédier à ces mauvaises performances. « Nous avions surtout beaucoup de diarrhées et de gros nombrils », précise Régis Chauvet, technicien sur le site. Avec une moyenne de deux césariennes par hiver, les conditions de vêlage correspondent à celles constatées dans la moyenne des cheptels charolais. Ni mieux, ni pire.
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Toutes les personnes qui travaillent sur le troupeau charolais ou sont à son contact au cours de la période hivernale ont donc été réunies. Cela représentait 15 personnes qui ont « déballé» leur façon de travailler. Ce travail était animé par J.-L. Cloye, vétérinaire dans la Loire et membre de la Fédération des éleveurs et vétérinaires en convention (Fevec). « Chacun a fait part de son emploi du temps et de sa façon de procéder avec les animaux. L´objectif était de trouver les points critiques qui sont susceptibles de nuire à la bonne santé des animaux au cours de l´hivernage. Nous avons tout remis à plat », explique Régis Chauvet. Après avoir synthétisé ces différentes remarques, il est apparu nécessaire de maîtriser quatre points jugés « critiques ».
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©F. d´Alteroche |
Nécessité de maîtriser quatre points jugés critiques
Le premier concernait le logement des veaux. Il a donc été décidé de faire un diagnostic d´ambiance du bâtiment.
Il s´est traduit par de petits aménagements pas forcément très coûteux, mais qui ont singulièrement amélioré le confort des animaux.
Le second concernait la mise en place de pédiluves à l´entrée du bâtiment qui doivent désormais être systématiquement utilisés par tous les intervenants et visiteurs étrangers au troupeau, y compris les vétérinaires et inséminateurs. « Attention aussi à ne pas confondre un pédiluve avec un rince-botte ! Les pédiluves sont à l´entrée du bâtiment où il y a également un point d´eau qui permet d´abord de se laver les bottes, puis de les désinfecter. Ici nous avons choisi de renouveler le liquide désinfectant deux fois par semaine. »
Pour limiter le microbisme ambiant, le curage de la stabulation paillée a été avancé de septembre à juin, soit peu après la mise à l´herbe qui a lieu courant mai, compte tenu de l´altitude. Le bâtiment est ensuite désinfecté et suivi d´un vide sanitaire strict tout au long de la belle saison.
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©F. d´Alteroche |
Au moment des vêlages, la désinfection des nombrils est devenue systématique alors qu´elle n´était jusque-là trop souvent réalisée uniquement lorsqu´il y avait un problème. Le dernier point concerne la prise de colostrum. « Avant c´était souvent assez aléatoire. Cela dépendait un peu du dynamisme du veau et du temps qu´il mettait pour se mettre debout. Désormais tous les veaux ingèrent du colostrum dans les trois heures qui suivent leur naissance. On le leur donne au biberon ou on les intube s´ils sont trop « mous » pour aller téter d´eux-mêmes.»
L´amélioration des résultats a été spectaculaire dès la première année et s´est poursuivie au cours des hivers suivants. « C´est le résultat d´une démarche globale et de la conjonction d´un ensemble de facteurs », analyse Pascal D´hour, responsable du site. « Mais il me semble que le plus important pour un éleveur qui est confronté à des taux de morbidité élevés est de ne surtout pas rester seul. Il faut aller discuter avec d´autres qui ont des systèmes de production assez similaires et surtout savoir accepter de remettre en cause ses pratiques. »
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Cet article est extrait du dossier de Réussir Bovins Viande du mois de Novembre 2002. "Litière propre et confortable, air frais et bien renouvelé, facilités d´accès pour la surveillance... Mettez tous les atouts de votre côté pour avoir des veaux bien logés," préconise la revue qui présente pour cela l´expérience de plusieurs exploitations. (RBV nº88, 15 pages).
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