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Dans les Hautes-Pyrénées
L'estive a toute sa place en montagne comme en côteaux

Dans les Pyrénées, l'estive permet aux éleveurs de montagne de vivre sur de petites surfaces et aux éleveurs de côteaux d'évoluer vers une gestion plus économe.

© B. Griffoul

Les Pyrénées sont un autre grand massif, après le massif central, d’estives pour les bovins allaitants. Elles ont généré leurs propres systèmes de production parfaitement « intégrés à l’économie de production », insiste Patrick Caperaa, responsable du pôle développement à la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées. Les grandes surfaces d’estive ont permis à des éleveurs de montagne de vivre sur de petites exploitations (27 ha en moyenne dans les Hautes-Pyrénées). Ces surfaces, situées en fond de vallées, sont entièrement réservées aux stocks hivernaux de foin.Tous les animaux estivent dans les pâturages collectifs, parfois jusqu’à six mois de l’année en montant progressivement des zones intermédiaires jusqu’en haute montagne. Les vêlages ont lieu soit au printemps avant le départ en estive soit en cours de montée, en juin, lorsque les troupeaux sont sur les plateaux de moyenne altitude. Les animaux sont tributaires de la ressource fourragère en estive qui peut faire défaut en fin d’été, obligeant à vendre les veaux très jeunes (entre 4 et 5 mois), généralement exportés vers l’Espagne. Ces veaux ne font pas toujours l’affaire des organismes commerciaux qui préfèreraient des animaux repoussés, des lots plus homogènes et une production moins saisonnière. Ces systèmes sont souvent dénigrés aussi pour leurs performances de reproduction assez faibles. S’il comprend cela, Patrick Caperaa estime qu’ils ont néanmoins toute leur place. Pour l’entretien du territoire, mais surtout pour leur valeur économique : « Ils sont tellement économes qu’ils en sont économiques. Ils ont des charges d’alimentation et des frais vétérinaires extrêmement faibles. Les meilleurs couvrent les chargesde structures avec les ventes et gardent les primes pour faire le revenu. Mais, ils doivent être très bons sur la maîtrise de la reproduction parce qu’ils n’ont aucune de marge de manoeuvre. Ils ont très peu de temps pour faire féconder les mères et sont tributaires de la qualité du foin. »

Besoin de cheptels complémentaires

Il n’en restent pas moins que le renouvellement de ces exploitants, souvent assez âgés, est loin d’être assuré. Si les estives à bovins sont jusqu’à présent correctement chargées, il pourrait ne pas en être de même à l’avenir. Aussi, les services de développement veulent inciter des éleveurs de coteaux secs ou des piémonts à mettre une partie de leur cheptel en estive. « On aura besoin de cheptels complémentaires pour entretenir la montagne », affirme Patrick Caperaa qui croit dur comme fer à cette complémentarité entre surfaces intensives mais sèches en été et les estives. Nourrir les cheptels en été avec des stocks coûte en effet excessivement cher. Mais, cela suppose de faire évoluer très progressivement les systèmes, sur quatre ou cinq ans. Il est important de n’amener en montagne que des vaches rustiques (quelle que soit la race), de les accoutumer dès le plus jeune âge et de prévoir une croissance compensatrice au retour. Il conseille de n’estiver qu’une partie du cheptel et dans un premier temps des vaches sans veau et confirmées gestantes. Dans les systèmes de coteaux, pour avoir de bons résultats zootechniques, il préconise également une transhumance assez courte, de l’ordre de quatre mois. Il ne faut pas laisser les vaches à la montagne au-delà du 15 septembre, voire de la fin août. « Les éleveurs qui ont fait ces évolutions allient les atouts des coteaux – les céréales pour engraisser – et les avantages de la montagne pour l’alimentation estivale, analyse Patrick Caperaa. Au bout d’un moment, ils augmentent leur cheptel et produisent plus de kilos de viande tout en désintensifiant et en baissant leurs charges de 20 à 30 %. Ils produisent plus d’effluents et n’utilisent presque plus d’engrais. Ils font évoluer leur système vers une gestion économe. » Ces élevages bénéficient aussi de la PHAE collective (de 40 à 90 € par UGB) et de la majoration de l’ICHN (80 à 170 € par UGB transhumant). L’estivage coûte entre 20 et 50 euros par UGB. Selon les calculs de la chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées, une telle évolution peut améliorer les résultats économiques de 200 euros par UGB.

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