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Gaec Bombal dans le Cantal
L'estive apporte de la cohérence au système

Si l’acquisition de l’estive a permis une installation, elle a aussi contribué à optimiser les primes, à rééquilibrer le système et à simplifier le travail.

Les éleveurs vont voir les animaux à l’estive environ toutes les trois semaines. Mais, une surveillance est assurée tous les deux ou trois jours par un agriculteur demeurant sur place.
Les éleveurs vont voir les animaux à l’estive environ toutes les trois semaines. Mais, une surveillance est assurée tous les deux ou trois jours par un agriculteur demeurant sur place.
© B. Griffoul

Quatre mille cinq cents euros par hectare.Tel est le tarif pour qui veut s’offrir une estive dans le Cantal. Une moyenne car ça peut grimper jusqu’à 8 000 euros selon les indications fournies par l’administration sur la valeur vénale des terres agricoles en 2007. Une estive est pâturée entre 130 et 150 jours par an et produit autour de 2,5 tonnes de matière sèche par hectare. Ramené à l’année, cela correspond à un chargement de 0,45 UGB par hectare.Vu de loin, la question est inévitable : quel est l’intérêt d’acheter si cher une surface qui ne couvre qu’une petite part des besoins du troupeau ? Mais, à y regarder de plus près, l’estive, associée à des surfaces plus productives, participe à la construction d’un système très cohérent. Et, avant l’instauration des DPU, elle permettait d’optimiser les primes pour les exploitations qui avaient un chargement élevé. Philippe et Jérôme Bombal sont éleveurs à Prunet dans la partie sud-ouest du Cantal. Une zone où maïs et bonnes prairies temporaires permettent de viser des systèmes de production assez chargés. Lorsque Philippe s’est associé avec son père en 1996, le Gaec n’a pas pu obtenir la transparence faute de nouvelles terres. Son frère a donc attendu une possibilité d’agrandissement pour s’installer. Le Gaec détenait alors 95 vaches salers.

TRANSPARENCE ET PRIMES

L’opportunité s’est présenté en 2000, un peu par hasard, sous la forme d’une estive de 68 hectares au prix de 160000 euros avec les frais (2 300 €/ha). Un tarif un peu au-dessous de ceux de l’époque mais, soumise à une convention pluri-annuelle d’exploitation, elle n’était disponible que trois ans plus tard. Elle est située à 90 kilomètres de l’exploitation dans la partie nord du Cantal (Cézallier), à 1150 mètres d’altitude. L’objectif premier était bien d’augmenter le cheptel pour permettre l’installation de Jérôme. Le Gaec élève aujourd’hui 130 vaches et la suite. Mais, l’estive a également permis au Gaec d’obtenir la transparence, et donc de doubler les plafonds de PMTVA et d’ICHN (indemnité compensatoire de handicap), et de baisser le chargement, et donc d’obtenir les compléments extensifs et la prime à l’herbe. Le montant total des primes annuelles est ainsi passé d’un coup de 45 000 à 77 000 euros. Sans oublier le doublement de la subvention bâtiment lors de la construction d’une stabulation. Mais, au-delà des primes, cette surface pastorale a permis de réorganiser un système particulièrement tendu avec son chargement qui dépassait 1,8 UGB/ha. Alors qu’elle représente 45 % de la surface totale, l’estive ne couvre que 21 % des besoins alimentaires annuels du troupeau. La surface de base comprend 84 hectares. Elle est toujours menée de manière intensive mais utilisée différemment. Là où pâturait auparavant 95 vaches, il n’en reste aujourd’hui plus qu’une cinquantaine. « Le fait de décharger ici permet de faire des stocks », expliquent les deux frères. Le Gaec cultive 7,5 hectares de maïs et 12 hectares de céréales et ensile 33 hectares d’herbe. Le maïs est utilisé pour l’engraissement des mâles salers (un tiers du cheptel est conduit en race pure), d’une partie des génisses croisées (30 mois) et des vaches de réforme, et pour le report des broutards mâles croisés. Les vaches sont nourries en hiver avec de l’ensilage d’herbe et du foin. Le foin de première coupe représente cependant la portion congrue (6 ha) car avant de partir à l’estive courant mai, les vaches réalisent non pas un déprimage mais un pâturage qui s’apparente à une première coupe. Le Gaec récolte 40 hectares de foin de deuxième coupe après ensilage et pâturage des vaches. « On a pas mal baissé l’engrais mais on a plus de lisier et de fumier », note Philippe. Cependant, l’estivage d’une bonne partie du cheptel a un autre avantage : « Ça fait des vacances pour tout le monde. Quand les bêtes sont ici, il faut les conduire en petits lots, les rationner au fil… Là-haut, elles sont tranquilles et l’herbage est meilleur. Les vaches ont plus de lait et sont en meilleur état qu’avant. » « UNE BONNE OPÉRATION » « L’estive, ça ne demande pas de travail, sauf au printemps pour retendre les fils, épandre l’engrais (9 t/an de 0/7/11) et monter les bêtes », poursuivent les deux frères. L’estive, clôturée avec du fil lisse électrifié sur secteur, est chargée avec 78 couples mère – veau, deux taureaux et 14 génisses de 2 ans. Les vêlages sont très étalés, de septembre à mai avec deux pics à l’automne et en début de printemps. Ce sont les veaux ni trop âgés, parce que trop proches du sevrage, ni trop tardifs qui ont le droit de partir à la montagne. Les plus lourds redescendent avant la fin de la saison. Les animaux sont acheminés par lots de 9, c’est-à-dire le nombre de places dans le camion. Les éleveurs ont fait l’acquisition d’un petit camion afin de pouvoir amener les bêtes jusque dans l’estive, accessible par une piste. Ils font donc une dizaine d’allers et retours à partir du 10 mai pour tout amener. Et autant pour le retour à partir de fin septembre. Ce qui représente au total quelque 3 600 kilomètres. Mais, les frères Bombal en sont convaincus: l’achat de l’estive a été « une bonne opération ».

Chiffres clés

SAU: 152 ha dont 84 ha de surface de base et 68 ha d’estive Cheptel : 130 vaches salers pour 101 droits PMTVA Chargement technique : 1,3 UGB/ha ; chargement corrigé (hors estive) : 1,94 UGB/ha

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