Elevage bovin viande
Les pailles de céréales au menu
Elevage bovin viande
Bien complémentées, les pailles de céréales sont une ressource intéressante. Plusieurs précautions permettent d´optimiser
leur ingestibilité et leur valeur alimentaire.
leur ingestibilité et leur valeur alimentaire.
Toutes les pailles de céréales peuvent convenir à l´alimentation des bovins à condition qu´elles aient été récoltées sèches et stockées à l´abri des intempéries », explique l´Institut de l´élevage. Ce fourrage a une valeur alimentaire faible. Pour la paille de blé, les tables Inra (méthode de 1988) donnent 0,42 UFL, 22 g de PDIN et 44 g de PDIE par kilo de matière sèche. Les pailles d´orge et d´avoine ont en général une meilleure digestibilité. La valeur nutritive des pailles de céréales est très variable et en plus, si elles ne sont pas correctement complémentées, leur dégradation dans le rumen n´est pas optimale et cette valeur nutritive potentielle n´est pas atteinte (les valeurs énergétiques données correspondent à des pailles distribuées seules et correctement complémentées en azote et en minéraux).
La paille peut constituer le principal fourrage grossier de la ration pour les génisses de race à viande âgées de plus de quinze mois et pour les vaches allaitantes en état avant le huitième mois de gestation. Avec une ration à base uniquement de paille, il faut bien surveiller l´évolution de l´état des vaches pendant toute la période entre le vêlage et la reproduction vers le 3ème mois de lactation, et corrigez les rations si nécessaire. Les rations paille doivent aussi être évitées pendant les trois semaines précédant l´insémination ou la monte naturelle.
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Une valorisation très variable selon l´utilisation
Pour les vaches plus avancées dans leur gestation, ou en mauvais état corporel, la paille doit être associée à d´autres fourrages, et elle ne permet pas de nourrir des génisses de moins d´un an, qui doivent recevoir uniquement de bons fourrages. « Pour les bovins à l´engraissement, la paille aura pour but de satisfaire l´appétit des animaux et de garantir le bon fonctionnement du rumen », explique l´Institut de l´élevage.
La consommation de paille est maximale lorsque la ration contient autour de 25 % d´aliment concentré. « Si la quantité de concentré est moindre, les micro-organismes du rumen manquent de nutriments azotés et ont une moins bonne activité. Inversement, au-delà de 30 % de concentré dans la ration, celui-ci se substitue à la paille dont la consommation diminue », explique l´Institut de l´élevage. D´autres facteurs jouent sur l´ingestibilité des pailles. « Celles ayant mûri par temps frais sont mieux ingérées que celles qui ont mûri par temps chaud. Celles contenant des adventices sont mieux consommées. » On observe aussi une variabilité importante de l´ingestibilité de la paille en fonction de l´espèce et des variétés de céréales, sans pouvoir bien l´expliquer. « Ni les traitements fongicides ni les raccourcisseurs ne semblent avoir d´effet sur la digestibilité et l´ingestibilité des pailles », selon l´Institut de l´élevage.
Par ailleurs, les traitements mécaniques réalisables en ferme tels que hachage et lacération n´augmentent ni l´ingestion ni la digestibilité de la paille, et réduisent sa fibrosité. « Avec les mélangeuses distributrices, attention de ne pas obtenir de forte proportion de brins de moins de dix centimètres de long », met en garde l´Institut de l´élevage. Le traitement à l´ammoniac augmente la valeur alimentaire de la paille et permet donc d´économiser du concentré. Cependant après avoir été beaucoup employée dans les années quatre-vingt dans les régions de polyculture-élevage, cette méthode est tombée en désuétude, vraisemblablement parce que l´approvisionnement en ammoniac est devenu plus contraignant.
Les aliments liquides sont des facteurs d´appétence. Surtout, l´apport simultané de sucres et d´azote non protéique a un effet multiplicateur de la flore bactérienne du rumen et les fourrages grossiers sont mieux dégradés d´où de meilleures digestibilité et ingestibilité.
Ces aliments sont aussi une source d´azote non négligeable ce qui permet donc d´ajuster la complémentation. Les aliments liquides sont fabriqués à partir de mélasse et de produits issus de l´industrie de la fermentation (comme notamment la production de levures destinées à la panification, la brasserie.) qui apportent protéines, vitamines et minéraux.
Les aliments liquides font augmenter l´ingestion
Certains contiennent aussi de l´urée, qui apporte de l´azote soluble. En général, un complexe de vitamines et minéraux et un agent de stabilisation complètent la formule. Ils sont faibles en énergie (environ 0,60 UFL) et plus ou moins riches en azote (100 à 260 g de PDIN). Le « groupe alimentation des Pays de Loire » (collectif Chambres d´agriculture, Institut de l´élevage, Contrôle laitier) distingue trois catégories d´aliments liquides. Ceux à moins de 20 % de MAT visent à complémenter des rations excédentaires en azote soluble comme au moment de la mise à l´herbe, et trouvent peu d´utilité en systèmes allaitants. Ceux à environ 30 % de MAT sont les plus utilisés en systèmes allaitants. Dans cette catégorie, certains contiennent de l´urée et d´autres non, ce qui permet de satisfaire aux exigences de cahiers des charges qui excluent la distribution de cette forme d´azote aux animaux. Ceux à plus de 42 ou 45 % de MAT s´utilisent dans des rations très énergétiques, surtout sur de l´ensilage de maïs. Avec les formules riches en urée, la complémentation doit être bien précise et la distribution bien régulière. « Il faut vérifier que les apports ne dépassent pas 30 g d´urée par jour pour 100 kilos de poids vif ». On peut aussi appliquer directement de la mélasse sur la paille mais cela se révèle souvent bien moins pratique et pas beaucoup moins cher que les aliments liquides à moins de 20 % de MAT, pour une valeur alimentaire très comparable.
Une transition de quinze jours est à respecter et ces aliments sont à réserver aux animaux de plus de douze mois. Quand l´utilisation d´un aliment liquide est limitée dans le temps, une distribution manuelle sur un fourrage en libre-service dans un ratelier est le plus pratique. « On peut arroser des grosses balles encore attachées et disposées sur le lieu de distribution sur la face horizontale. On peut verser une quinzaine de litres d´aliment liquide qui diffuse une nuit durant », explique Jean-Pierre Farrié de l´Institut de l´élevage à Nevers. « Avec un complément de tourteau de colza, la consommation de vaches allaitantes a été à la ferme expérimentale de Jalogny de l´ordre de 10 kilos de paille par jour avec une distribution rationnée ; elle pourrait être supérieure. »