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Sécuriser sa production de paille : les critères à prendre en compte

À l’occasion d’une conférence organisée au Sommet de l’élevage, l’institut du végétal Arvalis a dressé l’ensemble des facteurs à considérer pour optimiser sa production de paille. Certes, les facteurs génétiques tels que l’espèce, la variété et la hauteur sont des critères de choix mais ils ne doivent pas être les seuls à peser dans la balance.

<em class="placeholder">Chantier de paille pendant les moissons dans le departement de la Marne. Chargement et dechargement de ballots de paille de ble. Engin Massey Ferguson 2170. </em>
Pour Arvalis, l'attention doit être portée à la fois sur les variables physiologiques et climatiques pour expliquer et estimer la production de paille. « Nous espèrons parvenir à sortir un indicateur de la production de paille à partir des essais variétés », révèle  Chloé Malaval Juery, ingénieure régionale Auvergne. 
© J.-C. Gutner

Sur l’appui d’essais réalisés sur les trente dernières années, l’institut du végétal Arvalis a retracé l’ensemble des facteurs qui peuvent impacter la production de paille. Pour Jean-Yves Ayel, éleveur en polyculture élevage dans le Puy-de-Dôme et président de la commission nationale céréales fourragères à Arvalis,​​​​​ « il y a un réel enjeu à prioriser les critères sur l’appui d’une méthodologie souple et rapide pour évaluer les coûts et bénéfices des différentes variétés ».

Les facteurs environnementaux sont souvent plus significatifs

Les caractéristiques génétiques (espèces, variétés, hauteur de plante, épaisseur/densité de tige, tallage) sont bien sûr des facteurs à regarder de près. Dans le cadre de comparaisons inter-espèces antérieures, Arvalis avait par exemple montré que le triticale est plus productif en paille que le blé (+ 30 %) et que l’orge d’hiver (+ 32 %) en t MS/ha. 

S’agissant des choix variétaux, « l’effet sur la production de paille existe et est souvent significatif mais les effets environnementaux (température, précipitations, rayonnement solaire) sont en général plus importants », nuance Chloé Malaval Juery, ingénieure régionale Auvergne à Arvalis. Elle ajoute : « L’imprécision des mesures de la production de paille rend difficile le classement variétal. »

En général, les conditions favorables à la production de grain le seront à la production de paille

Heureusement, grain et paille ont des facteurs de production communs pour se donner quelques repères. « En général, les conditions favorables à la production de grain le seront à la production de paille », relève l’experte. Une forte variabilité de la production de paille subsiste tout de même pour un même rendement grain. Toutes variétés confondues, « dans nos essais, la production de paille peut varier de 6 à 14 tonnes par hectare pour 100 quintaux de grain », poursuit Chloé Malaval Juery.

Le rapport entre paille et grain se définit au moment du remplissage (80 % en lien avec la photosynthèse et 20 % issus de la remobilisation des ressources vers le grain), ce qui fait qu’une partie du carbone présent dans les parties végétatives ne remonte pas vers le grain. Ainsi, « selon les conditions climatiques et l’état des plantes, le rendement en grain peut être affecté sans que celui en paille le soit ».

La hauteur n’explique qu’une faible partie du rendement en paille des variétés

S’agissant de la hauteur de paille, « nous voyons trop souvent des agriculteurs privilégier ce facteur au détriment des caractéristiques variétales », soulève Chloé Malaval Juery. Alors que dans les faits, la corrélation entre la production de paille et la hauteur est faible et très variable.

Aussi, plutôt que de choisir des variétés hautes à tout prix, il convient déjà de vérifier leur sensibilité aux maladies foliaires.

Les pratiques culturales (fertilisation azotée, protection des cultures, densité et date de semis…) ont bien sûr leur rôle à jouer. « Cette année très pluvieuse a été particulièrement instructive pour bon nombre d’agriculteurs, relève Jean-Yves Ayel. Ce qui a fait la différence dans la récolte, ce n’est pas tant la variété mais bien l’itinéraire technique choisi. »

À titre d’exemple, la hauteur de coupe a un effet fort sur la production de paille qui n’est pas linéaire : « Un quart de la production de paille se trouve dans les 10 cm au pied de la plante, d’où l’importance des quelques centimètres de réglages de hauteur de coupe à la récolte », illustre Chloé Malaval Juery.

Les principaux facteurs de variation en grande parcelle de la quantité de paille exportée sont le type de moissonneuse (batteurs conventionnels vs axiaux), l’orientation de l’exploitation (éleveur/céréalier) et les conditions de récolte choisies. « Lorsqu’on andaine, la paille est plus pratique à récolter mais on en laisse davantage au sol. »

Une ressource de plus en plus convoitée et chère

La disponibilité en paille tend à se réduire au fil des années alors que son prix se renchérit nettement. À l’échelle de la ferme France, les surfaces de céréales à paille diminuent de façon structurelle. « Historiquement, c’était le potentiel de rendement qui dictait le prix de la paille, en fonction des aléas climatiques », explique Antoine Buteau, ingénieur régional fourrages à Arvalis. Désormais, la mécanique est un peu plus complexe. Car si l’élevage de ruminants en reste le principal consommateur (48 %), la paille est aussi prisée pour de nouveaux usages. ​​​​

En 2022, les surfaces de céréales à paille représentaient 7,4 millions d’hectares (ha), pour une production de paille avoisinant les 35 millions de tonnes. L’élevage de ruminants capte entre 16 et 18 M de tonnes (dont 14 à 16 Mt en bovins) et les autres élevages, 4 à 8 Mt. L’enfouissement absorbe quant à lui entre 5 et 8 Mt. Au développement de l’enfouissement, s’ajoute l’utilisation en tant que matériaux de construction et d’isolation, combustible ou pour approvisionner des unités de méthanisation. Ces usages restent cependant marginaux.

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