A la Ferme des Bordes dans l'Indre
Les génisses "rajeunies" à l'étude
Trop peu connue en France, la production de génisses rajeunies produites à partir de laitonnes charolaises est en cours d’expérimentation avec des rations à base de céréales aplaties.
céréales, 950 g de tourteau de colza, 950 g de tourteau de tournesol,
de la paille à volonté et des minéraux.
Seize à 18 mois, pour un peu plus de 300 kg de carcasse. Voilà une définition qui correspond mal aux critères habituels de la génisse charolaise que l’on est en France plus habitué à voir franchir les cap des 30 mois et des 400 kg de viande. La plupart du temps, les laitonnes blanches non conservées pour le renouvellement ou la production de génisses lourdes sont vendues maigres à l’exportation. Elles sont pourtant toutes destinées à fournir ce type de carcasses légères, que ce soit dans des ateliers italiens ou espagnols. Cette production d’animaux rajeunis et légers est en revanche plus habituellement rencontrée en zone Limousine et fait d’ailleurs partie de la gamme d’animaux finis produits avec cette race. « A ce jour pour des femelles charolaises dont l’objectif d’âge à l’abattage est de 16 à 17 mois, nous avons assez peu d’itinéraires techniques de production en référence pour la phase d’engraissement », soulignait Claude Vincent, spécialiste de la viande bovine à la chambre d’agriculture de l’Indre à l’occasion d’une journée sur ce type de produit. A l’initiative de Creuse Corrèze Berry Elevage et de Jean-Paul Girault, président de la Ferme des Bordes, éleveur dans l’Indre et lui-même producteur de ce type d’animaux, des essais sont actuellement en cours sur cette ferme expérimentale pour chercher à remédier rapidement à cette lacune. Deux lots de huit génisses issues de broutardes « tout venant » sont donc conduites en ration sèche (céréales aplaties + complémentaire + paille fraîche et appétente à volonté) avec des itinéraires de production résumés dans le graphique ci joint. « L’objectif est de les abattre à moins de 18 mois pour des poids carcasses compris entre 280 et 320 kg », expliquait Franck Rigot, responsable technique de cette ferme et en charge du suivi de l’expérimentation. « Après un démarrage un peu difficile, leur GMQ avoisine actuellement les 1 300 grammes. » L’objectif est de produire des animaux assez standard d’une conformation oscillant entre le R et le U- sans couverture de gras excessive. « Les éleveurs pouvant être concernés par ce type de production sont d’abord les producteurs de broutardes ou de broutardes repoussées qui disposent sur leur exploitation de suffisamment de ressources fourragères (maïs, céréales…) mais aussi de places dans les bâtiments », ajoutait Claude Vincent.
Avis d'expert
Luc Van Nespen, spécialiste Bovins viande d’Inzo : Attention aux « petites boules »
« Sur ce type de génisses, il est difficile d’avoir des rations alimentaires à très forte densité énergétique pendant plus de six mois. Comparativement à des mâles, les génisses déposent du gras plus rapidement dans leurs tissus. Sur des animaux de format assez modeste et pas trop « grandissants » le risque est d’avoir des animaux qui se transforment rapidement en « petites boules » trop grasses. Si l’objectif est d’arriver à 320 kg de carcasse à partir de petites broutardes sevrées à 260 kg, il ne faut certainement pas les mettre de suite à l’engraissement. Il faut d’abord leur faire prendre un peu de carcasse. Sinon on arrivera à des animaux trop légers et surtout trop gras. »