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Le « topping » pour mieux gérer les refus

Faucher puis faire consommer quelques heures plus tard par les vaches le fourrage laissé au sol aide à limiter les zones de refus, à éviter les zones surpâturées, et à rattraper des couverts trop avancés.

Le topping est beaucoup plus utilisé en élevage laitier, mais il peut très bien être cohérent en élevage allaitant.
© Pature Sens

« Le topping est une pratique qui vise à maintenir la qualité du couvert, à une période où la prairie pourrait, sinon, monter en épis et faire de la gaine », explique Pierre-Moran Mouchard, conseiller chez Pâture Sens. Elle est mise en œuvre de plus en plus couramment par les éleveurs pratiquant le pâturage tournant avec des paddocks pour 24 heures. « Le topping est beaucoup plus utilisé en élevage laitier, simplement parce que le niveau d’exigence sur la qualité du couvert y est souvent plus élevé. Cet outil peut très bien être cohérent en élevage allaitant quand il est utilisé pour de bonnes raisons. Nous voyons trop souvent des personnes l'utiliser alors que le pâturage classique conviendrait. »

Le topping consiste à faucher un paddock puis, quelques heures plus tard, à faire consommer cette herbe fauchée au sol par un lot de vaches dont le niveau des besoins va pouvoir correspondre avec ce fourrage en quantité et en qualité. La première fois, les vaches mettent parfois quelques heures à admettre que ce sont les andains qu’il faut manger ce jour-là et qu’il n’y aura rien d’autre au menu. Mais cela fonctionne. Si la surface a été bien calibrée, il ne restera rien au bout de 24 heures. Si le paddock donné est trop grand, il faut laisser les vaches y faire un repas de plus et donner un paddock plus petit le lendemain.

« Une faucheuse classique avec groupeur d'andains suffit. Elle peut être équipée d’un conditionneur. Il n’est surtout pas valable économiquement de faire un deuxième passage d’outil en allant chercher un andaineur pour le topping », précise Pierre-Moran Mouchard. Il est possible de faucher la veille si cela facilite vraiment l’organisation du travail, mais il ne faudrait pas dépasser ce délai de quelques heures entre fauche et lâcher des vaches pour ne pas que la valeur du fourrage ne se dégrade - ce n’est pas un foin - ou risquer qu’il soit mouillé par exemple. On peut faire cela plusieurs jours de suite, ou une fois de temps en temps selon l’état des prairies.

Les vaches trient moins dans les andains

L’intérêt tient au fait que les vaches ne peuvent pas trier dans un andain comme elles le font quand elles pâturent. Elles consomment, avec cette technique, un peu plus de matière sèche qu’elles ne l’auraient fait si on avait fait pâturer le paddock, car elles mangent tout ce qui est épié. « Le bon point du topping est d’éviter que certaines zones soient surpâturées. D’autre part, les vaches consomment parfois des plantes qu’elles auraient refusées, notamment les orties et les rumex. » Les chardons ne seront pas mangés, mais la fauche au bon moment participe à la lutte contre leur développement. Le topping est ainsi très intéressant pour prévenir ou contrôler le développement de zones de refus.

« Le broyage des refus est déconseillé car cela donne de la matière morte au pied des plantes, ce qui est néfaste pour l’accès de la lumière sur le sol, rappelle Pierre-Moran Mouchard. Une technique bien plus économique pour avoir un résiduel de sortie propre consiste à faire passer un second lot d'animaux à faibles besoins le lendemain dans le paddock pour "nettoyer" les refus."

Le topping testé dans deux situations différentes

Sébastien Fayard, à Saint-Rémy-en-Rollat dans l’Allier, élève une cinquantaine de Charolaises et engraisse environ 80 femelles en agriculture biologique. Dans sa pratique du pâturage tournant dynamique, il a eu l’occasion d’opter pour le topping dans deux situations bien différentes. Rappelons que l’objectif est de ne pas avoir à faire du topping, grâce à une gestion de la pousse parfaitement maîtrisée. Cependant, début juin 2016, des pluies extrêmement fortes sur une bonne dizaine de jours l’ont obligé à parquer un lot de vaches sur un petit coin de parcelle pour qu’elles n’abîment qu’un minimum d’herbe. « La pluie avait couché l’herbe. Même au fil avant et en déplaçant très souvent le fil, elles auraient gaspillé en pâturant, explique Sébastien Fayard. J’ai donc décidé de leur faire consommer en topping une parcelle qui était destinée à la fauche, qui arrivait juste au bon stade à ce moment-là et que je ne pouvais pas récolter à cause de la météo. » Quelques heures après passage de la faucheuse conditionneuse, des andains d’environ 90 cm de large au sol ont été proposés aux vaches sur un paddock dimensionné de la même façon que l’éleveur l’aurait fait s’il s’agissait de pâturage pour 24 heures. Ceci a été répété chaque jour pendant une dizaine de jours. Les vaches ont très bien mangé les 5 à 5,5 tMS/ha qu’il y avait au sol. Sébastien Fayard a ensuite pu les faire raccrocher son cycle de pâturage sur les autres parcelles. « Un an après, je constate que, sur cette parcelle, le couvert est particulièrement dense et riche en trèfle. »

Sébastien Fayard a, ce printemps aussi, fait du topping sur une parcelle pour laquelle il s’était fait légèrement dépassé par la pousse pour son troisième tour, pour des vaches à l’engraissement. Il n’avait pas sous la main à ce moment-là de lot d’animaux à faibles besoins qui auraient pu nettoyer sans trop de conséquences sur leur croissance. Il a donc fauché (1,5 à 2 tMS/ha soit 7 à 8 cm de hauteur d’herbe) pendant quatre jours de suite, et le lot de vaches en a fait son repas quotidien avant de reprendre le pâturage sur de l’herbe qui était au bon stade. « J’ai récupéré des couloirs bien propres et réguliers pour le tour suivant. Mais il faut que cela dure le moins longtemps possible, étant donné le coût du passage de matériel sur de petites quantités de matière sèche comme ça. »

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