Le syndrome myopathie-dyspnée chez le veau : quand un veau ne se lève plus
Le syndrome myopathie-dyspnée concerne essentiellement les veaux allaitants de moins d’un an. Il est la conséquence d’une dégénérescence des fibres musculaires, d’où son autre nom de « maladie du muscle blanc ».
Le syndrome myopathie-dyspnée concerne essentiellement les veaux allaitants de moins d’un an. Il est la conséquence d’une dégénérescence des fibres musculaires, d’où son autre nom de « maladie du muscle blanc ».
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Un éleveur nous contacte parce qu’il a « un veau limousin de plusieurs semaines qui ne se lève plus. C’est le deuxième en quelques jours ! » Ce veau a presque 2 mois et n’avait pas été malade jusque-là. Un autre veau, lui aussi sans historique particulier, a le même problème depuis deux jours. Les animaux sont en pâture avec le reste du troupeau. Ce veau malade est bien conformé. Il réagit normalement avec l’envie de fuir lorsqu’on approche.
À l’examen clinique, il est déshydraté, a une respiration et un rythme cardiaque rapides et une température normale. Au toucher, son dos et son arrière-main sont chauds et fermes. Le diagnostic est quasi certain, ce veau souffre du syndrome myopathie-dyspnée. Cette pathologie, plutôt printanière, touche surtout les veaux allaitants (et les agneaux) de moins d’un an dont le GMQ est important et principalement lorsqu’ils ont entre 2 semaines et 2 mois. Elle est due à une dégénérescence des fibres musculaires, laquelle explique son autre nom de « maladie du muscle blanc ». Les races prédisposées sont la Charolaise et la Limousine.
Lors de la dégénérescence des fibres musculaires, les enzymes qui y sont présentes, passent en très grande quantité dans le sang. Cela permet alors de les doser. Dans le cas de notre veau limousin, elles étaient en quantité tellement importante que l’analyseur a indiqué un résultat « très supérieur à la norme », confirmant notre diagnostic de terrain.
Lors du fonctionnement des cellules musculaires, il y a des phénomènes d’oxydation. Ils sont contrecarrés, entre autres, par le sélénium et la vitamine E qui ont un rôle antioxydant. Une carence en vitamine E ou sélénium ne permet pas de contenir cette oxydation. C’est à ce moment que l’animal souffre du syndrome myopathie-dyspnée. Ses fibres musculaires sont abîmées. Cela entraîne des troubles cardiaques et respiratoires dans la mesure où le cœur et le diaphragme sont des muscles sollicités en permanence, ainsi que des troubles locomoteurs. Les veaux atteints de ce syndrome peuvent mourir en quelques heures lorsque l’atteinte est plutôt cardio respiratoire ou être incapables de se lever lorsqu’elle est plutôt au niveau des muscles squelettiques. Dans ce dernier cas, les animaux sont alors raides et donnent l’impression d’avoir des courbatures. Ils ont le dos voussé et finissent par ne plus se lever.
Éviter les carences en sélénium et vitamine E
Comment éviter cette pathologie ? Pour cela il faut éviter que le jeune veau soit carencé en sélénium et vitamine E. On peut objectiver le statut en sélénium d’un bovin par prise de sang, et analyse dans un laboratoire spécialisé. L’analyse sur l’urine est peu fiable car la concentration en sélénium dans l’urine ne dépend pas que du statut du bovin et celle des poils n’est pas fiable car il n’existe aucune valeur de référence.
Pendant la gestation, le sélénium est transféré de la mère au veau via le placenta ; le veau naît alors avec un stock initial de sélénium. L’apport de sélénium par le colostrum puis le lait est moins important. Il est donc primordial que les vaches en fin de gestation aient eu un apport suffisant en sélénium. Ce n’est pas toujours le cas dans la mesure où la majorité des sols français, donc des fourrages qui y poussent, sont carencés en sélénium. Il convient donc de complémenter les vaches en fin de gestation, de préférence avec du sélénium organique. Cet apport est important pour la santé du jeune veau et de sa mère. Une carence en sélénium chez une vache en fin de gestation peut entraîner une augmentation des rétentions placentaires. Cet apport peut se faire sous forme de bolus à libération prolongée ou incorporé à l’aliment. Parfois il est nécessaire de complémenter également les veaux, au moins un mois avant la période à risque. On peut alors leur administrer du sélénium injectable à la naissance puis toutes les quatre à six semaines, puis le jour de la mise à l’herbe. Il est important de respecter les posologies préconisées sur les aliments minéraux et sur les médicaments. Un apport trop important de sélénium est délétère.
La réserve de vitamine E du veau est surtout liée à la quantité reçue dans le colostrum. Les besoins de la vache sont normalement couverts par une ration de bonne qualité. Lorsqu’un cas survient dans un troupeau, il faut complémenter de façon préventive les autres veaux. D’un point de vue curatif, l’animal malade doit être isolé avec sa mère. Il convient de l’assister pour la tétée et lui faire bénéficier d’un traitement (vitamine E, sélénium, et traitement de soutien).
À savoir
Ce syndrome est favorisé lors d’un exercice musculaire soutenu et inhabituel. Par exemple, l’énervement et la course faisant suite à la mise à l’herbe ou une station debout prolongée lors d’un déplacement en camion ou bétaillère.