Le Sabot d’or 2019 pour le Gaec de la Chaudronnerie
Bertrand Dargent dans le Loiret conduit son troupeau charolais à 100 % IA. Il porte une attention particulière aux qualités maternelles et a obtenu le Sabot d’or l’an dernier. Il est très engagé dans les schémas collectifs de sélection.
Bertrand Dargent dans le Loiret conduit son troupeau charolais à 100 % IA. Il porte une attention particulière aux qualités maternelles et a obtenu le Sabot d’or l’an dernier. Il est très engagé dans les schémas collectifs de sélection.
Lorsque Bertrand Dargent s’est installé en Gaec avec son père et son oncle en 2009, à Ingrannes dans le Loiret, il a repris l’élevage allaitant d’un voisin, Marcel Bonnault. Si l’éleveur ne se prédestinait pas à l’élevage allaitant, il a su acquérir les outils pour conduire un troupeau performant et a continué la sélection génétique engagée depuis de nombreuses années par son prédécesseur. L’obtention du Sabot d’or Charolais 2019 est là pour en témoigner.
« Je porte une grande attention au cumul sur les qualités maternelles (ALait et Avel) et travaille sur le développement squelettique pour favoriser les vêlages. Je porte également beaucoup d’intérêt à la viande », souligne l’éleveur. Cette sélection se voit à travers les chiffres de l’exploitation. En dix ans, aucune césarienne, 94 % du troupeau met bas sans intervention (moyenne de la race : 57 %) et pour les 6 % restants, seule une aide facile est nécessaire.
Le cheptel est conduit en 100 % IA. Il n’y a pas de taureaux de rattrapage. Les inséminations ont lieu entre le 8 décembre et le 1er mars. « La détection des chaleurs est chronophage. Elle nécessite 45 minutes, matin et soir, avant de soigner les animaux. J’effectue quelques synchronisations de chaleurs pour les dernières vaches. J’ai recentré les vêlages sur deux mois et demi, du 20 septembre à début décembre. J’ai ainsi gagné 1,5 mois sur la période des mises bas et mon objectif est de finir le 20 novembre pour tout faire vêler en deux mois. J’ai mis en place le suivi repro. Les femelles sont échographiées à 30 jours et à nouveau l’été pour vérifier qu’elles sont toujours pleines. Toute vache vide est réformée. L’âge représente la deuxième cause de réforme. À 10 ans révolus, j’arrête la mise à la reproduction, très bonne vache comprise. »
Des croissances élevées
Ce mode de fonctionnement explique le bon IVV de l’élevage (363 jours) sans oublier la conduite suivie des bêtes. Les primipares sont menées à part d’où un IVV, entre premier et deuxième vêlages, maîtrisé (359 jours). L’élevage est orienté vers la production de jeunes bovins et de femelles finies. Les taurillons sont vendus à 14-15 mois à 435 kg/c. Ils sont conduits en ration sèche (blé, pulpe sèche, foin et correcteur). Les vaches partent à plus de 500 kg carcasse. Les croissances sont élevées grâce à une bonne alimentation. L’hiver, veaux mâles et femelles sont complémentés. À la mise à l’herbe, seuls les mâles le sont. Au sevrage, autour du 10 juillet, les génisses sont rentrées en stabulation et y restent jusqu’au printemps suivant. « Mes terres sont sableuses et donc très séchantes. Au 15 juin, plus rien ne pousse. Pour éviter les allers-retours pour nourrir les animaux, je les garde en bâtiments. Les génisses disposent alors d’une ration sèche (foin, blé, pulpe, tourteau et minéraux). Celles mises à la reproduction ainsi que les vaches ont la même ration à base d’ensilage d’herbe à volonté, de foin, de pulpe, de correcteur et de minéraux. » Les GMQ des mâles dépassent les 2 kg par jour, l’hiver. La production de viande vive par UGB est très élevée et nettement supérieure à la référence système naisseur engraisseur. En 2019, elle s’élevait à 463 kg de viande vive par UGB.
Quatre à huit veaux par an en station d’évaluation
L’élevage participe à l’UCC (Union Charolais croissance), schéma de sélection de Migennes. Chaque année, entre quatre et huit mâles issus du Gaec sont mis en station et vendus en hiver comme reproducteurs. L’élevage en commercialise également plusieurs par an, en direct. Deux taureaux d’insémination sont issus de l’élevage : Sydney (taureau du temps de Marcel Bonnault) et Meloman, un taureau à génisses. « Le planning d’accouplement est réalisé par la Cecna. Une dizaine de vaches sont mère à taureaux. J’ai par ailleurs commencé à intégrer un peu de génétique sans cornes. Quatre à cinq veaux sans cornes naissent sur l’exploitation chaque année. »
À l’avenir, l’éleveur souhaite construire une nouvelle stabulation et monter le cheptel à 90 - 100 vaches, l’occasion peut être de passer certaines bêtes en vêlages deux ans pour augmenter plus rapidement le troupeau.
Chiffres clés
Gaec de la Chaudronnerie
70 vaches laitières (600 000 litres)
1 200 m2 de poules pondeuses à démarrer
290 ha de SAU dont 210 d’herbe, 35 de céréales et 45 de maïs
363 jours d’IVV
Avis d’expert - Jérôme Laviron, responsable pôle viande chez Alysé
« Un système efficace et bien rodé »
« L’élevage travaille sur le cumul génétique depuis de nombreuses années. Bertrand Dargent est très engagé dans les organisations locales. Chaque année, plusieurs de ses veaux rentrent à la station d’évaluation de l’Union Charolais croissance (UCC) à Migennes dans l’Yonne. Si la conduite herbagère est très extensive (un peu moins d’1 UGB par hectare), la conduite des animaux est optimale pour que ces derniers expriment toutes leurs performances. En attestent les PAT à 210 jours des mâles (356 kg) et des femelles (314 kg), bien au-dessus de la moyenne de la race (280 kg). Les génisses à un an avoisinent les 460 kg et 700 kg à 2 ans. La conduite en vêlages précoces (septembre, octobre) permet de valoriser l’herbe de printemps car à partir du 15 juin plus rien ne pousse. Les charges alimentaires conséquentes sont compensées par la très bonne productivité des bêtes. »