Le pied enflé
Quand je parle du pied, je devrais plutôt parler du « paturon » pour désigner la zone située entre les deux étuis cornés et l’articulation du boulet. Cette zone peut s’enflammer en cas de panaris qui se manifeste par un gonflement des tissus mous bien visible en avant et/ou en arrière du pied et éventuellement tout autour de la couronne. La douleur devient plus vive à mesure que l’inflammation s’aggrave ; avec elle la boiterie s’intensifie et l’animal devient fébrile. En l’absence de traitement antibiotique cohérent, la nécrose des tissus est telle que le panaris s’ouvre le troisième ou quatrième jour en fissurant la peau de l’espace interdigité qui laisse alors s’échapper du pus. La combinaison des trois signes, que sont l’inflammation bien centrée sur le milieu du pied, la fièvre et la rapidité d’évolution de la boiterie, suffisent à attester du panaris, par ailleurs bien plus fréquent au pâturage qu’à la stabulation permanente.
Mais quand s’enflamme une zone circonscrite du paturon qui finit par suppurer sans provoquer de douleur vive, il faudra soulever le pied pour parer l’abcès parti de la sole, infiltré contre la muraille pour déboucher finalement le long de la couronne.
Même si elle mime un panaris, l’inflammation de l’espace interdigité accompagnée d’une douleur plutôt faible doit vous inciter à examiner avec soin l’espace interdigité qui peut cacher un corps étranger coincé entre les onglons ou plus souvent une limace proéminente dont la surface abîmée a permis à une infection de gagner les tissus profonds. Une fois guérie, cette infection pourra motiver le retrait ultérieur de la limace.
Reste l’inflammation très douloureuse, circonscrite au talon externe d’une vache dont vous avez négligé la boiterie au prétexte qu’elle n’était pas importante et qu’elle pouvait attendre encore un peu. Neuf fois sur dix, parti d’un banal ulcère de la sole, l’infection a eu le temps de ronger la zone pour évoluer en arthrite incurable.
Comme quoi tout ce qui enfle et qui fait mal n’est pas du panaris !