Le blues des agriculteurs de Saône-et-Loire
Une étude a été réalisée en Saône-et-Loire pour analyser, toutes productions confondues, le moral et la santé physique des agriculteurs. Les résultats sont préoccupants.
À la demande de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, une étude est conduite depuis trois ans afin d’évaluer la santé morale et physique de l’ensemble des quelque 7 000 agriculteurs de ce département. Les données recueillies l’an dernier par l’observatoire Amarok, une association s’intéressant à la santé physique et mentale des travailleurs non-salariés, font état d’une aggravation de la situation. Cette analyse fait suite à une enquête, réalisée à partir de l’envoi d’un courriel auprès de 4 021 exploitants de ce département, sans cibler de production particulière. 427 personnes ont répondu dont 48 % étaient à la tête d’un cheptel allaitant. « S’ils estiment être en bonne santé physique, il en est tout autre du point de vue psychologique : plus d’un tiers des interrogés (35 %) juge sa santé mentale 'passable ou mauvaise' », souligne le compte rendu de cette étude. Différents facteurs sont mis en avant pour expliquer ces mauvais résultats. L’hygiène de vie, et en particulier le manque de sommeil, est largement mise en avant. De nombreuses personnes sondées soulignent aussi le sentiment de solitude pour affronter les difficultés économiques et pratiques du métier. Le temps de travail est également sans surprise mis en avant. Plus des deux tiers des agriculteurs qui ont répondu travaillent plus de 50 heures par semaine et 21 % au-delà de 70 heures. Le corollaire logique de ces derniers chiffres est le fait de ne prendre que très peu de journées de repos. Plus de la moitié des agriculteurs qui ont répondu (61 %) ont une vision négative pour le devenir de leur activité. Un chiffre en progression si on le compare aux résultats des deux années précédentes avec de trop nombreux agriculteurs qui se considèrent comme au bord de l’épuisement professionnel. « Ce qu’il se passe parmi les 7 000 exploitations du département de la Saône-et-Loire est révélateur d’un malaise français contre lequel il est urgent d’agir », souligne Bernard Lacour, éleveur de vaches allaitantes et président de la chambre d’agriculture.