L’Aubrac en vedette porte de Versailles
"Haute", une vache de 6 ans, appartenant à Thibaut et Florence Dijols, éleveurs à Curières, dans le Nord-Aveyron, sera la vache vedette du prochain Salon international de l’agriculture.
"Haute", une vache de 6 ans, appartenant à Thibaut et Florence Dijols, éleveurs à Curières, dans le Nord-Aveyron, sera la vache vedette du prochain Salon international de l’agriculture.
Après la Bretonne pie noir en 2017, c’est au tour de l’Aubrac d’être à l’honneur de l’affiche du Salon international de l’agriculture, respectant en cela la règle de l’alternance qui voit se succéder race laitière puis race allaitante. « Les promoteurs de la race nous ont proposé un dossier solide et nous avons été séduits par leur volonté de mettre en avant à la fois une race et un territoire », expliquait Valérie Le Roy, directrice du SIA, à l’occasion d’une journée organisée à Aumont-Aubrac en Lozère pour sélectionner les neuf vaches et sept taureaux qui représenteront la race à la porte de Versailles. « Ce sera pour nous l’occasion de continuer à mieux la faire connaître et favoriser ainsi son expansion. Notre volonté est également de mettre en avant auprès du grand public les conditions d’élevage de nos animaux et leur rôle indispensable pour faire vivre les territoires difficiles », soulignait Yves Chassany, éleveur dans le Cantal et président de l’Union et de l’Upra Aubrac.
Et ce dernier de souligner le rôle clé d’Henry Peyrac, son prédécesseur à cette fonction, pour déposer puis porter cette candidature. « Cette idée me trottait dans la tête depuis quelques années », a souligné Henry Peyrac, en précisant surtout que derrière la vache et ses beaux yeux, il y a toute une économie rurale. « La race est d’abord un outil qui permet au territoire de l’Aubrac de vivre, en lui conservant sa typicité et sa beauté. » Dans les allées du salon de la porte de Versailles, la volonté sera donc de mettre en avant la génétique Aubrac, la viande Aubrac mais également les différents atouts touristiques de ce territoire à cheval sur trois départements et dont les grands espaces séduisent le plus souvent les promeneurs qui viennent les découvrir.
Une photo prise en septembre au-dessus de Laguiole
C’est la seconde fois que l’Aubrac sera mise en avant sur l’affiche de ce salon. Le précédent date de 1993. Il s’agissait alors de la photo d’un taureau, réutilisée les deux éditions suivantes. L’impact en avait été important pour conforter la notoriété d’une race à l’époque moins connue, dans la mesure où on la rencontrait rarement au-delà des estives du plateau éponyme où a été forgée sa rusticité. Les effectifs ont bien progressé depuis. 207 000 vaches Aubrac ont été comptabilisées l’an dernier, avec une belle dynamique puisque ce nombre augmente actuellement de 8 à 10 % par an. Cette progression est le fait des départements du berceau de race, avec l’homogénéisation de cheptels jusque-là composés d’animaux issus de de croisement divers et variés, auxquels s’ajoute l’impact des conversions de troupeaux laitiers en troupeaux allaitants. La progression des effectifs est également sensible hors berceau. « Il y a un changement d’état d’esprit chez les nouvelles générations d’éleveurs. Ils veulent de meilleures conditions de travail. Faire de l’élevage, ce n’est pas être esclave de son métier et de ses animaux. Certains se remettent en question et optent pour des systèmes plus faciles à vivre, allant dans le sens de l’optimum et non du maximum », explique Yves Chassany. Cela se traduit par la création de troupeaux sur des territoires plus favorables que le plateau de l’Aubrac sur le plan du climat, de la qualité des sols et de la disponibilité en fourrages. L’un des risques inhérents à cette évolution est une déviation vers des animaux de formats plus importants. En arrivant sur des herbages plantureux, des Aubracs ont vite tendance à prendre de l’embonpoint et du volume. C’est la traduction du fameux « effet d’accordéon ». À l’image d’un poney de montagne qui s’arrondit très vite dès qu’il est placé dans de riches pâtures, l’organisme d’une vache Aubrac a pour réflexe -dès qu'il en a la possibilité- de faire des réserves en prévision des périodes de disette. Avec le risque de voir se dégrader ses aptitudes originelles.
Il n’en demeure pas moins que cette progression des effectifs est une belle revanche quand on fait la comparaison avec la situation de la fin des années 1970. Le nombre de bovins Aubrac fondait alors comme neige au soleil. Il n’y avait guère plus de 55 000 mères et une forte proportion d’entre elles étaient conduites en croisement. « À cette époque, les jeunes ne pouvaient prétendre aux prêts bonifiés lorsqu’ils expliquaient qu’ils entendaient s’installer avec des Aubrac », soulignait André Valadier, ancien président de l’Upra et un des artisans de ce renouveau.
À la Porte de Versailles, c’est donc Haute, une vache de 6 ans, qui a été choisie pour être l’ambassadrice de son terroir d’origine. Elle sera présentée par Florence et Thibaut Dijols, éleveurs de 130 mères à Curières dans le Nord-Aveyron. « Haute est curieuse, sociable et même un peu fière. Avec ses yeux qui semblent maquillés de Khôl, elle est en permanence prête pour aller poser dans les Salons ! », soulignaient avec humour ses propriétaires. La photo de l’affiche a été prise en septembre dernier dans une estive située sur les hauteurs de Laguiole. « Derrière Thibaut et Florence, c’est l’ensemble des éleveurs d’Aubrac qui sont mobilisés par cet événement », souligne Yves Chassany.