Pathologies bovines
La cryptosporidiose, cause fréquente de diarrhée chez le veau nouveau-né
Pathologies bovines
La cryptosporidiose se traduit par une diarrhée du jeune veau apparaissant à partir du quatrième jour de vie. Pour l´instant une seule molécule autorisée permet de contrer le développement de cette infection intestinale.
Chez le veau nouveau-né, plusieurs facteurs peuvent être à l´origine de diarrhées. Dans un document relatif à ces maladies néonatales qui constituent l´une des causes majeures de mortalité des jeunes veaux issus des cheptels allaitants, le GDS des Côtes-d´Armor recense 8 pathologies susceptibles de générer une diarrhée chez un veau. Ce sont dans l´ordre les colibacilloses, les diarrhées virales dues aux Rotavirus et Coronavirus, la cryptosporidiose, la salmonellose, la gastro-entérite paralysante, la maladie des muqueuses, la coccidiose et la diarrhée d´ingestion de lait.
Depuis la possibilité de vaccination pour lutter contre plusieurs de ces pathologies, la cryptosporidiose est devenue pour les cheptels vaccinés l´une des premières causes de mortalité sur les veaux âgés de moins d´un mois. L´agent de la cryptosporidiose, Cryptosporidium parvum est en effet un protozoaire largement répandu et en particulier dans les élevages allaitants.
Cette pathologie est cependant d´autant plus sévère qu´elle est souvent associée à des infections virales ou bactériennes (dans les cheptels non vaccinés). A côté de sa nocivité pour les jeunes veaux, ce protozoaire parasite est aussi responsable de diarrhées chez d´autres espèces domestiques (ovins, caprins, équins et porcins) et chez l´homme.
L´agent de la cryptosporidiose est donc un protozoaire, Cryptosporidium parvum dont le cycle se déroule en trois à quatre jours dans l´intestin grêle.
©F. d´Alteroche |
L´infection a lieu dans les heures suivant la naissance
Les animaux s´infectent par voie orale généralement dans les heures qui suivent leur naissance et le plus souvent directement au contact de leur mère ou de leurs congénères malades ou porteurs. La diarrhée apparaît entre le quatrième et le dixième jour de vie. Elle se déclenche d´autant plus tôt que la pression d´infection est élevée et que d´autres agents des diarrhées néonatales sont impliqués. Elle entraîne une déshydratation rapide des veaux et en l´absence de perfusion peut être à l´origine de la mort de certains d´entre eux. Si le veau ne meure pas, la diarrhée dure généralement un peu moins d´une semaine. Tout veau malade joue auprès des autres veaux du même âge et de ceux à venir pour la campagne de vêlage en cours un rôle d´amplificateur de la maladie. Sa diarrhée s´accompagne d´une forte excrétion d´oocystes qui sont les formes de dissémination et de transmission des cryptosporidies. Ces oocystes sont immédiatement infectants pour un autre animal réceptif, d´où l´importance des mesures sanitaires dans la gestion de cette maladie. Passé l´âge de trois semaines, les veaux deviennent beaucoup moins sensibles et s´immunisent progressivement.
Sur le plan de la prévention, à côté du rôle des adultes dans la contamination en tant que réservoirs de parasites, l´environnement extérieur et le cadre de vie du veau jouent un rôle-clé. Pour des veaux allaitants, élevés en groupe par la force des choses, à côté d´un environnement le plus sain possible, il faut regrouper les animaux par petits lots d´âge très semblable. Dans le même ordre d´idée, lorsqu´une épidémie de cryptosporidiose se produit, il est important de ne pas placer les veaux nouveau-nés dans les mêmes locaux que les veaux malades. La contamination est favorisée par la concentration des animaux, le mélange de veaux de classe d´âge différente ou le manque d´hygiène (paillage insuffisant, litière humide, absence de désinfection).
Un effet saison est à souligner avec de janvier à mars une augmentation régulière et progressive du risque d´avoir des animaux atteints. En effet, les épidémies de cryptosporidiose s´observent surtout en moitié et en fin de période de mises-bas, ce qui indique que le nombre d´oocystes ingérés doit atteindre un seuil critique pour déclencher la maladie. En début de campagne de vêlages, les premiers veaux vont commencer à recycler le parasite. Ils vont l´excréter et ainsi contaminer leur environnement (litière, murs, barrière des cases...). La pression d´infection augmente ensuite graduellement jusqu´à un seuil au-delà duquel les diarrhées apparaissent chez les veaux nouveau-nés qui s´infestent alors massivement. Bien qu´avec l´expérience, on puisse reconnaître sur le terrain une cryptosporidiose clinique, aucun diagnostic ne peut être posé avec certitude sans l´analyse du laboratoire.
Démarrer le traitement dans les premières 48 heures
Côté traitement, une étude menée par l´Inra et dont les résultats ont été communiqués en décembre 1999 à l´occasion des journées 3R a montré l´efficacité d´une seule molécule, le lactate d´halofuginone désormais principalement utilisé dans le traitement préventif de cette maladie. « Le traitement préconisé, bien toléré par l´animal, est de 120 microgrammes de lactate d´halofuginone/kilo/jour pendant sept jours (soit 2 ml par jour de produit commercial par tranche de 10 kilos de poids vif) en commençant au cours des premières 48 heures de vie de l´animal. Cette étude a montré l´efficacité de cette molécule à réduire l´excrétion d´oocystes et la diarrhée. Pour une efficacité optimale en milieu contaminé par Cryptosporidium parvum, l´étude montre que les veaux doivent être traités dans les quarante-huit premières heures afin de diminuer très significativement le nombre d´animaux excréteurs, le nombre d´oocystes excrétés et la diarrhée, contribuant ainsi à réduire la contamination de l´environnement et les risques d´apparition de cryptosporidiose sur les jeunes veaux à venir », souligne Muriel Naciri, ingénieur de recherche à l´Inra de Tours et en charge de cette étude.
Le lactate d´halofuginone est donc un cryptosporidiostatique. A la dose préconisée, il ne détruira pas toutes les cryptosporidies infectant un animal, mais limitera leur multiplication, permettant ainsi l´installation d´une immunité spécifique.