Jouer sur la durée de gestation et l’ouverture pelvienne pour faciliter le vêlage
Gestop est un projet visant à analyser en race Limousine comment améliorer les conditions de naissance en travaillant sur l’ouverture pelvienne du bassin et la durée de gestation.
Gestop est un projet visant à analyser en race Limousine comment améliorer les conditions de naissance en travaillant sur l’ouverture pelvienne du bassin et la durée de gestation.
En race Limousine, les facilités de naissance ont eu tendance à se dégrader ces dernières années. Cela ne concerne pas forcément tous les troupeaux, mais si on analyse les données globalisées à l’ensemble des élevages en contrôle de performance, les chiffres sont clairement sur la mauvaise pente. Cette détérioration des facilités de naissance est d’ailleurs souvent mise en avant pour expliquer la progression du taux de mortalité des veaux dans les cheptels Limousins suivis en contrôle de performance. La hausse du poids des veaux à la naissance est très liée à la volonté d’accroître le format et le potentiel de croissance. Elle est classiquement mise en avant comme l’un des facteurs à même d’expliquer la détérioration des résultats de productivité numérique (lire Réussir Bovins Viande, n° 266, janvier 2019, p. 33). Elle se traduit sur certains animaux par des vêlages plus difficiles. Même si les chiffres sont encore loin d’être catastrophiques, il est important de chercher à y mettre le holà dans la mesure où les facilités de naissance sont une des aptitudes qui ont largement contribué à faire apprécier la race Limousine et contribué à son expansion numérique.
Disposer de données du terrain
« L’analyse conjointe des effets de la durée de gestation, de l’ouverture pelvienne et du poids de naissance, sur les conditions de naissance et la mortinatalité montre l’importance de ces trois variables dans le déterminisme des difficultés de vêlage et de la survie du veau », expliquait Julien Mante responsable du volet recherche et développement à France Limousin Sélection à l’occasion de la journée Grand angle viande organisée fin 2018 par l’Institut de l’élevage. Reste que pour mieux connaître et comprendre l’impact de ces différents facteurs, il faut pouvoir disposer de données recueillies sur le terrain.
L’étude de l’impact de la durée de gestation passe par une connaissance précise du jour du vêlage — ce n’est pas bien compliqué ! — mais surtout de la date de fécondation et cela l’est alors davantage. Seules les gestations résultant de vaches fécondées par IA sont à même de donner précisément cette information. « Ce sont en revanche des données dont l’obtention est ni coûteuse, ni compliquée. Elles sont disponibles dans la base de données du Système national d’information génétique bovin (SIG). »
Quelque 400 000 durées de gestation de femelles Limousines ont déjà été recensées. La plupart d’entre elles oscillent entre 270 et 310 jours avec une moyenne à 290 jours. La limite sur ce caractère est de ne pouvoir travailler que sur les origines IA et pas sur les taureaux utilisés en monte naturelle. Il a en revanche été possible de mettre en évidence une différence de trois jours de gestation selon l’origine paternelle des veaux. C’est loin d’être négligeable dans la mesure où c’est au cours des derniers jours de gestation que le GMQ du fœtus est le plus important.
Coûteuse pelvimétrie
Obtenir des données sur la morphologie du bassin des mères ou futures mères est autrement plus compliqué. Cela suppose des mesures de leur pelvimétrie. Collecter ces données (mesure de la hauteur sacro pubienne (HSP) et de la bi-iliaque médiane (BIM)), suppose d’avoir des techniciens formés pour réaliser ce travail. Cela nécessite également une contention irréprochable et une anesthésie locale. Ce sont donc des informations autrement plus compliquées et surtout coûteuses à collecter que le simple poids et pointage d’un veau.
En Limousine, ce travail est certes réalisé dans quelques élevages et généralisé depuis de nombreuses années pour toutes les génisses de testage qui vêlent à la station d’évaluation des qualités maternelles de Moussours, en Corrèze. Mais cela représente un nombre somme toute relativement limité de données, du moins pour l’instant.
Gestations courtes, mais pas trop
Diminuer un tant soit peu la durée de gestation peut être analysé comme une possibilité pour faire naître des veaux légers à la naissance avec à la clé des vêlages plus faciles. Point trop n’en faut pour autant. « Si on diminue trop la durée gestation cela tend à accroître fortement le taux de mortinalité. La viabilité des veaux naissants est clairement impactée si les veaux naissent à moins de 285 jours de gestation », soulignait Julien Mante, responsable du volet R&D à France Limousin Sélection. Sans être pour autant de véritables prématurés, le fait d’être nés très légèrement avant terme accroît les risques de mortalité périnatale (0-48 heures).