Des mélanges de matières premières pour engraisser en ration sèche
Jeunes bovins
Plusieurs mélanges de matières premières, en particulier des coproduits d’éthanolerie, ont été testés par Arvalis Institut du Végétal pour l’engraissement en ration sèche de jeunes bovins charolais et donnent de bons résultats.
Pour engraisser des jeunes bovins en ration sèche, schématiquement trois solutions se présentent: vendre la récolte de céréales et acheter un aliment complet, faire consommer ses propres céréales et acheter un aliment complémentaire unique, ou bien acheter des matières premières disponibles sur le marché pour constituer soimême une ration en y incluant les céréales produites sur l’exploitation. Sur trois ans, entre 2006 et 2009, Arvalis Institut du Végétal a testé à la Jaillière en Loire-Atlantique plusieurs rations sèches de ce type sur des jeunes bovins charolais produisant des carcasses de 420 kilos. « Nos essais montrent que les mélanges de matières premières sont une alternative intéressante pour faire baisser le coût alimentaire, à condition de ne pas se tromper dans la construction de la ration », explique Gildas Cabon, d’Arvalis Institut du Végétal.
Bonnes valorisations par les jeunes bovins
Compte tenu des valorisations réalisées par les animaux, 8 kilos de MS de concentré ont été nécessaires pour faire 1 kilo de carcasse, aussi bien pour le régime témoin blé et aliment complémentaire unique qu’avec l’aliment complet riche en céréales. Cela représente 9,3 kilos d’aliment brut. « Ce résultat est retrouvé très régulièrement dans les essais. On peut faire aussi bien avec les mélanges contenant une drêche de blé d’éthanolerie ou un coproduit d’éthanolerie, voire un peu mieux avec un mélange contenant du tourteau de colza, ou un peu moins bien avec un mélange contenant du tourteau de tournesol non décortiqué », résume Gildas Cabon. A l’occasion de ces essais, des analyses ont montré que la valeur alimentaire du blé pouvait varier fortement d’une année à l’autre. « Pour une des quatre années testées, la teneur en MAT du blé s’est révélée de 22 % supérieure à celle rapportée dans les tables. » Cela pose la question de l’intérêt d’une analyse du blé, en particulier quand il représente la base d’une ration sèche. « Le coût des analyses représente le bénéfice dégagé par un, voire deux jeunes bovins », explique Gildas Cabon.
L’approche économique doit faire intervenir le GMQ obtenu, l’indice de consommation, et le coût des aliments.Avec des hypothèses de prix correspondant au dernier trimestre 2009(1), le coût du concentré s’est élevé pour les mélanges de matières premières testés ici en moyenne à 347 € par jeune bovin, avec peu de différence entre les différents régimes. Le coût le plus élevé était celui du mélange avec tourteau de tournesol (371 € et le plus bas celui avec tourteau de colza (319 €). « Le prix de vente permettant d’équilibrer les dépenses se situe à environ 3,23 €/kg C pour les rations ‘mélanges de matières premières’. Pour arriver à ce même prix de revient, les aliments composés devraient se situer à des prix inférieurs au prix de marché: 155 € la tonne pour l’aliment complet et 207 € la tonne pour l’aliment complémentaire. » Le recours aux aliments composés du commerce relève aussi du choix de déléguer la tâche de formulation et fabrication de la ration, ce dont il faut tenir compte dans la lecture de ces résultats.
(1) Par tonne de produit brut fin 2009: blé : 135 €, maïs grain : 135 €, orge: 115 €, triticale : 129 €, pulpe de betterave: 130 €, tourteau de tournesol non décortiqué : 134 €, tourteau de colza: 173 €, tourteau de soja : 311 €, drèche blé produite à l’usine de Lillebonne en 2007 : 186 €, Milurex BE: 163 €, aliment complet 155 €, CAMVc : 207 €, CMV: 500 €.
PRÉCISIONS SUR LES MATIÈRES PREMIÈRES UTILISÉES
• Le tourteau de tournesol utilisé dans cet essai était « non décortiqué » et cela peut expliquer sa relative mauvaise valorisation alors qu’il était très bien consommé. « Ceci a déjà été observé dans d’autres essais d’Arvalis à Jeu-les-Bois (OIER des Bordes). La disponibilité des nutriments est réduite dans cette matière première alors que nous avons vérifié que le tourteau de tournesol partiellement décortiqué marche bien (publication journées 3R 2 009) », explique Gildas Cabon. Si actuellement les volumes disponibles sur le marché de tourteau de tournesol partiellement décortiqué sont faibles, ils sont amenés à se développer étant donné l’évolution des usines de trituration.
• Milurex ®BE est un coproduit de l’usine de bioéthanol de blé située à Beinheim (Alsace) du groupe Roquette. Il est obtenu par association de son de blé et du coproduit de la distillation. « C’est une drèche déglutenisée » issue d’un process proche de ceux de l’amidonnerie, qui respecte la structure du produit. Milurex ®BE a montré dans cet essai une très bonne valeur énergétique pour l’engraissement de jeunes bovins », commente Gildas Cabon.
• Les drèches de blé de l’usine de Lillebonne (Seine-maritime) de Tereos testées ici ont été produites en 2007, année de mise en route de la fabrication. Elles étaient de couleur assez foncée en lien très certainement avec un chauffage. « Ceci a probablement limité leur ingestion, mais elles ont quand même été bien valorisées par les jeunes bovins », analyse Gildas Cabon. Les drèches produites actuellement sur ce site sont très différentes.