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« J’envisage un léger réajustement du cheptel »

Installé en 2019 sur la ferme familiale, Manuel Roblin a jusqu’à présent poursuivi dans les grandes lignes le système mis en place par son père. La chasse aux UGB improductifs et l’autonomie alimentaire font partie de ses objectifs.

En tout, ce sont 154 hectares de SAU dont 38 de cultures de vente et 116 de SFP destinés à nourrir un cheptel de 75 mères en système naisseur engraisseur charolais conduit par une UTH avec deux tiers de vêlage de fin d’été et un tiers de vêlage de printemps. Voilà un profil d’exploitation couramment rencontré en Vendée.

Sur cet élevage familial situé à Jonchère dans le Sud-Ouest du département, fraîchement repris en individuel par Manuel Roblin, l’EBE a atteint 71 398 euros en 2019, mais comme pour la plupart des jeunes récemment installés, il est pénalisé par un taux d’endettement important. La rémunération était malgré tout de 2,17 Smic/UMO l’année de l’installation, « contre 1,57 pour les systèmes identiques observés sur la synthèse régionale des Pays de la Loire », souligne Fanny Glumineau technicienne à Bovins croissance Sèvre Vendée conseils, en charge du suivi de l’élevage.

Ces résultats ont été obtenus avec un prix moyen du kilo vif – toutes catégories confondues — qui n’était que de 2,10 euros. Pour 2020, la synthèse n’a pas encore été réalisée, mais difficile d’imaginer qu’il connaîtra une embellie notoire même si en 2019 le prix moyen des vaches n’était que de 3,40 euros du kg carcasse et s’expliquait par une forte proportion de vaches âgées. « En 2017 c’était 2,20 euros. Ces tarifs sont malheureusement en phase avec ce qui est observé pour les élevages charolais des Pays de la Loire, pour lesquels la moyenne des prix au kilo vif pour l’ensemble des différentes catégories de gros bovins était de 2,21 euros pour les années 2015-2016-2017 », ajoute Fanny Glumineau.

Peu chargé pour la Vendée

Le chargement de 0,9 UGB/ha de SFP pourrait à première vue paraître modeste, surtout pour un système vendéen, mais il est d’abord la conséquence d’une part importante (65 ha) de prairies de marais, situées en bordure d’océan, à des altitudes guère supérieures au niveau de la mer. Des parcelles gorgées d’eau une partie de l’hiver, mais vite séchantes dès la fin du printemps avec une assez hypothétique repousse de fin d’été. « Mais rien de garanti. Mieux vaut ne pas compter dessus », souligne Manuel Roblin. Ces parcelles situées en zone Natura 2000 bénéficient de ce fait d’une mesure agroenvironnementale. Quelques hectares sont récoltés en foin mais ne peuvent être fauchés avant le 1er juin. « Il n’y a en fait guère que deux mois dans l’année au cours desquels les animaux peuvent y pâturer dans de bonnes conditions. »

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La ration hivernale des femelles d’élevage (vaches et génisses les plus âgées) repose essentiellement sur l’ensilage d’herbe et le foin. Les génisses d’1 an ont une ration autonome associant ensilage de maïs et enrubannage de luzerne qui permet d’obtenir de bons GMQ (800 à 900 g) en phase avec l’objectif de développer la part du vêlage à deux ans et permettant ainsi de cantonner les achats de concentrés pour les seuls animaux à l’engraissement et les veaux.

L’ensilage de maïs, autre donnée clé du système fourrager est essentiellement utilisé pour l’engraissement. « Le rendement du maïs non irrigué est très hétérogène et oscille selon les années entre 6 et 13 tMS/ha. Je sème 25 à 30 hectares de maïs par an. L’an dernier, j’en ai ensilé 14 hectares, mais il en faut souvent une vingtaine pour remplir le silo." En 2019 la quasi-totalité des surfaces ont d’ailleurs dû être ensilées. « L’évolution du climat devient une vraie problématique sur notre zone. »

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L’élevage s’est d’ailleurs engagé avec Bovins croissance Sèvres Vendée conseils dans la démarche Bas carbone Pays de la Loire, afin d’évaluer les émissions de GES de l’exploitation et trouver des pistes pour les réduire. Depuis peu, la possibilité d’avoir accès à une moyenne de 20 000 m3 pour irriguer permet de passer le cap des 125 quintaux sur quelques hectares et de disposer d’autant de grain supplémentaire pour compléter les rations d’engraissement, lesquelles reposent sur une classique association ensilage de maïs, foin de prairie ou de luzerne, maïs grain concassé et tourteau de colza. L’essentiel des céréales à paille (34 ha de blé tendre et 4 ha de blé dur) sont vendues.

Rajeunir l’âge au premier vêlage

La conduite du troupeau est bien cadrée. Toutes les génisses et quelques vaches sont inséminées. La plupart des femelles en vêlage de fin d’hiver (du 15 janvier au 15 mars) sont en monte naturelle. Le principal point faible est lié à un taux de mortalité de 10 % qui peine à être compensé par les cinq à six paires de jumeaux par an. Certaines vaches pèchent également par leurs aptitudes laitières avec de ce fait la volonté de mettre à la reproduction davantage de génisses pour affiner la sélection.

Pour les années à venir, il n’est pas envisagé d’évolutions majeures. « Tout ce qui était labourable a déjà été labouré ! » Pas question non plus d’augmenter le cheptel. « Je suis seul sur l’exploitation. Je ne vais pas me dédoubler ! » L’ambition est davantage de faire progresser la conduite d’élevage en rajeunissant — au moins pour une partie des génisses — l’âge au premier vêlage qui dans l’idéal passerait à 2 ans et non 30 mois.

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La mortalité des veaux concerne principalement ceux nés en fin d’hiver. « Mais il n’est pas envisageable de faire 100 % de vêlages de fin d’été faute de place dans les bâtiments », précise Manuel Roblin. Avoir des vaches qui vêlent en hiver est aussi un atout pour leur faire prolonger la saison de pâturage en leur faisant bien utiliser toutes les repousses. Du moins lorsqu’il y en a ! Ce serait difficile à envisager avec 100 % de vêlages d’automne avec la nécessité de conforter les stocks en rentrant plus tôt la totalité des animaux. Une part de vêlage d’hiver va aussi dans le sens d’un meilleur taux de remplissage dans le bâtiment d’engraissement tout au long de l’année et constitue un atout pour étaler les mises en marché de bétail fini.

Manuel Roblin envisage un léger réajustement du cheptel. « Avec les évolutions du climat, 75 vaches sur une exploitation comme la mienne c’est un peu trop. Ajuster à 70 vêlages est plus en phase avec ma production fourragère et la surface disponible en bâtiments en cherchant aussi à réduire les problèmes sanitaires sur les veaux. Faire vêler mes génisses un peu plus tôt avec 45 vêlages de fin d’été et 25 en hiver me semble un bon compromis. »

 

 
 

Fanny Glumineau, technicienne à Bovins croissance Sèvre Vendée conseil

« Les systèmes autonomes sont les plus rémunérateurs »

« Le coût de l’alimentation achetée est de 29 euros/100 kg vif et concerne avant tout les tourteaux. Cela se traduit par une quantité de concentrés consommés de 564 kg/UGB dont 41 % produits (soit 332 kg/UGB achetés) contre une moyenne de 660 kg pour la moyenne de groupe des Pays de la Loire, pour des systèmes de production équivalents. Nous avons observé que ce sont les systèmes autonomes qui sont les plus rémunérateurs. Ces dernières années, les systèmes très intensifs voient leur rémunération se dégrader (évolution du climat, hausse des coûts de production…) alors même qu’ils sont plus gourmands en temps de travail et en coûts de mécanisation. D’ailleurs, la synthèse régionale des 'Coûprod' nous a démontré que produire plus ne veut pas forcément dire gagner plus ! En naisseur engraisseur charolais, l’optimum se situe autour de 75 vêlages par UMO. Au-delà, les coûts de production augmentent et la productivité du cheptel peut en pâtir. »

Maximiser la productivité numérique et contenir les coûts de production  

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